dimanche 7 mars 2010

Négociations : les Palestiniens ont reçu des garanties de Washington

publié le samedi 6 mars 2010
René Backmann

 
Les dirigeants de l’Autorité palestinienne ont reçu de l’administration américaine les assurances qu’ils attendaient pour participer aux « négociations indirectes » avec Israël. Selon des sources américaines et palestiniennes, l’administration Obama a fait parvenir à Mahmoud Abbas un document écrit dans lequel elle s’engage notamment à désigner le coupable éventuel d’un échec des négociations - si échec il y a.
Les Palestiniens fondent très peu d’espoir sur cette phase de négociations basée sur une navette de l’émissaire américain George Mitchell entre Ramallah et Jérusalem. Ils confient même qu’ils n’ont accepté d’y participer que pour démontrer leur volonté de négocier et ne pas fournir à Israël « un prétexte pour fuir ses responsabilités ». Mais ils réclamaient, depuis que l’idée de « négociations indirectes » avait été avancée par George Mitchell, un engagement clair de Washington à attribuer l’échec éventuel des pourparlers à ceux qui en seraient les responsables. Pourquoi ?
Parce qu’en juillet 2000, ils avaient été indignés par l’attitude de Bill Clinton, qui avait imputé l’échec des négociations de Camp David à Yasser Arafat seul, alors qu’elles étaient - pour le moins - partagées entre le président palestinien et le premier ministre israélien Ehoud Barak. Leur fureur était d’autant plus grande que quelques jours avant le sommet, l’un des négociateurs palestiniens, Ahmed Qorei (Abou Ala), à l’époque président du parlement, avait rencontré Bill Clinton et lui avait indiqué que les Palestiniens ne participaient à cette réunion que parce qu’il les avait invités, mais qu’ils n’avaient aucune illusion sur son issue, la partie israélienne n’ayant modifié en rien ses positions et n’ayant fait aucune ouverture.
« Clinton m’avait écouté et avait accepté ma requête de ne pas rendre Arafat responsable d’un possible échec. Et pourtant, à peine avions nous quitté Camp David , après le fiasco total du sommet, qu’il accusait Arafat de l’avoir fait capoter » avait, quelques mois plus ta rd, confié Ahmed Qorei à l’auteur de ces lignes.
Même si depuis juillet 2000 des historiens, des journalistes et même plusieurs anciens collaborateurs de Clinton ont rétabli la vérité sur cet épisode, ce « coup de poignard dans le dos », selon les mots d’un autre négociateur palestinien a laissé des traces durables et douloureuses.
On comprend, dans ces conditions, que la lettre de garanties adressée à Mahmoud Abbas ait été accueillie avec soulagement à Ramallah. On y trouve en effet des engagements très clairs. « Nous attendons des deux parties qu’elles agissent sérieusement et de bonne foi, indique le document. Si l’une des parties, à notre point de vue, ne répond pas à nos attentes, nous ferons connaître nos
Préoccupations et nous ferons ce qui doit être fait pour vaincre cet obstacle ». La lettre américaine précise que l’engagement américain consistera à participer à « l’échange de messages entre les parties et à présenter nos propres idées et nos propositions de compromis ».
« L’essentiel, pour nous, indique aussi le document, est la naissance d’un Etat palestinien viable, indépendant et souverain, doté d’un territoire contigu, qui mettra un terme à l’occupation commencée en 1967 ».
Sur la question brûlante des colonies, l’administration américaine rappelle son soutien à la Feuille de route, qui ordonne à Israël le gel de toute construction dans les colonies et le démantèlement des colonies sauvages construites depuis mars 2001.
En dépit de ces garanties américaines, les réserves, sur le mode de négociation et sur leur substance demeurent très vives chez les Palestiniens, sans parler de la position du Hamas, ouvertement hostile à ces pourparlers. Membre du Fatah et ancien « homme fort » de la bande de Gaza, Mohammed Dahlan a ouvertement pris ses distances.
Et vendredi, le ministre égyptien des affaires étrangères - membre du Comité de la Ligue arabe qui a donné son feu vert à Mahmoud Abbas pour reprendre les négociations - a déclaré qu’à ses yeux, les Palestiniens ne devraient pas entrer en discussion avec les Israéliens, compte tenu de la décision annoncée par Benjamin Netanyahou d’ajouter à la liste des sites historiques israéliens deux « Lieux saints » de Cisjordanie : le Tombeau de Rachel et le Caveau des Patriarches.
Dénoncée par l’autorité palestinienne comme une « annexion » de fait, cette initiative du premier ministre israélien a provoqué, depuis qu’elle a été rendue publique une cascade de manifestations. Celle de cet après midi, sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem, où la police israélienne est entrée en force a fait 15 blessés parmi les policiers et plusieurs dizaines parmi les manifestants. [1]
[1] De nouveaux affrontements ont éclaté vendredi entre fidèles musulmans et police israélienne sur l’Esplanade des mosquées, le lieu le plus conflictuel de la Vieille ville de Jérusalem, faisant au moins un blessé grave.Selon la police israélienne, des fidèles sortant de la grande prière du vendredi à la mosquée Al-Aqsa ont commencé à jeter des pierres sur les forces de l’ordre et les juifs en train de prier au Mur des lamentations, juste en contrebas de l’esplanade.
Une Palestinienne, touchée à la tête par une balle en caoutchouc, a été hospitalisée dans un état grave, a annoncé Ron Krumer, porte-parole de d’hôpital Hadassah de Jérusalem. En tout, selon les ambulanciers palestiniens, 13 personnes ont été blessées.
Selon Najeh Btirat, un des responsables du Waqf, le sermon de la grande prière du vendredi avait eu pour thème la nécessaire protection des sites religieux musulmans des visées de l’Etat hébreu. Dès après le sermon, environ 300 jeunes se sont mis à lancer des pierres sur la police.
Selon le porte-parole de la police de Jérusalem Shmuel Ben-Ruby, les forces anti-émeute stationnées aux alentours de l’Esplanade sont alors intervenues pour rétablir l’ordre.
D’autres fidèles sont ensuite intervenus pour tenter de faire baisser la tension et la police a fini par quitter les lieux, en coordination avec les religieux du Waqf, le fonds qui gère le lieu saint.
AP, relayé par Yahoo