lundi 24 mai 2010

« Tournant 4 » : Netanyahu s’efforce de rassurer les voisins d’Israël

24/05/2010
Hariri critique vertement l'exercice de défense passive de l'État hébreu.
Israël a entamé hier un exercice de défense passive de cinq jours qui prévoit notamment des milliers de tirs de missiles contre son territoire depuis le Liban, la Syrie, la bande de Gaza et l'Iran.
L'exercice israélien baptisé « Tournant 4 » implique l'armée, la police, les services d'urgence, les collectivités locales et quelque 150 organismes gouvernementaux. « Tout le territoire national est concerné », a précisé le vice-ministre de la Défense Mathan Vilnaï, rappelant que c'est un événement annuel, le quatrième du genre depuis la guerre de juillet 2006.
Selon le scénario envisagé, des centaines d'ambulances, les pompiers et l'armée doivent notamment être confrontés à la situation créée par des attentats majeurs et des attaques de missiles, y compris à ogives non conventionnelles, contre les grands centres urbains d'Israël. Ces attaques devraient se produire simultanément avec une offensive contre son réseau informatique et de télécommunications. L'exercice atteindra son point culminant mercredi à 11h00 quand les sirènes d'alarme retentiront pendant une minute et demie sur l'ensemble du territoire pour appeler les Israéliens à descendre aux abris.
S'exprimant à la radio militaire, le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a déclaré : « Nous n'avons pas l'intention d'ouvrir les hostilités dans le Nord, nous nous préparons juste à répondre à toute attaque contre nous. »
Le Premier ministre, Saad Hariri, a critiqué samedi du Caire l'initiative israélienne, affirmant qu'elle contredisait les efforts de paix dans la région. « Israël doit se rendre à la table des négociations pour réaliser la paix, lancer maintenant des exercices militaires est en contradiction avec les efforts de paix », a-t-il dit.
Mais c'est le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui s'est le plus efforcé d'apaiser les craintes suscitées par cet exercice, qui coïncide avec le dixième anniversaire de son retrait du Liban, dans les pays voisins de l'État hébreu. « Il s'agit uniquement d'un exercice de routine planifié depuis très longtemps, qui ne résulte pas d'un quelconque développement sécuritaire exceptionnel », a-t-il ainsi déclaré au début de la séance hebdomadaire du gouvernement, selon la radio publique israélienne. « Israël veut la paix, le calme et la stabilité. La meilleure défense reste la dissuasion, et tout le monde sait que nous vivons dans une région constamment soumise aux menaces des missiles et des roquettes », a-t-il dit, en allusion aux rumeurs sur un transfert de Scud par la Syrie au Hezbollah.
Des rumeurs que le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, s'est employé à tourner en ridicule. « Qui peut penser une seconde que l'on peut faire passer en douce ou cacher un missile alors que les avions et autres satellites israéliens et américains dissèquent la région, sans oublier les forces allemandes qui aident le Liban à surveiller ses frontières ? » s'est-il interrogé.
« Même si nous avions offert ces missiles au Hezbollah, il les aurait refusés, parce qu'ils ne lui serviraient à rien dans cette guerre de fedayins qu'il mène », a ajouté le chef de la diplomatie syrienne. « Est-ce que l'État hébreu a arrêté de s'armer ? Est-ce qu'il a mis un terme à ses manœuvres et ses magouilles ? Pourquoi ce qui est permis à Israël est interdit aux Arabes ? » s'est-il encore demandé, accusant l'État hébreu de jouer la carte de la guerre « en se livrant à la sixième manœuvre militaire en cinq mois ».
Walid Moallem s'exprimait au cours d'une conférence de presse commune avec son homologue allemand Guido Westerwelle, qui s'est également entretenu avec le président syrien Bachar el-Assad, qui a refait part de son soutien « à toute décision ou toute mesure destinée à installer une paix juste et globale dans la région ».