mercredi 24 février 2010

Pas vu, pas pris, Israël satisfait du « coup » de Dubaï

publié le mardi 23 février 2010
Ouri Daniel
 
Alors que son opinion publique applaudit, le gouvernement israélien ne juge pas utile de démentir le rôle du Mossad dans la mort du responsable du Hamas.
Enregistrée par les caméras de surveillance de l’hôtel de Dubaï où a eu lieu l’assassinat, cette image montre deux hommes déguisés en joueurs de tennis qui s’apprêtent à prendre le même ascenseur que leur future victime, Mahmoud al-Mabhouh.
« Rien ne prouve qu’Israël est impliqué » dans l’assassinat de Mahmoud al-Mabhouh, le 20 janvier à Dubaï, affirme Avigdor Lieberman, chef de la diplomatie israélienne. Il n’a pas jugé utile de démentir qu’il s’agit d’une opération du Mossad, à laquelle son opinion applaudit ouvertement.
Pour elle, le cadre du Hamas est avant tout « un terroriste », qui se vantait il y a encore quelques semaines devant une caméra de télévision d’avoir tué de sang-froid deux soldats israéliens, en soulignant toutefois qu’« il ne s’agissait pas d’un acte d’héroïsme ».
Pragmatiquement, les médias israéliens ont souligné ces jours que le commando du Mossad a atteint « un objectif stratégique » en éliminant Al-Mabhouh, qui était responsable de l’acheminement des armes iraniennes jusqu’à la bande de Gaza. « Le Hamas aura du mal à le remplacer. Il est durablement déstabilisé », estime ainsi Yossi Melman, expert des services secrets du quotidien Haaretz. Et d’ajouter que le Hamas s’interroge en outre sur la présence éventuelle d’une taupe israélienne au plus haut niveau de sa hiérarchie, ce qui annonce peut-être une vague d’épurations.
Le premier ministre, Benyamin Netanyahou, a forcément donné son feu vert à l’opération, car les services secrets sont directement rattachés à son bureau [1]. Mais, au sein de la classe politique, personne ne lui a reproché les apparentes bavures constatées à Dubaï.
Le Mossad a très probablement pris en compte les risques encourus. Les caméras de surveillance sont devenues incontournables dans tous les aéroports et les grands hôtels des capitales mondiales. A plus forte raison à Dubaï, qui a la réputation de disposer de la police la plus sophistiquée du monde arabe.
Blason redoré
« Le jeu en valait la chandelle », estime Yédiot Aharonot, quotidien à gros tirage. Bref, pour la grande majorité des Israéliens, le Mossad a largement redoré son blason depuis la tentative avortée d’assassinat, en septembre 1997 à Amman, de Khaled Mechaal, le chef politique en exil du Hamas. A l’époque, Netanyahou était aussi aux commandes du pays, et cet échec avait contribué à sa réputation de personnage impulsif et irréfléchi, qui devait finalement lui coûter le pouvoir.
Aujourd’hui, le prix politique à payer semble mineur : les condamnations de principe des pays européens pour l’utilisation indue de passeports et l’usurpation d’identités de certains de leurs ressortissants [2]. « La belle affaire ! Comme si les services secrets des pays de l’UE n’en faisaient pas autant », écrit le journal Israël Hayom. Il souligne que ces services coopèrent étroitement avec leurs homologues israéliens, et ajoute que « seul le langage ampoulé du Quai d’Orsay permet de conclure qu’il faut d’urgence créer un Etat palestinien parce qu’un terroriste de la pire espèce a été abattu ». Sans états d’âme, un officiel estime que « l’affaire de Dubaï va très vite être oubliée, car les négociations de paix entre Israël et l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas vont bientôt reprendre ».
[1] voir aussi la Liberté d’Algérie

Assassinat d’al-Mabhouh du Hamas Les opérations du Mossad dépendent uniquement de Netanyahu

Par : R. I./Agences
Les opérations menées par le Mossad, le service de renseignements israélien, doivent obtenir l’aval du seul Premier ministre, a indiqué, hier, le ministre de l’Industrie, Binyamin Ben Eliezer, ancien titulaire du portefeuille de la Défense. “Tout dépend du Premier ministre. Il n’est pas obligé de rendre compte au gouvernement lorsque le chef du Mossad obtient l’autorisation d’agir. Le chef du gouvernement peut, s’il le veut, informer le ministre de la Défense, mais ce n’est pas une obligation”, a affirmé Ben Eliezer à la radio militaire.
Interrogé sur le point de savoir s’il avait été lui-même informé d’opérations du Mossad avant leur exécution lorsqu’il était ministre de la Défense (2001-2002), Ben Eliezer a précisé qu’Ariel Sharon, à l’époque chef du gouvernement, “m’a associé à tout” sans donner d’autres précisions. Ben Eliezer a par ailleurs maintenu le flou sur la responsabilité du Mossad dans le meurtre le mois dernier dans un hôtel de Dubaï d’un cadre du Hamas, Mahmoud Al-Mabhouh. “Je ne sais pas si c’est nous, mais l’important pour moi c’est le résultat”, s’est-il borné à dire. “Je ne crains pas les répercutions internationales. Personne ne s’attendait à ce que le monde réagisse calmement à un évènement aussi dramatique (...) C’est pourquoi il faut aller de l’avant, dans six mois plus personne n’en parlera, tout ira bien”, a ajouté Ben Eliezer.
Le chef de la police de Dubaï, Dhahi Khalfan, s’est dit jeudi “certain à 99%, sinon à 100% que le Mossad est derrière l’assassinat” pour lequel onze personnes détentrices de passeports européens sont recherchées. De leur côté, les médias israéliens ont laissé clairement entendre ces derniers jours que le Mossad était bien responsable de l’élimination d’Al-Mabhouh, un chef du bras armé du Hamas, impliqué dans le meurtre de deux soldats israéliens et considéré par Israël comme un maillon essentiel de la contrebande d’armes iraniennes à destination de la bande de Gaza.
Londres, Dublin, Paris et Berlin ont demandé des explications aux ambassadeurs d’Israël dans ces capitales sur les passeports de leurs pays, apparemment faux, dont étaient porteurs les membres présumés du commando. Au cours de l’interview, Ben Eliezer a révélé avoir utilisé dans le passé au moins une fois un faux passeport alors qu’il était colonel de l’armée. “C’est arrivé lorsque j’ai été envoyé au nom du ministère de la Défense rencontrer (le chef chrétien libanais) Bachir Gemayel à Beyrouth à la fin de 1975. Je me suis rendu complètement déguisé à Beyrouth, alors que j’étais colonel. On m’a amené à proximité des côtes libanaises et Danny Chamoun (fils de l’ex-président libanais Camille Chamoun) est venu me chercher pour m’amener voir Béchir Gemayel”, a raconté l’ex-ministre de la Défense. http://www.liberte-algerie.com/edit...
[2] voir aussi radio Canada :

Assassinat de Dubaï : L’UE en colère

Lors d’une réunion à Bruxelles lundi, les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Union européenne (UE) ont condamné « fermement » l’utilisation, par le commando qui a assassiné le cadre du Hamas à Dubaï le 20 janvier dernier, de passeports falsifiés de pays membres de l’UE et de cartes de crédits « obtenus en volant l’identité de citoyens européens ».
Le meurtre de Mahmoud Al-Mabhouh « soulève des questions qui sont profondément dérangeantes » pour l’Union européenne, indique un texte rendu public lundi.
Les ministres se sont gardés de viser directement la responsabilité d’Israël, plusieurs d’entre eux faisant valoir que rien n’était prouvé à ce jour. Cependant, ils estiment que cette opération « ne peut pas contribuer à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient ».
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a souligné par communiqué que « rien ne prouve qu’Israël est impliqué » dans le meurtre d’Al-Mabhouh.
« Si quelqu’un avait présenté de telles informations en dehors des articles de presse, nous aurions réagi, mais comme il n’y a pas de faits concrets, il n’y a aucun besoin de réagir », a -t-il ajouté.
Les autorités de Dubaï affirment être persuadées qu’il est l’oeuvre du Mossad, le service secret israélien.
Par ailleurs, le président français Nicolas Sarkozy a condamné « sans appel » « l’exécution » à Dubaï du responsable du Hamas, Mahmoud Al-Mabhouh.
« Ce ne sont pas des méthodes et rien ne peut justifier ces méthodes [...]. Ce genre d’événement ne peut qu’attiser les tensions et n’amène rien de positif. », a-t-il ajouté.
Le président français s’est exprimé sur cette affaire lors d’une conférence de presse à la suite d’une rencontre à Paris avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Dimanche, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a été montré du doigt par le Sunday Times de Londres pour avoir présumément donné le feu vert à l’assassinat de Mahmoud Al-Mabhouh.
Le journal précise que Benjamin Netanyahou a approuvé le projet d’assassinat lors d’une rencontre, début janvier, à Tel-Aviv, avec le chef du Mossad, les services secrets israéliens.
La police de l’Émirat attribue à « 99 %, voire à 100 % » ce meurtre à un commando du Mossad.
Interpol a publié des avis de recherche de 11 personnes qui seraient liées à cette opération. http://www.radio-canada.ca/nouvelle...
publié par 24heures
ajout de notes : C. Léostic, Afps