vendredi 12 mars 2010

Israël s’efforce de raccommoder ses relations avec Washington

12/03/2010
Les travaillistes, dirigé par l’influent ministre de la Défense 
Ehud Barak (à gauche), menacent de lâcher Benjamin Netanyahu. Le 
vice-président américain Joe Biden (à droite) s’est rendu en Jordanie 
hier soir. Ronen Zvulun/Reuters
Les travaillistes, dirigé par l’influent ministre de la Défense Ehud Barak (à gauche), menacent de lâcher Benjamin Netanyahu. Le vice-président américain Joe Biden (à droite) s’est rendu en Jordanie hier soir. Ronen Zvulun/Reuters
Netanyahu présente ses « regrets » à Biden après l'annonce de la construction de nouveaux logements à Jérusalem-Est.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est efforcé hier de raccommoder les relations avec son allié américain après l'annonce, mardi, par Israël, d'un projet de construction de 1 600 logements à Ramat Shlomo, un quartier juif orthodoxe dans le secteur de Jérusalem-Est, dont l'annexion par Israël en 1967 n'est pas reconnue par la communauté internationale. Une annonce qui avait suscité un tollé international et intervenait en pleine visite officielle de Joe Biden en israël et dans les territoires palestiniens.
Devant les protestations soulevées par ce projet immobilier, en particulier de Washington, M. Netanyahu a présenté des « regrets » à Joe Biden. « À la lumière des divergences entre Israël et les Américains sur la construction à Jérusalem, le Premier ministre a indiqué qu'il n'y avait pas lieu de faire avancer le processus de planification urbaine cette semaine et il a ordonné au ministre de l'Intérieur de prendre les mesures adéquates pour éviter que de tels incidents se reproduisent », a indiqué un communiqué du bureau du Premier ministre. M. Netanyahu a également décrété « la fin » de cette crise avec Washington.
Le vice-président américain, qui avait accusé le gouvernement israélien de « saper la confiance nécessaire à des négociations fructueuses » avec les Palestiniens, a pris acte de la « clarification » de M. Netanyahu avant de quitter Israël pour la Jordanie en fin d'après-midi.
En revanche, l'Autorité palestinienne a rejeté les déclarations d'Israël et a réclamé à nouveau l'arrêt de la colonisation juive. « Le communiqué (israélien) est inacceptable parce qu'il parle d'une erreur de calendrier et non d'une erreur sur le fond, qui est la poursuite de la colonisation », a déclaré à l'AFP le négociateur palestinien Saëb Erakat.
La crise est d'autant plus aiguë que les États-Unis venaient d'arracher un accord pour des négociations indirectes entre Israéliens et Palestiniens via leur envoyé spécial George Mitchell. M. Abbas attend le retour du médiateur américain George Mitchell dans la région la semaine prochaine « pour qu'il nous dise que la décision (de construire à Jérusalem-Est) a été annulée, sinon il nous sera difficile de retourner à la table des négociations », a déclaré à l'AFP Saëb Erakat. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la Ligue arabe avait annoné qu'il n'y aurait pas de négociations directes ou indirectes entre Israël et les Palestiniens « sans un arrêt des mesures israéliennes prises » en vue de la construction de ces 1 600 logements. Hier soir, les États-Unis ont néanmoins affirmé qu'à leur connaissance « rien n'indique » un retrait des Palestiniens des négociations.
En Israël, l'affaire a également suscité de vives tensions au sein même de la coalition de M. Netanyahu. « Il est de plus en plus difficile pour nous, les travaillistes, de continuer à siéger dans ce gouvernement », a dit le ministre de l'Agriculture Shalom Simhon.
Hier, l'association anticolonisation israélienne Ir Amim a pour sa part accusé, dans un rapport, la mairie de Jérusalem de projeter la construction de 50 000 logements dans les quartiers de colonisation de l'est de la ville. Selon ce document, 20 000 logements seraient déjà dans un processus avancé d'autorisations alors que 30 000 autres ne seraient qu'à l'état de projet. La majorité des projets de construction à Jérusalem-Est, selon Ir Amin, une association qui milite pour « l'égalité entre les habitants juifs et arabes de la ville », seront situés dans les grands quartiers juifs existants. Dans un communiqué, la mairie a qualifié de « faux » les chiffres de l'ONG.