mardi 15 juin 2010

Turcs et Palestiniens fustigent la création de la commission d’enquête israélienne

15/06/2010
Alors qu’Israël est critiqué de toute part sur son blocus contre 
la bande de Gaza, à Jaffa, des protestataires antisionistes manifestent 
contre les violations des droits de l’homme par l’État hébreu. Jack 
Guez/AFP
Alors qu’Israël est critiqué de toute part sur son blocus contre la bande de Gaza, à Jaffa, des protestataires antisionistes manifestent contre les violations des droits de l’homme par l’État hébreu. Jack Guez/AFP
Alors que le gouvernement israélien a entériné la création d'une « commission publique indépendante », avec observateurs étrangers, pour enquêter sur l'assaut meurtrier contre la « flottille de la liberté », Ankara a estimé que « toute enquête menée unilatéralement par Israël n'aura aucune valeur », tandis que Mahmoud Abbas a jugé que le format ne « correspond pas » à celui proposé par le Conseil de sécurité. 
Les pays européens ont indiqué hier avoir reçu des indications sur un assouplissement rapide du blocus « inacceptable » de Gaza par Israël et se sont dit prêts à aider à un nouveau mécanisme de contrôle des marchandises en transit vers ce territoire palestinien. Réunis hier à Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont adopté un texte qui prône l'ouverture des points de passage vers Gaza pour acheminer tous les biens dont manquent ses habitants. Il faut permettre aux gens de Gaza « d'obtenir ce dont ils ont besoin », a déclaré la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton.
L'envoyé spécial du quartette sur le Proche-Orient (États-Unis, Union européenne, Russie, ONU), Tony Blair, qui participait à cette réunion, a émis l'espoir qu'Israël assouplisse le blocus de Gaza « dans les prochains jours ». M. Blair a rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à trois reprises au cours des dix derniers jours. Il a ajouté avoir obtenu « un accord de principe » des autorités israéliennes pour un assouplissement. Les Israéliens « maintiendront le blocus en ce qui concerne les armes et le matériel de combat mais ils sont prêts à laisser passer les marchandises qui sont nécessaires pour la vie de tous les jours », a-t-il indiqué.
Les Européens souhaitent aussi que les autorités israéliennes publient une liste des produits dont le transit vers Gaza serait interdit, comme les armes ou explosifs. De facto, tous les produits qui ne seraient pas sur cette liste seront autorisés.
Parallèlement à sa demande d'assouplir le blocus, l'UE a également insisté sur la nécessité d'assurer la sécurité d'Israël. Les Européens ont notamment « déploré » les tirs de roquettes depuis le territoire contrôlé par le Hamas. Le mouvement islamiste a pour sa part réclamé une levée totale du blocus, et pas seulement un allègement, et accusé Israël de tenter d'échapper aux pressions internationales. « La communauté internationale devrait exiger la levée totale du blocus de Gaza et ne pas permettre à Israël d'échapper à la responsabilité de ses crimes », a ajouté Fawzi Barhoum, un porte-parole du Hamas.
La pression sur Israël n'a cessé de croître depuis l'arraisonnement musclé, le 31 mai, d'un bateau affrété par des organisations pro-palestiniennes et chargé d'aide humanitaire. Neuf personnes ont perdu la vie au cours de cet accrochage dans les eaux internationales, qui a suscité une réprobation générale. Dans son texte, l'UE a d'ailleurs réitéré sa condamnation. Les Européens ont de nouveau souhaité une enquête « impartiale » pour faire la lumière sur cet incident. Cette enquête devrait inclure une « participation internationale crédible », a affirmé l'UE.
Le gouvernement israélien semble avoir fait un pas dans cette direction en approuvant hier la création d'une « commission publique indépendante », avec la participation de deux observateurs étrangers, pour enquêter sur le raid.
Mais si le Canada, Washington et Paris ont salué l'annonce israélienne - les États-Unis ont évoqué une « avancée importante » -, la Turquie, elle, a rétorqué : « Toute enquête menée unilatéralement par Israël n'aura pour nous aucune valeur. » « Nous n'avons pas du tout confiance dans le fait qu'Israël, un pays qui a perpétré une telle attaque sur un convoi civil dans les eaux internationales, mènera une enquête impartiale », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. Ankara insiste sur la création d'une commission d'enquête « sous le contrôle direct des Nations unies », avec la participation de la Turquie et d'Israël.
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a également jugé que le format de la commission israélienne ne « correspond pas » à celui proposé par le Conseil de sécurité de l'ONU.
Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a lui aussi émis des réserves en soulignant que l'appel pour une enquête internationale restait « sur la table » et que le secrétaire général espérait « une réponse israélienne positive ». Les autorités israéliennes ont catégoriquement rejeté le principe d'une mission internationale.
Un navire iranien a appareillé pour Gaza
Par ailleurs, un navire iranien transportant de l'aide humanitaire a appareillé dimanche pour la bande de Gaza, a rapporté hier la radio d'État iranienne. Un autre bateau prendra la mer d'ici à vendredi, chargé de vivres, de matériaux de construction et de jouets, a-t-elle ajouté. Un responsable des gardiens de la révolution avait annoncé la semaine dernière que les navires humanitaires iraniens vers Gaza seraient escortés par des bâtiments de guerre si l'ayatollah Ali Khamenei, numéro un du régime, en donnait l'ordre. Mais le numéro deux de la force d'élite iranienne, Hossein Salami, a déclaré que de telles escortes n'étaient pas prévues.