mardi 24 août 2010

Résistance populaire face au mur à Al-Walaja

publié le mardi 24 août 2010
PNN

 
Vendredi 20 août, plus de cinquante militants internationaux et israéliens manifestaient avec les habitants du village de Al-Walaja, contre la construction du mur et la politique israélienne de confiscation des territoires palestiniens.
Al-Walaja est situé entre Beit Jala et Jérusalem, à côté des colonies de Gilo et Har Gilo. L’histoire de ce village est fortement lié au conflit israélo-palestinien. En 1948 durant la Nakba, les habitants avaient du fuir leur maison face à l’avancée des soldats israéliens. La majeure partie de leur terre avait été confisquée, mais la Ligne Verte de 1949 leur a permis de reconstruire des habitations sur la partie du village accordée aux Palestiniens.
Après 1967, de nouvelles confiscations de terres ont lieu, et Al-Walaja voit sa superficie diminuée une nouvelle fois. Les terres volées par Israël furent inclues dans la municipalité de Jérusalem. Depuis 1967, le village est sans cesse soumis aux violences israéliennes, démolitions de maisons, colonisation, arrestations... Al-Walaja équivaut aujourd’hui à un tiers de sa surface initiale. Mais la construction du mur en cours pourrait priver encore plus d’habitants de l’accès à leurs terres.
Le mois d’avril dernier, des bulldozers étaient venus préparés le terrain pour la reprise de la construction du mur. Le plan établit par Israël est d’enfermer complètement le village, à l’exception d’une seule entrée/sortie, qui mènerait vers à Beit Jala via un tunnel. Les villageois attendent une réponse de la Haute Cour israélienne, qui a demandé à l’Etat le 25 juillet dernier de définir l’emplacement réel du mur, pour statuer sur sa légitimité. Cependant, alors que les habitants attendent une réponse définitive, les travaux se sont accélérés, et la construction du mur pourrait être achevée avant même que la cour rende sa décision. L’édification du mur rendrait de facto impossible un quelconque retour en arrière.
Al-Walaja fait partie de ces villages qui organisent chaque semaine une manifestation non-violente. Après la prière du midi, les manifestants se dirigent vers la partie achevée du mur. La manifestation de la semaine précédente ayant été violemment réprimée, les organisateurs ont décidé cette fois de garder une distance de sécurité pour éviter un affrontement direct avec la police des frontières et l’armée. Devant le mur, les militants jouent du tambour et dressent vers le haut du mur une marionnette aux couleurs de la Palestine. Au loin des militaires surveillent la manifestation, mais n’interviendront pas cette fois ci.
La manifestation se termine avec un meeting à la mairie de Al-Walaja. Shareen, ex-membre du conseil municipal, explique aux militants la situation difficile du village. D’ici le 10 septembre, la cour devrait décidée d’un éventuel changement de trajectoire du mur. Mais elle a peu confiance dans la décision de la cour. Elle explique également que, selon l’actuel plan de construction, le mur pourrait passer à cinq mètres de certaines maisons. Deux maisons seront prises entre trois murs et une maison sera même complètement enfermée, et ses habitants devront passer par des portes tournantes pour entrer ou sortir de chez eux.
De nombreux activistes se réunissent chaque semaine à Al-Walaja, en solidarité avec les habitants, dont plusieurs militants israéliens. Yotam, l’un d’entre eux, explique que en plus des manifestations, ils participent à l’organisation d’autres formes de lutte. Ils réalisent plusieurs ateliers avec les enfants du village, de musique ou de construction de marionnettes. Des projets d’information et de sensibilisation sont également mis en place, pour sensibiliser les israéliens à la cause des villageois ? Parfois, des actions coup de poings sont réalisés, comme par exemple s’enchainer à des bulldozers pour résister à la confiscation des terres.