lundi 18 janvier 2010

Gaza résiste, et dignement

dimanche 17 janvier 2010 - 07h:35
Ismaïl Haniyeh - MEM
Que le gouvernement élu de Gaza bénéficie toujours de l’appui populaire est la marque de l’échec du blocus criminel israélien et de la guerre lancée il y a un an.
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Ismaïl Haniyeh, premier ministre du gouvernement élu de Gaza - Photo : Ma’anImages
Aujourd’hui notre peuple a le soutien de millions de personnes à travers le monde entier ; des milliers d’entre elles frappent aux portes de Rafah pour pouvoir entrer et montrer leur solidarité. A l’opposé, Israël, la force d’occupation, est partout isolée et méprisée par les peuples de conscience. Recherchés pour crimes de guerre, ses chefs sont forcés d’éviter beaucoup de villes par le monde où ils avaient pour habitude de voyager dans le passé. Il n’y a qu’une explication à la relégation d’Israël au statut d’État voyou : le monde est écoeuré et lassé de son oppression et de l’injustice.
La récente affirmation israélienne selon quoi « le Hamas a transformé Gaza en enfer sur terre » est une pure invention et un mensonge grossier. Il est étonnant qu’une telle affirmation puisse venir de l’État qui a impitoyablement attaqué les habitants de Gaza au cours d’une guerre terrifiante et unilatérale, tuant plus de 1500 d’entre eux. Ce n’était pas Hamas qui a laissé tomber les bombes DIME (explosifs à métal dense et inerte) et au phosphore internationalement interdite, sur Gaza, ni le Hamas qui a transformé délibérément en cibles les écoles, les mosquées, les hôpitaux et les locaux des Nations Unies à Gaza. Des familles entières, comme les Samouni et les Baloushas ont été massacrées. Israël a fait tout cela. Il assiège depuis trois années consécutives mon peuple à Gaza, l’empêchant de reconstruire ses maisons ou même simplement de dégager les décombres laissés par son attaque barbare. Comme l’occupant refuse de laisser passer tous les matériaux permettant de maintenir et réparer le système d’approvisionnement en eau, les habitants de Gaza sont maintenant empoisonnés par une eau dangereuse, polluée.
Des fournitures humanitaires vers Gaza sont délibérément réduites par l’occupant jusqu’à un niveau qui ne répond pas aux exigences minimum des habitants. Ceci a entraîné une malnutrition chronique. C’est la force d’occupation qui est responsable de la transformation de Gaza en la plus grande prison sur terre, et ceci avec la pleine collaboration de ses alliés occidentaux.
Ils ont voulu punir mon peuple parce que le mouvement du Hamas a remporté les élections palestiniennes parlementaires libres et honnêtes en 2006 et organisées sous surveillance internationale. Ces mesures punitives ont été appliquées même après que le Hamas ait fait preuve d’une considérable flexibilité en acceptant un État sur tous les territoires de la Cisjordanie (Jérusalem y compris en tant que capitale) et de Gaza. C’est précisément en raison de cette maturité politique et de cette intégrité que le Hamas continue à disposer de l’appui populaire, comme cela a pu être constaté dans le rassemblement sans précédent du 14 décembre pour les célébrations de l’anniversaire de sa fondation.
Si nous devions croire la direction israélienne, il paraîtrait qu’elle a relâché sa poigne et qu’à présent les Palestiniens de Cisjordanie puissent espérer « une nouvelle ère de prospérité et de croissance ». Mais c’est loin d’être le cas. Dans un rapport publié en juin 2009, la banque mondiale a fait savoir que le PIB en Cisjordanie avait diminué « de 34% en revenu réel par habitant » depuis septembre 2000. Le déclin économique de la Cisjordanie durant cette période s’explique par la politique d’Israël consistant à limiter les déplacements des Palestiniens et divisant de fait la Cisjordanie en plusieurs réduits assiégés.
Israël a maintenant enlevé quelques unes de ses plus de 600 barrières fixes (il érige également des centaines de « points de contrôle volants » à volonté). Mais c’est juste un geste cosmétique car comme l’a fort justement noté un de mes remarquables compatriotes, « même les gestes israéliens les plus minimaux ne peuvent apporter d’amélioration » après un si long et durable déclin en PIB. La réalité est que le siège sur la Cisjordanie n’est pas moindre que celui appliqué sur Gaza.
Les Palestiniens en Cisjordanie ne sont pas plus en sécurité qu’à Gaza. En dépit de leur collaboration sécuritaire [avec l’autorité palestinienne de Ramallah - N.dT] il y a quelques jours les forces israéliennes d’occupation ont massacré de sang froid trois membres désarmés du Fatah, l’un d’entre eux devant son épouse enceinte et ses enfants. Le même jour, les forces israéliennes d’occupation ont également assassiné trois civils dans Gaza.
Aujourd’hui, l’occupant dit qu’il veut « relancer le processus de paix » et qu’il a pris « des mesures sans précédent » dans ce sens, mais qu’il n’a reçu en retour que des plaintes, des conditions préalables injustifiées, et le rapport de Goldstone de la part de Palestiniens ingrats qui refusent toujours de s’asseoir en sa compagnie à la table des négociations. Quand [les Israéliens] parlent « de mesures sans précédent », ils se réfèrent au « gel de la colonisation » factice annoncé le 25 novembre.
Ce « gel », qui est seulement applicable pendant une période de dix mois, n’inclut pas Jérusalem-est et ne prend pas en compte la construction de 3000 unités d’habitations dans le reste de la Cisjordanie. Le « gel » a été annoncé à contrecoeur de façon à ce que le Président Obama ne perde pas la face après qu’il l’ait réclamé de façon appuyé. En réalité les Israéliens ne sont pas disposés à prendre la moindre mesure signicative pour réaliser la paix, comme cela été prouvé par leur décision annoncée la semaine dernière d’établir 700 unités d’habitations supplémentaires à Jérusalem-est et par la décision qui a précédé le mois dernier d’établir 900 unités dans la colonie de Gilo au sud de Jérusalem.
Quand la force occupante prétend avoir récolté en retour de ses concessions et de la part des Palestiniens, le « rapport Goldstone », c’est vraiment risible. Aucun Palestinien n’a été directement impliqué dans la rédaction de ce rapport. Son auteur principal, Richard Goldstone, se dit lui-même ami d’Israël. C’est un sioniste d’origine juive et en même temps un juge de très haut niveau reconnu pour son professionnalisme et son impartialité. Les Israéliens ont levé les bras au ciel à la vue de son rapport parce qu’il révèle l’évidence, à savoir qu’ils ont visé des civils dans leur attaque contre Gaza et que leurs actions s’élèvent au rang de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Si les accusations contenues dans le rapport sont fausses, comme les Israéliens le prétendent, alors ceux-ci ne devraient avoir rien à craindre, même s’ils étaient amenés à comparaître devant les cours internationales.
Les récentes déclarations de Tel Aviv sont la marque d’un gouvernement confronté à un rejet international grandissant à cause de ses politiques expansionnistes, de ses crimes permanents contre les Palestiniens et de son refus de respecter le droit international.

7 janvier 2010 - Middle East Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.middleeastmonitor.org.uk...
Traduction : Claude Zurbach
 http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8005