mercredi 17 février 2010

Le Mossad mis en accusation après l’assassinat d’un cadre militaire du Hamas à Dubaï

publié le mardi 16 février 2010
Le Monde avec AFP et Reuters

 
Le Mossad (les renseignements extérieurs israéliens) recrute à tour de bras pour ses opérations secrètes, assassinats en tous genres...
La presse israélienne suggère, mardi 16 février, que l’assassinat à Dubaï de Mahmoud Al-Mabhouh, un responsable militaire du Hamas, retrouvé mort dans un palace de Dubaï le 20 janvier, a été perpétré par les services secrets israéliens, le Mossad [1], après la diffusion d’une vidéo par la police de l’émirat. Mahmoud Al-Mabhouh a été l’un des artisans de la première Intifada, lancée en 1987, et il était soupçonné d’avoir organisé deux ans plus tard l’enlèvement de deux soldats israéliens.
"Nous n’excluons pas que le Mossad soit impliqué, mais nous saurons vraiment qui est derrière cette affaire quand nous aurons arrêté ces suspects. Nous n’avons pas encore lancé de mandats d’arrêt mais nous le ferons bientôt", a déclaré lundi aux journalistes le chef de la police de Dubaï, Dahi Khalfan Tamim. [2]
[1] sur les opérations secrètes criminelles du Mosssad voir Serge Dumont dans le Temps :

Le patron qui a redonné au Mossad sa fierté

Nommé il y a huit ans par Ariel Sharon à la tête des renseignements extérieurs, Meïr Dagan n’a aucune restriction budgétaire et bénéficie d’une large autonomie d’action
« Le superman d’Israël. » C’est en ces termes que le quotidien égyptien Al Ahram décrivait le 17 janvier Meïr Dagan, le tout-puissant directeur général du Mossad (les renseignements extérieurs israéliens). Ce compliment inhabituel dans un journal arabe n’est pas isolé. Il s’ajoute à ceux des commentateurs israéliens et anglo-saxons qui ont, ces derniers mois, transformé le Memouneh (le pseudonyme du patron du Mossad) en une icône vivante.
Rare longévité
Nommé en 2002 par Ariel Sharon, qui souhaitait se séparer d’Ephraïm Halevy – un espion jugé trop « diplomate » et pas suffisamment « barbouze », Meïr Dagan, 65 ans, a vu son mandat constamment prolongé depuis lors. Une performance inégalée dans l’histoire de l’Etat hébreu où les dirigeants du Mossad ne restent jamais plus de trois ou quatre ans en fonction.
Cette longévité professionnelle s’explique par les velléités iraniennes de se doter de l’arme nucléaire et par la montée de l’islam radical. Deux « menaces existentielles » pour les dirigeants de l’Etat hébreu. Et deux fronts pour le Mossad qui peut désormais recruter à tour de bras et décroche régulièrement des rallonges budgétaires destinées aux opérations sur le terrain.
« Avant l’ère Dagan, le Mossad faisait figure de parent pauvre. L’Aman [renseignements militaires] ainsi que le Shabak [sûreté générale] pesaient plus que lui. En tout cas, leurs avis étaient plus écoutés », affirme un chercheur dans un institut d’études stratégiques. « Mais l’Aman s’est discrédité par la mauvaise qualité de ses informations durant la deuxième guerre du Liban [été 2006]. Quant au Shabak, il est certes toujours focalisé sur le Hamas mais l’Intifada est bel et bien terminée. »
Les experts attribuent de nombreux succès au Mossad. Le dernier en date est la « liquidation », le 20 janvier dernier à Dubaï, de Mahmoud al-Mahbouh, l’un des fondateurs de la branche armée du Hamas chargé de sa logistique. Mais depuis la nomination de Meïr Dagan, les agents de l’Etat hébreu sont également soupçonnés d’avoir, le 13 février 2008, « liquidé » le chef de la branche militaire du Hezbollah Imad Mugnieh, puis, six mois plus tard, le général Mustafa Suleiman, un conseiller militaire du président syrien Bachar el-Assad chargé des contacts avec le Hezbollah. Le premier a été assassiné par une équipe de dix personnes – dont plusieurs femmes – disposant de faux passeports européens. Le second a été pulvérisé à Damas par l’explosion du repose-tête de sa Jeep 4x4 préalablement piégé et le troisième a été tué par un tireur embusqué qui l’a atteint en pleine tête à partir d’un yacht croisant au large de Tartous (Syrie).
Guerre secrète
C’est la sophistication de ces méthodes d’exécution qui incline les experts à désigner le Mossad. Ils le sont d’autant plus que Meïr Dagan est un partisan déclaré de la manière forte. Dans le cadre de la guerre secrète que mène son service pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, les stratèges du Memouneh s’attachent, semble-t-il, a perturber les filières d’approvisionnement de Téhéran. En menaçant les responsables de sociétés européennes soupçonnées de vendre du matériel aux Iraniens et, semble-t-il, en créant des firmes chargées de servir de leurre pour les prospecteurs iraniens. Ces dernières années, Massoud Mohammadi et Areshir Hassanpour, deux scientifiques iraniens impliqués à des titres divers dans le programme nucléaire de leur pays, ont été tués. Un troisième a disparu. Il se dit à Tel-Aviv que Meïr Dagan en sait beaucoup sur le sort qui leur a été réservé. http://www.letemps.ch/Page/Uuid/6b8...
[2] Selon l’Afp,

Meurtre d’un cadre du Hamas : la presse israélienne suggère une opération du Mossad

La presse israélienne suggère mardi que l’assassinat à Dubaï d’un cadre du Hamas a bien été perpétré par le service secret israélien, le Mossad, après les images diffusées la veille par la police de l’émirat.
"Une méthode du Mossad", titre le quotidien Haaretz, qui tout en évitant de se prononcer sur l’appartenance du commando à tel ou tel service secret relève que les "préparatifs minutieux rappellent les actions du Mossad dans le passé".
"Font ils partie du Mossad ?" s’interroge, sans y répondre, le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot qui au vu des photos de passeports des suspects, publiés par l’émirat, relève leurs ressemblances avec un "monsieur tout le monde israélien".
"Vous les reconnaissez ?", ironise le quotidien Maariv, en brodant sur le même thème.
Les médias soulignent tous les difficultés nouvelles qu’affrontent des services secrets du fait de la présence de caméras de surveillance qui risquent de démasquer leurs membres.
"Les temps où l’on pouvait liquider ni vu ni connu sont finis. Reste à savoir si ceux qui ont envoyé les membres du commando à Dubaï et pris soin de les déguiser, oseront les renvoyer dans un autre pays, après que leurs photos se sont étalées dans les journaux" du monde entier, écrit le Yediot Aharonot.
Le chef de la police de l’émirat, le général Dhahi Khalfan, a indiqué que onze personnes portant des passeports européens, dont une femme, étaient impliquées dans l’assassinat le 20 janvier à Dubaï de Mahmoud al-Mabhouh.
Le général Khalfan n’a pas "exclu une implication du Mossad ou d’autres parties dans l’assassinat", une thèse retenue par le mouvement islamiste palestinien Hamas alors qu’Israël observe officiellement le mutisme sur cetet affaire.
Mahmoud al-Mabhouh, 50 ans, avait été le responsable de l’enlèvement au début de la première Intifada palestinienne (1987-1993) de deux soldats israéliens qui ont ensuite été tués, ainsi que de la planification de plusieurs attentats anti-israéliens, selon le Hamas.
Mais, selon le médias en Israël, c’est avant tout le fait qu’il était un pourvoyeur d’armes important pour le Hamas qui en aurait fait une cible potentielle pour le Mossad.
Le Mossad avait tenté d’assassiner en septembre 1997 le chef du Hamas Khaled Mechaal à Amman. Il a mené de nombreuses opérations spectaculaires d’assassinat de dirigeants palestiniens à l’étranger, dont le bras droit du dirigeant historique Yasser Arafat, Abou Jihad, en avril 1988 lors d’un débarquement à Tunis, et le chef de l’organisation radicale du Jihad islamique Fathi Chakaki en octobre 1995 à Malte. http://www.lemonde.fr/web/depeches/...
Intro et notes : C. Léostic, Afps