vendredi 5 mars 2010

Damas accuse Israël d’avoir « largué » des particules d’uranium sur son sol

05/03/2010
La Syrie a indiqué hier qu'Israël pourrait avoir disséminé des particules d'uranium sur le sol syrien pour suggérer la présence d'un réacteur nucléaire, rapportent des diplomates présents à la réunion du conseil des gouverneurs de l'AIEA.
Damas a fermement démenti les informations des services secrets américains selon lesquelles un réacteur d'origine nord-coréenne, susceptible de produire du plutonium enrichi à usage militaire, était en cours d'achèvement sur son territoire avant que l'aviation israélienne ne le détruise en 2007.
Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, a apporté pour la première fois le mois dernier son soutien aux soupçons occidentaux, indiquant que des traces d'uranium découvertes lors d'une inspection en 2008 pouvaient trahir une activité nucléaire clandestine.
Selon Amano, la Syrie s'oppose toujours au réexamen par l'AIEA du site de Deir al-Zour et des particules relevées sur place après le raid aérien.
Lors d'un débat à huis clos du conseil des gouverneurs de l'AIEA, la Syrie a affirmé que les traces d'uranium provenaient des munitions utilisées par Israël pour détruire le site.
Mais l'inspecteur en chef de l'AIEA, Olli Heinonen, a jugé l'hypothèse hautement improbable compte tenu de la composition chimique, de la taille, de la forme et de la diffusion des traces, qui ne correspondent pas au type d'uranium parfois utilisé dans l'armement, ont rapporté des diplomates. Il y avait plutôt des traces d'uranium, qui après plusieurs traitements, peut être utilisé pour fabriquer de l'énergie nucléaire, a-t-il ajouté.
L'ambassadeur syrien Bassam al-Sabbagh a laissé entendre qu'Israël pourrait avoir contaminé le site avec des particules d'uranium pendant ou juste après l'attaque aérienne, ont rapporté des participants à la réunion. « L'AIEA devrait vérifier la nature du matériel laissé par Israël. Des avions survolaient le site et nous ne savons pas ce qu'ils faisaient tomber. Je ne parle pas seulement de minutions », a déclaré Sabbagh.
Des diplomates occidentaux ont récusé ses propos, les considérant comme une nouvelle tentative de Damas pour détourner l'enquête de l'AIEA sans aborder les inquiétudes de l'ONU et des pays occidentaux. « Cela fait partie de la défense peu solide de la Syrie », a commenté un diplomate de l'Union européenne qui a requis l'anonymat.
Interrogé sur le sujet, un haut diplomate de l'ONU a déclaré que la « meilleure solution serait de laisser l'AIEA prendre des échantillons des débris pour établir les faits, comme les rapports de l'AIEA sur le sujet l'ont indiqué ».
Sur un autre plan, l'Iran pourrait retirer son offre d'échange sur son territoire de son uranium faiblement enrichi contre du combustible à 20 % en cas d'« évolution » négative avec la communauté internationale, a déclaré hier son représentant auprès de l'AIEA Ali Asghar Soltanieh. « La proposition iranienne pour un échange simultané en territoire iranien de son uranium faiblement enrichi contre du combustible à 20 % est encore sur la table, mais elle ne le restera pas éternellement », a déclaré M. Soltanieh, cité par l'agence Mehr.
Il a ajouté que « toute évolution qui pourrait perturber le climat de coopération » aura pour résultat le retrait de cette proposition par l'Iran, en faisant allusion aux menaces de sanctions agitées de plus en plus par les pays occidentaux, mais aussi par la Russie.