samedi 18 décembre 2010

Le Hamas s’installe dans la durée à Gaza

18/12/2010
Pour le dirigeant et idéologue du Hamas à Gaza, Mahmoud Zahar, le mouvement a le temps pour lui. « Nous ne sommes pas pressés d'acheter ou de vendre notre intérêt national parce que nous ne traficotons pas sur ce genre de marché », explique à l'AFP le Dr Zahar, 66 ans, considéré comme le leader le plus influent du Hamas à Gaza. « Le temps n'a aucune importance quand on ne le gaspille pas. Il y a un proverbe qui dit : "Le temps guérit tout" », résume ce chirurgien de profession, féru d'histoire - il écrit des essais et des scripts de cinéma -, sûr de la victoire ultime des islamistes palestiniens sur Israël.
Pourtant, le Hamas reste un paria de la communauté internationale, recensé comme une « organisation terroriste » par les États-Unis et l'Union européenne qui refusent de lui parler officiellement. « L'Amérique n'est pas notre Dieu, elle ne sert pas nos intérêts », rétorque-t-il. « On me dit depuis cinq ans qu'il est impossible de rester isolé et que nous ne survivrons pas plus de deux mois. Cinq ans ont passé et nous avons survécu. Nous avons subi deux guerres (2006 et 2008/2009) et nous sommes toujours là. C'est la preuve que nous pouvons durer, tenir et gagner », affirme M. Zahar. « Nous reconstruisons partout. Pour la première fois, nous enregistrons un vrai progrès dans différents domaines. Au moins, donnons-nous un bon exemple d'administration non corrompue », dit-il, en fustigeant l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas qui administre les zones autonomes palestiniennes de Cisjordanie occupée. Le Hamas a pris le pouvoir à Gaza en juin 2007 en chassant par un coup de force son rival, le Fateh laïc de M. Abbas, qu'il accuse de corruption et de collaboration avec Israël.
Issu des Frères musulmans, le Hamas est farouchement hostile aux négociations avec Israël, qu'il n'est pas question de reconnaître pour M. Zahar. « Nous ne sommes pas des mendiants ici. Je ne mendie pas. Personne ne nous fera don d'un État », insiste-t-il. Pour autant, le Hamas est-il prêt à rompre la trêve qu'il observe depuis la fin, en janvier 2009, de l'opération militaire israélienne pour stopper les tirs de roquettes palestiniennes de Gaza ? « Cela dépend d'Israël. Mais la priorité est de reconstruire ce qui a été détruit par Israël, les maisons, les hôpitaux, les écoles », répète le dirigeant islamiste qui reçoit dans un vaste salon, au coin duquel est garée en permanence une Mercedes prête à démarrer en cas d'attaque israélienne.