lundi 30 août 2010

Négociations : Netanyahu pose ses conditions

30/08/2010
À quatre jours de la reprise des négociations directes, Benjamin Netanyahu a insisté, hier, sur la reconnaissance d'Israël comme État juif, la stipulation, dans l'accord, de la fin du conflit et des arrangements de sécurité concrets. 
Pour Barack Obama, Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu, la reprise, le 2 septembre, du dialogue direct entre Palestiniens et Israéliens va donner le signal du lancement d'une véritable course contre la montre. Et pour cause, en se félicitant de la reprise du dialogue direct entre dirigeants israéliens et palestiniens, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a jugé possible que les principaux problèmes du conflit israélo-arabe soient réglés d'ici à un an.
Mais dès le 26 septembre, les négociations initiées à Washington passeront un test crucial. À cette date doit en effet expirer un moratoire de dix mois sur les constructions de colonies juives en Cisjordanie, voté en novembre par le gouvernement de Benjamin Netanyahu. Car, selon toute vraisemblance, Israël ne prolongera pas cette disposition et les négociateurs palestiniens ont prévenu qu'ils mettraient un terme aux pourparlers directs si jamais l'État juif poursuivait ses activités de colonisation. Selon les analystes, le scénario le plus probable serait un assouplissement du moratoire voté à l'hiver 2009, qui permettrait alors au gouvernement israélien d'autoriser la construction de colonies en Cisjordanie.
Si M. Netanyahu doit donner le change lors des négociations avec ses interlocuteurs palestiniens, le principal risque pour lui est de voir s'effriter sa coalition qui montre déjà des signes de fragilité et s'éloigner ses partenaires du gouvernement très ancrés à droite, favorables à la cause des colons juifs.
Côté palestinien, un compromis sur la colonisation serait difficilement acceptable pour Mahmoud Abbas, étant donné sa situation délicate sur le plan intérieur, où sa légitimité est contestée par une partie des Palestiniens. Le 25 janvier, le mandat de Mahmoud Abbas à la tête de l'Autorité palestinienne a expiré. Et pourtant, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) l'a prolongé dans ses fonctions de manière indéfinie, en justifiant cette disposition exceptionnelle par l'impossibilité selon elle d'organiser de nouvelles élections. Les rivalités entre le parti de Abbas, le Fateh, et les partisans du Hamas empêchent en effet tout dialogue depuis cette date entre les deux mouvements palestiniens. Conséquence de cette fracture au sein de la société palestinienne, M. Abbas n'a jamais disposé d'une assise suffisante ces trois dernières années pour être en position de force en vue de la négociation d'un accord de paix. Dernier protagoniste majeur des négociations de Washington, Barack Obama, hôte du sommet, a de son côté déjà un œil sur les élections de mi-mandat du 2 novembre, où il pourrait perdre la majorité à la Chambre des représentants et subir des pertes importantes au Sénat. En cas de mauvais résultats, ceux-ci pourraient influer sur une éventuelle candidature à sa propre réélection, en 2012. Mais selon un ancien ambassadeur américain en Israël et en Égypte, Daniel Kurtzer, les efforts déployés par le chef de l'administration américaine montrent que Barack Obama n'est pas dans une logique « de calcul à court terme, mais plutôt dans une stratégie plus globale ».
Pour l'ancien diplomate, aujourd'hui professeur à l'université de Princetown, M. Obama semble avoir choisi lui-même cet emploi du temps resserré dans les négociations au Proche-Orient, « ce qui suggère qu'il est prêt à ce que cela empiète sur sa campagne ».