samedi 10 avril 2010

Hariri stigmatise « le peu d’intérêt » manifesté par Israël pour une paix avec le monde arabe

10/04/2010
Le Premier ministre, Saad Hariri, prononçant son discours, lors 
d’un petit déjeuner à l’hôtel Ritz. Photo Dalati et Nohra
Le Premier ministre, Saad Hariri, prononçant son discours, lors d’un petit déjeuner à l’hôtel Ritz. Photo Dalati et Nohra
Saad Hariri et Miguel Angel Moratinos ont insisté sur la nécessité de faire progresser le processus de paix.
Au dernier jour de sa visite en Espagne, le Premier ministre Saad Hariri a été l'hôte d'honneur du Forum Nueva Economica, lors d'un petit déjeuner à l'hôtel Ritz, en présence du ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, du président du Forum, José Luis Rodriguez, de personnalités espagnoles et libanaises et d'hommes d'affaires des deux pays.
Miguel Angel Moratinos a salué les efforts de Saad Hariri « pour parvenir à une paix au Moyen-Orient » et noté qu'il appartient à cette nouvelle génération de politiciens au Moyen-Orient. Il l'a également félicité, estimant que le Liban est aujourd'hui « libre et prospère ».

Injustice infligée au peuple palestinien
M. Moratinos n'a pas manqué d'inviter le Liban à s'engager à « appliquer les résolutions du Conseil de sécurité », affirmant le soutien de l'Espagne, de la communauté internationale, des amis du Liban et de l'UE au Liban, qui « voudraient mettre un terme aux conflits inacceptables » de l'histoire du Liban.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères a insisté sur l'importance que revêt la préparation du sommet de l'Union pour la Méditerranée, qui débutera à Barcelone, en juin prochain. Il a jugé nécessaire de progresser au niveau du processus de paix, indiquant que le Premier ministre Hariri est « engagé et totalement prêt ». « Chacun doit assumer ses responsabilités, y compris Israël, a-t-il dit. Nous devons commencer à mettre en place une paix au Moyen-Orient et regarder l'avenir avec ambition. »
À son tour, Saad Hariri a mis l'accent sur « l'échec permanent à mettre un terme au conflit israélo-arabe et la grave injustice infligée au peuple palestinien tout au long de trois générations ». « Il s'agit là d'un élément-clé dans les menaces que constituent la prolifération des armes nucléaires et l'extrémisme », a-t-il observé. Évoquant le peu d'intérêt israélien à parvenir à une paix juste et globale avec le monde arabe, M. Hariri a dit que « chaque jour perdu »... est un encouragement à « l'ascension de nouveaux extrémistes ». Il a réitéré son soutien au droit au retour des Palestiniens, dans un État qui leur appartient avec Jérusalem pour capitale. « L'extrémisme est un sol fertile pour les terroristes et l'oppression est un sol fertile pour l'extrémisme », a-t-il ajouté avec insistance, tout en mettant l'accent sur la nécessité d'une solution globale au même titre qu'un leadership global. « Manquer de progresser sur la voie du processus de paix est une bombe à retardement... une bombe de destruction massive », a-t-il souligné. Et d'ajouter que « réussir à endiguer la prolifération nucléaire au Moyen-Orient est en grande partie tributaire de la mise en place d'une paix juste et globale pour les Palestiniens ».
Le Premier ministre libanais a toutefois tenu à faire part de son espoir, face aux efforts du président Obama et de l'administration américaine, qui « effectuent ce qui semble être une tentative sérieuse pour faire avancer le processus de paix d'une manière décisive et crédible ». Il a invité l'Union européenne à être « un partenaire actif des États-Unis pour mener le conflit israélo-arabe vers un dénouement ».

Relations Liban-Syrie
Répondant aux questions des journalistes, M. Hariri a rendu hommage à l'Espagne, grande amie du Liban, qui préside actuellement la Finul. « Le peuple libanais jouit aujourd'hui de la sécurité grâce à la Finul qui œuvre en étroite collaboration avec notre gouvernement », a-t-il dit. Il s'est demandé, concernant la volonté d'Israël de retarder la prise en charge du commandement de la Finul par le général Alberto Asarta, pourquoi Israël n'effectue aucune démarche au niveau du processus de paix. Et de rendre hommage au général Asarta qui est « à la tête de la Finul, en dépit de ce qu'Israël voulait initialement ». « Il jouit de grandes capacités et assume un excellent travail », a-t-il souligné.
Sur le plan des relations entre le Liban et la Syrie, Saad Hariri s'est dit engagé « à améliorer la relation avec la Syrie », « une relation difficile, lors de ces cinq dernières années ». « Je retournerai en Syrie très prochainement pour signer plusieurs accords de coopération dans différents secteurs », a-t-il affirmé. Le Premier ministre a évoqué sa rencontre avec le président Bachar el-Assad, précisant que la discussion sur la relation entre les deux pays a été « longue » et « franche ». « Nous sommes en passe d'édifier une nouvelle relation », a-t-il observé. « Certains points entre les deux nations sont délicats et très importants », a-t-il ajouté, estimant qu' « il y a plus de points communs que de points de différence ». M. Hariri a souligné « l'attitude positive » du président syrien dans ces entretiens et indiqué qu'ils allaient « lancer le projet de démarcation et de tracé des frontières entre le Liban et la Syrie ». Il a conclu en insistant sur sa priorité de sauvegarder l'unité de son gouvernement.
Par ailleurs, la Chambre de commerce et d'industrie espagnole et l'Union des entrepreneurs ont donné un déjeuner en l'honneur du Premier ministre. Ce dernier a, par la suite, visité le Sénat espagnol à Madrid, où il a été reçu par le chef du Sénat, Javier Rojo. Les deux responsables ont abordé divers sujets régionaux et internationaux. M. Hariri a enfin reçu en son lieu de résidence l'ancien haut représentant de l'UE pour la Politique extérieure, Javier Solana.