mardi 24 août 2010

Israël-Palestine : les « sceptiques » ont de beaux jours devant eux

publié le mardi 24 août 2010
Walid Salem
 
Reprise des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens sous pression d’Obama : "si l’on débarque de Mars et qu’on tombe sur cette excellente nouvelle, on a toutes les raisons de se réjouir en voyant les hommes, qui peuplent cette Terre, tendre aussi fort vers la paix."
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a promis « d’étonner les sceptiques » qui doutent que les négociations directes avec les Palestiniens, censées reprendre le 2 septembre, puissent parvenir à des accords de paix :
« Je peux comprendre les sceptiques. Mais nous avons bien l’intention de les étonner, à condition d’avoir un partenaire sérieux [dans la négociation]. »
Il a réaffirmé par ailleurs qu’un tel accord devait être fondé « sur des arrangements de sécurité » satisfaisants pour Israël, sur la reconnaissance par les Palestiniens d’Israël « comme Etat du peuple juif », et mettre un « point final au conflit ».
Dès l’annonce, vendredi à Washington, par la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton de la reprise des négociations directes, Benjamin Netanyahou s’était félicité que l’invitation ait été formulée « sans conditions préalables », alors que les Palestiniens avaient réclamé un gel de la colonisation.
La reprise des pourparlers pourrait donner de l’espoir, et pourrait aussi apaiser ceux qui attendent une solution à ce conflit qui ronge la région depuis soixante ans. Le premier ministre israélien affiche une volonté de paix et nous attendons d’en face, qu’il y ait quelqu’un au rendez-vous, pour qu’ensemble, ils marchent vers ce « point final ».
Bien entendu, si l’on débarque de Mars et qu’on tombe sur cette excellente nouvelle, on a toutes les raisons de se réjouir en voyant les hommes, qui peuplent cette Terre, tendre aussi fort vers la paix.
Netanyahou anticipe un échec et cherche à se disculper
En cas d’échec, on sait déjà que Netanyahou expliquera à ces « sceptiques » -qui vont réclamer leur quart d’heure d’étonnement- que, hélas, il n’avait pas de « partenaire sérieux ». Eh oui ! Il a ouvert une porte pour nous étonner mais il en a aussi ouvert une autre pour ne rien se reprocher.
Il se réjouit que l’invitation ait été formulée « sans conditions préalables », alors même qu’ainsi, il en impose une insidieusement -qui servira davantage de prétexte que de base de négociation.
Et s’il n’y avait qu’une condition, on se serait contentés de sourire en se disant, enfin, que nous ne sommes pas nés de la dernière pluie.
Insidieusement encore, il y en a bien d’autres :
* Si les Palestiniens doivent s’assoir sur le gel de la colonisation, c’est que la colonisation doit continuer. Israël négocie donc à condition que cette colonisation ne soit pas interrompue [le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a déclaré que les négociations s’arrêteraient si la colonisation reprenait à l’issue de l’expiration du « gel » décrété par le gouvernement israélien, le 26 septembre, ndlr].
* Si les Palestiniens doivent accepter l’accord de paix, il faut qu’ils acceptent aussi qu’il soit fondé « sur des arrangements de sécurité » satisfaisants pour l’Etat d’Israël.
* Il faut aussi que les Palestiniens acceptent qu’Israël soit « l’Etat du peuple juif ».
Avouez qu’il y a là une sacrée liste de conditions ! Ceux qui voudraient absolument y croire vont peut-être trouver exagéré de voir tant de mal partout.
Si le mal n’est pas partout, tous les scénarios sont envisageables -même les pires, qui, hélas, sont plus courants dans ce conflit.
* Si l’accord doit être fondé « sur des arrangements de sécurité » satisfaisants pour l’Etat d’Israël, il pourrait également mentionner des arrangements de sécurité pour les (ou l’Etat) Palestinien(s). Juste pour le principe.
Sur le terrain, ces « arrangements de sécurité » ont déjà pris des formes effrayantes : blocus sur les territoires palestiniens, mur de protection… L’Etat palestinien ne devrait pas non plus être correctement armé, ne disposant pas de la liberté de ses frontières et encore moins d’un port et d’un aéroport dignes de ce nom.
Les organisations, comme le Hamas, continueront d’exister, armées par des réseaux clandestins, jusqu’à devenir plus fortes que l’Etat palestinien lui-même… et revenir à la case départ, c’est-à-dire décrédibiliser encore les représentant de l’Autorité palestinienne.
* Si les Palestiniens doivent accepter qu’Israël soit « l’Etat du peuple juif », il faudrait qu’Israël garantisse un traitement correct à ceux qui ne le sont pas ! Cette mesure ouvre la voie à l’expropriation, l’exil et la persécution des non-juifs. Il faudrait alors qu’Israël accepte de démanteler en retour ses colonisations.
Le cimetière musulman de Jérusalem-Ouest rasé
Ces pirouettes exécutées par Netanyahou font penser à une autre, passée honteusement inaperçue. Le 11 août pendant qu’il paradait avec ses vœux de bon ramadan aux musulmans, un ancien cimetière musulman à Jérusalem-Ouest a vu, la veille le 10 août, arriver des bulldozers israéliens qui ont rasé des dizaines de sépultures où plusieurs saints soufis sont enterrés.
Ce cimetière, dit Ma’man Allah, se situe sur un terrain où le centre Simon Wiesenthal pour la recherche des criminels nazis veut édifier un musée de la Tolérance.
La Cour suprême d’Israël, qui avait dans un premier temps ordonné de suspendre les travaux, entamés il y a plus de cinq ans, a finalement donné son feu vert à leur reprise en janvier 2009. Devant les protestations, un porte-parole de la police a indiqué qu’il allait examiner l’incident. Il en est où ?
publié par Rue89
Intro : C. Léostic, Afps