dimanche 21 mars 2010

Israël doit admettre que la paix a un prix

publié le samedi 20 mars 2010
Baudouin Loos

 
Conflit israélo-palestinien ... le nœud du problème gît dans l’occupation.
Les années s’écoulent et tout se passe comme si le conflit israélo-palestinien restait insoluble. Ces dernières décennies, seule la période dite d’« Oslo », de la signature des accords du même nom en 1993 à l’assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin en 1995, a offert un vent d’espoir. Sinon, la région a accumulé déceptions et bains de sang.
Il serait vain de nier la complexité du dossier et, donc, la difficulté de dresser la part exacte des responsabilités de chacun. Mais tout de même, le nœud du problème gît dans l’occupation. Le monde entier, Israël compris, reconnaît la nécessité de créer un État palestinien dans les territoires occupés. Mais les Israéliens n’ont toujours pas accepté le prix à payer pour la paix.
Ce constat se fonde sur une observation simple : depuis 1993, le nombre de colons juifs a plus que doublé dans les territoires supposés devenir l’État palestinien (territoires qui ne représentent que 22 % de la Palestine du mandat britannique). Pourquoi continuer à construire dans ces colonies au mépris du droit international et de l’esprit même de la paix que l’on dit chercher ?
Cette question demeure sans réponse, sauf à accréditer l’hypothèse qu’Israël ne cherche pas vraiment la paix. Si même les Américains et les Européens, longtemps bien complaisants avec Israël, se paient maintenant le luxe d’une tension non désirée avec ce pays, c’est que les choses sont allées trop loin [1]. Les horreurs de l’offensive israélienne sur Gaza, à l’hiver 2008-2009, restent dans les mémoires.
La dernière crise concerne Jérusalem. C’est l’un des points cruciaux à régler (avec le tracé des frontières et donc l’avenir des colonies, et aussi le sort des réfugiés palestiniens). Les Israéliens bâtissent à bon rythme dans la partie arabe de la ville sainte. Bill Clinton avait émis ses « paramètres » pour parvenir à la paix en décembre 2000. Il est sage de les considérer. Pour Jérusalem, il disait : les quartiers juifs seront la capitale d’Israël, les quartiers arabes celle de la Palestine. Mais la colonisation juive intensive de la partie palestinienne de la ville rendra un jour ce plan inapplicable, si ce n’est déjà le cas.
Oui, il y a un prix à la paix. Il est cher mais pas exorbitant. Israël doit s’en accommoder.
publié par le Soir
ajout de note : C. Léostic, Afps