lundi 18 octobre 2010

La saison du vol des olives en Palestine

publié le dimanche 17 octobre 2010

Afp

 
En Cisjordanie, la saison de la cueillette des olives a commencé et les vols et incidents liés à la présence des colons posent problèmes, comme chaque année.
Un épais nuage noir se dégage de l’oliveraie. Sous le regard de soldats israéliens, des paysans palestiniens s’efforcent d’étouffer à coup de branchages les feux allumés par des colons. La saison de la cueillette des olives en Cisjordanie a commencé.
Les incendiaires sont descendus de la colonie "sauvage" de Havat Gilad, une couronne de barbelés posée sur une colline du nord de la Cisjordanie, dominant les coteaux plantés d’oliviers et des villages palestiniens.
"Nous étions en train de ramasser les olives ce matin lorsque les colons sont arrivés. Un d’entre eux a mis le feu", explique Shaher Tawil, un cultivateur, en désignant à quelques dizaines de mètres, derrière un barrage de l’armée israélienne, un homme barbu en T-shirt portant kippa.
"Quand on a vu les flammes, nous avons appelé les pompiers, mais l’armée les a empêchés d’approcher pour éviter des heurts avec les colons", s’insurge le vieux paysan.
Visiblement embarrassés, les jeunes fantassins israéliens, engoncés dans leurs uniformes sous le cagnard de midi, finissent par laisser passer le camion de pompiers, au bout d’une heure, lorsque les flammes avivées par le vent repartent de plus belle. Les foyers sont éteints sous la protection de l’armée.
Une terre de droit divin
Selon Shaher, la semaine dernière, les colons de Havat Galad ont cueilli les fruits de 800 oliviers appartenant à sa famille. "Chaque année, ils nous volent nos olives, brûlent nos oliviers".
Sur ces terres se sont installés les colons les plus intransigeants qui disent avoir reçu de Dieu la Samarie - nom biblique de la région. Ils ne prononcent jamais le mot de "Palestiniens", mais parlent d’"Arabes".
Pour un de leurs maîtres à penser, feu le rabbin Mordehai Elyahou, pas de doute : "Cette terre est l’héritage du peuple d’Israël. Si un gentil (non-juif) plante un arbre sur ma terre, l’arbre et son fruit sont à moi".
Des heurts à répétition
Quelques heures auparavant, à Azmout, près de Naplouse, un groupe de colons de l’implantation d’Elon Moreh, à quatre kilomètres de là, avaient chassé des ramasseurs d’olives palestiniens en tirant des coups de feu en l’air, selon des témoins. Les colons affirment avoir été attaqués les premiers.
"Nous avions commencé la cueillette à sept heures du matin. Nous prenions le petit déjeuner, à neuf heures, lorsqu’ils sont arrivés, une dizaine, avec des sortes de mitraillettes", raconte Pauline Maréchal, une Française de 57 ans.
"Ils ont commencé à tirer en l’air. Les enfants criaient, pleuraient. Les colons hurlaient "out", "out", "dehors", dehors", témoigne cette militante de l’association pro-palestinienne Darna, débarquée la veille au village pour aider à la récolte comme chaque saison.
"Tous les ans, c’est la même chose. Ils viennent voler les olives, les échelles (pour grimper aux oliviers), les théières (pour la pause)", raconte-t-elle.
Les olives, une source de revenus essentielle
Selon l’organisation humanitaire Oxfam, la présence de nombreuses implantations israéliennes en Cisjordanie - illégales pour la communauté internationale - et les actes de violence répétés des colons contre les paysans palestiniens sont un des obstacles au développement du secteur de l’olive, un pilier de l’agriculture palestinienne.
Dans un rapport publié vendredi, premier jour officiel de la cueillette, Oxfam souligne que les dix millions d’oliviers de Cisjordanie rapportent jusqu’à 100 millions de dollars par an aux 100 000 cultivateurs d’olives palestiniens.
L’armée israélienne assure faire tout son possible pour protéger les agriculteurs palestiniens de ces agressions.
Cette fois-ci, ces incidents - très fréquents pendant la saison des olives en automne - n’ont fait aucun blessé. La police n’a procédé à aucune arrestation.