lundi 18 octobre 2010

Obama et Israël, premières leçons d’un fiasco

publié le dimanche 17 octobre 2010
Gilles Paris

 
Obama a-t-il eu tort ou raison de focaliser son intervention sur la colonisation israélienne en Palestine ? A-t-il les moyens de sa politique ?
Les autorités israéliennes viennent de porter un deuxième coup de pelle au moratoire partiel de la colonisation venu à expiration le 26 septembre, dont la prolongation est tenue comme une condition sine qua non, aux yeux des Palestiniens et d’une bonne partie de la communauté internationale, pour la poursuite des discussions directes ouvertes le 2 septembre. Le 26 septembre, les colons avaient repris l’initiative en faisant spectaculairement tourner les bétonnières (un potentiel de 2 000 constructions selon l’organisation pacifiste Shalom Arshav).
Le 15 octobre, c’est le gouvernement lui-même qui vient d’accorder 240 unités de logements supplémentaires à Jérusalem-Est, quelques jours seulement après le passage des ministres des affaires étrangères espagnols et français venus plaider pour la retenue avec le succès que l’on découvre. Ce qui ne va pas conduire les Palestiniens à la mansuétude.
Pourquoi un tel fiasco qui, par sa rapidité, mérite d’entrer dans les annales diplomatiques au Proche-Orient ? L’explication la plus souvent entendue jusqu’à présent est la suivante : Barack Obama a commis une erreur majeure en durcissant le ton et en se focalisant sur la colonisation, un terrain sur lequel il ne pouvait pas attendre de résultats de la part d’un gouvernement israélien qui compte parmi les plus à droite de son histoire.
Laea Friedman, lobbyiste du groupe American for Peace now, propose sur le site de Foreign Policy une autre grille de lecture :
Selon elle, Barack Obama a au contraire vu juste en visant la colonisation, d’autant qu’à sa demande un gouvernement de droite a pour la première fois accepté l’idée d’un gel partiel, sans que cela ne crée de grands tumultes (la coalition est restée intacte) et sans que le Congrès américain, toujours très favorable à Israël, ne s’oppose frontalement au président . Où réside alors la faille ? Dans l’incapacité pour Barack Obama, assure Laura Friedman, de se donner les moyens de sa politique :
“The irony is that the Obama administration allowed itself to be sucked (or suckered) into paying the political price for pressuring Israel without ever actually applying the kind of real pressure necessary to achieve the president’s declared goal. So in the end the Obama administration lost twice — it took the hit for being tough on Israel, even when it wasn’t being tough at all, and it took the even bigger hit for laying out a goal and creating an expectation that it was not prepared to meet.”
On en vient à ce qui est toujours agité par les milieux pro-palestiniens mais qui reste dans l’angle mort de la diplomatie internationale : les pressions sur Israël, un outil jugé indispensable.
publié sur le blog du Monde "Guerre ou Paix"
Intro : CL, Afps