dimanche 17 janvier 2010

Une nouvelle guerre de Gaza pour bientôt ?

samedi 16 janvier 2010 - 07h:30
Hasan Abu Nimah - The Electronic Intifada
Les récentes agressions israéliennes ressemblent de façon sinistre à l’attaque du 4 novembre 2008 contre Gaza qui avait tué six personnes et mis à mal une trêve de quatre mois méticuleusement respectée par le Hamas, écrit Hasan Abu Nima.
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Les assassinats récents, par Israël, de militants palestiniens ressemblent de façon sinistre à l’agression qui a précédé l’hiver dernier les attaques contre Gaza. (Wissam Nassar/MaanImages)
Une fois de plus, Israël se plaint de ce que sa « sécurité » est menacée par les nouvelles flambées de violence le long de la frontière avec Gaza.
Quelque deux douzaines de roquettes Qassam ont été tirées sur Israël depuis Gaza ces derniers jours. Bien qu’elles soient tombées sur des terrains vagues (et c’était peut-être exprès) sans causer de dommages ni de blessures, Israël s’est vengé en lançant des raids destructeurs qui ont causé des dégâts et tué plusieurs personnes dont un garçon de 15 ans.
Avant de demander qui devrait arrêter en premier, il faut rappeler qui a commencé la dernière lamentable série de violences.
Le 26 décembre, Israël a lancé deux attaques, respectivement en Cisjordanie, dans la ville de Naplouse, et à Gaza, tuant chaque fois trois personnes. À Naplouse, des escadrons de la mort israéliens ont commis des exécutions extrajudiciaires de sang-froid pour se venger de la mort d’un colon de Cisjordanie quelques jours avant. Selon l’épouse de l’une des victimes de Naplouse, son mari était à la maison dans le séjour, complètement désarmé, quand l’escadron de la mort a fait irruption et l’a visé au visage. Ni lui, ni les autres victimes de ce terrorisme d’État, n’avaient été accusés, jugés ou condamnés pour un crime par un tribunal.
À Gaza, les trois victimes auraient été des travailleurs qui récupéraient des matériaux de construction dans les décombres se trouvant près de la clôture de la frontière. Depuis la fin décembre, des attaques israéliennes ont tué plus d’une douzaine de Palestiniens, violences routinières qui sont ignorées par la "communauté internationale" et dont Israël n’est jamais tenu responsable. Au contraire, les amis occidentaux d’Israël continuent à qualifier ce terrorisme d’ "auto-défense."
Les récentes agressions israéliennes ressemblent de façon sinistre à l’attaque du 4 novembre 2008 contre Gaza qui avait tué six personnes et mis à mal une trêve de quatre mois méticuleusement respectée par le Hamas. Comme c’était prévisible, le Hamas et d’autres factions ont riposté à cette provocation israélienne et Israël s’est servi de cette riposte pour justifier le massacre de 1,400 personnes à Gaza l’année dernière à la même période.
Il semble que lorsqu’il règne un calme relatif sur le front de la Bande de Gaza, Israël s’empresse de le détruire. Avant l’attaque de novembre 2008, la situation était stable dans la Bande de Gaza, malgré le siège et l’intense pression internationale sur le Hamas - ce qui n’était pas du tout du goût d’Israël. Et bien que ce soit Israël qui ait saboté la trêve et ait ensuite refusé de la renouveler selon les souhaits du Hamas, cela n’empêcha pas l’ Autorité Palestinienne basée à Ramallah, à laquelle se sont joints certains États arabes et la prétendue communauté internationale, États-Unis en tête, de prétendre que l’attaque menée par Israël contre Gaza était motivée par les roquettes lancées par le Hamas et que c’était le Hamas et non pas Israël qui avait refusé de renouveler la trêve.
Lorsque Israël a terminé l’"Opération plomb durci " l’année dernière, il a refusé de conclure une nouvelle trêve officielle avec le Hamas. Néanmoins, le Hamas a observé un cessez le feu unilatéral, n’utilisant la force qu’occasionnellement en représailles pour les attaques israéliennes contre les tunnels par lesquels sont acheminées les fournitures vitales depuis l’Égypte qui permettent de contourner le siège. En outre, face aux nombreuses critiques locales, le Hamas a imposé la trêve à d’autres factions palestiniennes.
Se pourrait-il qu’Israël suive le même schéma à nouveau avec son escalade de violence contre Gaza ? Ni la guerre de l’année dernière, ni le resserrement du blocus qui a empêché toute véritable reconstruction n’ont réussi à atteindre leur but évident si pas déclaré de renverser le Hamas.
Israël se prépare-t-il encore une fois à faire ce à quoi il excelle : avoir recours au meurtre et à une destruction impitoyable pour essayer d’atteindre ses objectifs politiques ? Difficile à dire, mais c’est une possibilité alarmante, d’autant plus que de hauts responsables israéliens ont laissé entendre qu’ils préparaient une "deuxième guerre à Gaza."
Israël, qui ne fonctionne pas d’après des règles normales ou civilisées, pourrait avoir plusieurs autres motifs dont le moindre ne serait pas qu’une autre « petite guerre » lui permettrait de détourner l’attention de la persistance de l’impasse diplomatique ou d’éliminer toute menace d’une nouvelle initiative de paix menée par les Étasuniens si timide soit-elle.
Jusque-là, il semble qu’Israël ait été aux commandes. Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a facilement rejeté la demande du président Barack Obama pour le gel des constructions de colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. L’administration Obama a non seulement reculé, elle a également pleinement adopté les positions israéliennes et a constamment fait pression sur la moribonde Autorité palestinienne pour qu’elle reprenne les négociations sans « conditions préalables." (bien sûr "sans conditions préalables" signifie seulement qu’Israël n’est pas obligé de respecter quelque condition que ce soit tandis que l’on présente toujours aux Palestiniens de longues listes de conditions préalables israéliennes.)
Mais si cela ressemble à une victoire diplomatique pour Israël, elle ne peut être que temporaire. Si, comme prévu, l’Autorité palestinienne succombe finalement à la pression et retourne aux "négociations," il deviendra instantanément évident qu’étant donné l’intransigeance et l’expansionnisme israéliens, il n’y a absolument rien à discuter et même pas une infime perspective d’accord de paix.
Il est douteux que la faillite des positions israéliennes et étasuniennes puisse simplement être couverte par un autre processus sans contenu et que la situation sur le terrain reste calme et stable. Provoquer l’approche de la crise à ses propres conditions et incriminer une fois de plus le Hamas, semble être l’issue « idéale » pour Israël.
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* Hasan Abu Nimah est l’ancien représentant permanent de la Jordanie auprès des Nations unies.

13 janvier 2010 - The Electronic Intifada - Cet article peut être consulté ici :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction : Anne-Marie Goossens
 http://info-palestine.net/article.php3?id_article=7995