samedi 30 janvier 2010

2010 nous verra battre l’occupation

publié le vendredi 29 janvier 2010
Ali Waked

 
Les organisateurs des manifestations de Ni’lin, Bil’in et Nabi Saleh, préviennent que les affrontements récents en Cisjordanie nous rapprochent d’une Intifada.
Les récents affrontements à Nabi Saleh, village voisin de Ramallah, le dernier à ajouter à une liste de lieux de confrontations entre Palestiniens et FDI (forces de défense israéliennes) en Cisjordanie, viennent renforcer la position de ceux qui se battent contre la barrière de séparation.
Mardi, on a vu le tribunal militaire d’Ofra juger les 14 manifestants arrêtés lors du dernier affrontement – dont un ado de 14 ans, deux femmes et un membre du comité du village de Ni’lin.
Le village de Ni’lin, lui aussi proche de Ramallah, est le théâtre d’affrontements hebdomadaires entre les forces militaires et les habitants du secteur avec les militants de gauche qui les soutiennent.
Tous les détenus ont été libérés sur caution personnelle. Un autre groupe de détenus doit comparaître jeudi.
Mais si les confrontations à Nil’in et à Bil’in, villages de Cisjordanie, portent sur le tracé de la barrière érigée, les émeutes à Nabi Saleh sont de nature différente, et ceux qui organisent les protestations affirment que leurs actions ont eu comme résultat que les forces de sécurité craignent vraiment désormais que des manifestations violentes surgissent en d’autres lieux de Cisjordanie.
La lutte, dit Mumammad Khatib – qui est considéré par beaucoup comme le premier dirigeant de la protestation – « a fait ses preuves à Bil’in et à Ni’lin et est devenue un modèle qui va bien au-delà des limites de la Cisjordanie. Ils sont des milliers à venir (dans ces villages) participer à nos manifestations. »
Khatib, membre éminent du conseil, ajoute qu’une grande part de leur travail « est destinée à retourner la pression internationale contre Israël. Nos militants se battent contre la propagande israélienne avec les photos des leurs qui furent frappés et blessés au cours de leurs arrestations lors des manifestations. »
Khatib pense que « la lutte va bientôt s’étendre plus loin, en partie à cause de la frustration née de l’impasse politique, mais surtout en raison du harcèlement des colons, et parce que les FDI ne font rien pour les arrêter. »
Se félicitant de l’impact que les émeutes semblent avoir, Khatib a déclaré à Ynet qu’il croit que son peuple sera en mesure de mettre en mouvement toute la région d’ici la fin de l’année. « Nous sommes à la veille d’une Intifada, » prévient-il. « La résistance s’étend, comme ce fut le cas pour l’Intifada (de 1987), mais la prochaine sera beaucoup plus créative.
« Nous sommes enthousiastes car 2010 nous verra battre l’occupation. Nous le voyons dans le fait que les soldats israéliens sont nerveux, parce qu’ils n’arrivent pas à nous réprimer (les manifestations). »
Khatib et le comité contre la barrière de séparation, avec l’aide de certaines organisations internationales, tentent aussi de promouvoir diverses interdictions dans le monde à l’encontre d’Israël. « Des organisations internationales qui nous soutiennent aident à financer les frais juridiques pour les détenus. C’est un outil important pour la lutte contre l’occupation, » dit-il.
Israël, continue-t-il, a durci sa politique contre les émeutiers arrêtés en Cisjordanie, et les troupes israéliennes se sont faites plus violentes. « Il ne se passe pas une nuit sans incursions et arrestations » affirme-t-il, indiquant que 34 personnes avaient été arrêtées depuis le mois de juin et que, depuis décembre, les FDI avaient effectué 16 raids nocturnes rien que sur Ni’lin.
Un militant de la gauche israélienne, Yonatan Pollack, l’un des dirigeants de la lutte, qui fut blessé à la manifestation de Nabi Saleh, ajoute qu’Israël a intensifié ses efforts pour mettre fin à leur lutte par des moyens juridiques.
« Les accusations contre les militants aussi nous rappellent ce qui s’est passé durant la Première Intifada, » dit-il.
« Ils ne sont plus accusés d’être des terroristes, mais des agitateurs – ni d’être membres d’organisations illégales, mais d’organiser des rassemblements illégaux. »