samedi 30 janvier 2010

Israël et le réseau routier de l’Apartheid

vendredi 29 janvier 2010 - 08h:16
Ariadna Jove Martí - Rebelión
Ce réseau routier d’apartheid viole les droits humains les plus élémentaires des Palestiniens et empêche toute possibilité de développement économique et de construction nationale, écrit Ariadna Jove Martí.
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25 octobre 2007 - Une manifestation anti-Apartheid s’est déroulée sur la très fréquentée route 443, l’une des nombreuses routes qui traversent les terres palestiniennes occupées mais réservées aux seuls Israéliens. L’armée et la police israéliennes ont utilisé la force pour disperser les manifestants.
Le réseau routier que l’État sioniste d’Israël a mis en place et est en train de développer en Cisjordanie [1], destiné exclusivement à l’usage des citoyens israéliens et internationaux, est devenu une mesure de plus de colonisation et d’apartheid qui restreint la liberté de circulation de la population palestinienne tout en réduisant et en rendant difficile l’accès aux services élémentaires et fondamentaux auxquels tout être humain a droit.
La planification et la mise en place de cette grande infrastructure ont débuté en 1967 après la guerre des Six Jours lorsque le territoire palestinien de Cisjordanie est occupé et qu’Israël en prend le contrôle. Au fil des années, ce réseau routier s’est développé pour relier les colonies illégales entre elles à l’intérieur de la Cisjordanie et avec Israël. Ce plan systématique a pris de plus en plus d’ampleur au cours du processus de paix d’Oslo (1993-2000) lorsque de nombreuses terres ont été confisquées pour construire de nouvelles routes et autoroutes pour les colons immigrants, enfreignant ainsi l’Accord qui prévoyait le non-établissement de nouvelles colonies par Israël.
Chaque route israélienne à l’intérieur des territoires occupés contient une zone de sécurité de 50 à 70 mètres de chaque côté (parfaitement grillagée, murée et limitée). Il est interdit de construire à l’intérieur de ces zones et les bâtiments déjà existants deviennent illégaux. Leurs occupants ont été délogés et les constructions ont été systématiquement démolies par l’État d’Israël ; quant à celles qui sont encore sur pied, elles sont condamnées au même sort. Chaque tronçon de route de 100 kilomètres entraîne la spoliation de 2.500 acres (10,11 km2) de terrain. Sur toute la surface de la Cisjordanie, il existe un total de 1661 kilomètres de routes de l’apartheid qui ne peuvent être utilisées que par Israël exclusivement, ce qui représente 41525 acres (168,04 km2 ) de terrain qui ont été confisqués pour leur construction. La circulation de véhicules palestiniens est interdite sur ces routes grâce à la mise en place de différents mécanismes : il n’existe ni entrée ni sortie de route accédant aux populations palestiniennes ; la construction de clôtures, murs, portes, monticules de terre, barricades avec des blocs de ciment, etc. par l’État d’Israël en empêche l’accès ; des checkpoints mobiles constants, des contrôles et des ordres militaires en interdisent leur utilisation.
L’infrastructure de ce complexe réseau a été planifiée et implantée par Israël non seulement pour relier les plus de 200 colonies illégales à l’intérieur de la Cisjordanie mais aussi dans le but de fragmenter le territoire palestinien. Ces politiques d’occupation mises en place par l’État d’Israël sont les mêmes que celles qui furent imposées durant l’apartheid en Afrique du Sud. En combinant la politique d’occupation et la construction de routes, les régions de la vallée du Jourdain et la Mer Morte ont été annexées à Israël et ont confirmé le complice accord de paix de Araba en 1994 entre le roi Hussein de Jordanie et le Premier ministre israélien Isaac Rabin où dans les annexes de celui-ci, la frontière entre la Jordanie et la Cisjordanie est marquée comme frontière entre Israël et la Jordanie. L’autre preuve irréfutable de ce plan est la démonstration du processus qui se met en place pour séparer les territoires occupés de Al-Quds [Jérusalem] Est en Cisjordanie et les annexer progressivement à Israël. Cette stratégie est particulièrement visible dans la colonisation des quartiers de Sheikh Jarrah, Silwan, Al-Tur, Beit Safafa, etc. Le réseau routier de Al-Quds, le mur de l’apartheid, la colonie massive et continue et le développement des colonies illégales ont été élaborés pour assurer et perpétuer l’annexion de la ville sainte au territoire israélien en violant les résolutions des Nations Unies.
La responsabilité de la Communauté Internationale et particulièrement celle des États-Unis dans la construction massive de ces routes sont évidentes. L’aide économique internationale qui jour après jour est arrivée en Palestine pour réaliser les grands projets de développement, de construction d’infrastructures et de nouvelles routes destinées à la population palestinienne est précisément en train de financier les tunnels, les routes secondaires et les connexions de tout ce réseau qui divise le territoire de la Cisjordanie. C’est-à-dire qu’elle est en train de financer et de développer le réseau routier de l’apartheid qu’Israël a modelé pour exproprier et annexer toujours plus de territoires. Il est fréquent d’ailleurs de trouver dans ces tunnels et sur ces routes palestiniennes des affiches qui rappellent que nos gouvernements financent et soutiennent l’apartheid israélien.
Si nous observons la carte routière d’exclusion de la Cisjordanie, nous remarquons que les quatre voies 1 et 5 qui traversent ce territoire d’est en ouest divisent le territoire palestinien en trois grands blocs (nord, centre et sud) ; ceux-ci sont à la fois fragmentés en îles isolées et connectés entre eux par des tunnels rendant impossible la solution de création de deux États. La Cisjordanie a été désagrégée en douzaines d’enclaves qui séparent géographiquement les communautés palestiniennes. Il y a un checkpoint israélien à chaque entrée ou sortie de ces enclaves. Les routes secondaires sont reliées entre elles par des tunnels construits sous les routes principales à l’usage exclusivement israélien.
Lorsque la construction de ce réseau routier sera terminée, la circulation de véhicules palestiniens et israéliens sera totalement séparée et ne se mélangera à aucun endroit dans toute la Cisjordanie. La population palestinienne vivra isolée et de façon fragmentée dans tout le territoire, quant à l’unique connexion entre les fragments, elle se fera grâce aux tunnels contrôlés par l’armée israélienne.
Les routes des Territoires Occupés reçoivent le nom de “routes stériles” et la circulation de véhicules palestiniens y est restreinte. Certaines ne sont pas complètement illégales pour les palestiniens mais leur accès y est totalement limité et bloqué rendant ainsi leur utilisation impossible.
Sur la surface théorique de la Cisjordanie (c’est-à-dire 22% de la Palestine historique), 45% ont été confisqués par l’Etat d’Israël pour l’établissement de colonies illégales et la construction du mur de l’apartheid. Des 54,5% restants (c’est-à-dire, 11,99% de la Palestine historique), 10,6% sont totalement isolés et divisés grâce au réseau routier de l’apartheid perpétué par Israël. Les routes sont devenues des barrières qui divisent la Cisjordanie et la population palestinienne, et actuellement, seulement 10,72% de la Palestine historique est sous le contrôle palestinien en Cisjordanie.
L’impact et les conséquences de ce plan imaginé par l’État sioniste entraînent la fragmentation totale du territoire, rendant impossible la croissance et le développement économique de la société palestinienne outre les grandes conséquences humanitaires et de ségrégation des populations. Ce dispositif d’apartheid israélien viole les droits de l’Homme, la liberté de circulation, rend impossible l’accès aux services élémentaires, viole le droit au travail, à l’éducation, le droit d’entrer et de sortir du territoire, le droit à l’autodétermination, il contraint la population palestinienne à migrer et détruit complètement l’économie et l’organisation politique palestinienne.
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Le réseau routier de l’Apartheid. Les routes en rouge sont réservées aux seuls Juifs.
16 janvier 2010 - Rebelión - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.rebelion.org/noticia.php...
Traduction de l’espagnol : Yolande Renedo
 http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8079