mercredi 16 septembre 2009

Le parlement brésilien recommande le gel de l’accès d’Israël au troisième marché d’exportation mondial

mardi 15 septembre 2009 - 19h:13

PNN



« Cette décision porte un coup énorme à l’économie et aux relations extérieures israéliennes » dit Jamal Juma’ de la campagne « Stop the Wall ».

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Photo : de gauche à droite pendant l’audition publique : Daniel Jadue, Arlene Clemesha, le Député Marcondes Gadelha (PSB) qui a demandé l’audition publique, dr Rosinha (PT), président du Parlement Mercosur au moment de la signature de l’accord. photo : Luiz Alves.

La Commission parlementaire brésilienne des affaires étrangères et de la défense nationale a recommandé que le Parlement ne ratifie pas l’accord de libre-échange entre Mercosur et l’État d’Israël jusqu’à ce que « Israël accepte la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967 ».

Cette décision est une pression explicite sur le gouvernement israélien pour qu’il se conforme au droit international. Elle fait pièce aux années de constantes pressions israéliennes poussant à la ratification de l’accord par le Parlement.

La Palestinian Grassroots Anti-Apartheid Wall Campaign (Campagne palestinienne de la base contre le mur de l’apartheid) et le Palestinian Boycott Divestment and Sanctions National Committee (BNC)* (Comité national palestinien pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions), ont fait une déclaration commune aujourd’hui dans laquelle ils présentent l’appel par le parlement brésilien en faveur du gel de l’accord de libre échange entre Israël et Mercosur.

Cette décision porte un coup énorme à l’économie et aux relations extérieures israéliennes. La décision est une pierre d’achoppement de taille empêchant l’établissement de l’accord qui, depuis sa signature en 2007, a été bloqué faute de sa ratification par les pays membres de Mercosur. Mercosur est un des marchés qui se développe le plus rapidement dans le monde où son économie occupe la cinquième place. Les exportations israéliennes vers Mercosur se sont chiffrées à près de 600 millions de dollars en 2006.

Israël s’est investi fortement pour faire approuver l’accord, et a concentré ses efforts particulièrement sur le Brésil, principale économie de Mercosur dont il est le plus puissant acteur politique. À lui seul le Brésil, même sans l’accord de libre-échange (ALE), est le troisième marché d’exportation israélien. En 2005, Ehud Olmert, à l’époque ministre du commerce, s’est rendu au Brésil pour obtenir l’appui du Président Lula en faveur de l’accord. Il y a un peu plus d’un mois, le ministre israélien des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, s’est rendu au Brésil pour demander instamment la ratification de l’accord.

Depuis le début des négociations de l’ALE, les sommets de la société civile de Mercosur ont rejeté le marché commercial. Au nom du Comité BDS national palestinien (BNC), la Campagne palestinienne de la base contre le mur d’apartheid a travaillé avec des intellectuels, des mouvements sociaux, des partis et des hommes politiques brésiliens afin de bloquer la ratification de l’ALE. Le front pour la défense du peuple palestinien et le front parlementaire contre la ratification de l’ALE ont été formés pour appuyer l’appel palestinien contre l’ALE. En janvier, le BNC a remis une lettre au président Lula.

À la suite de cette lettre, la commission a accepté de tenir une audience publique avant de passer au vote hier.

Oscar Daniel Jadue, vice-président de la fédération palestinienne du Chili, a appelé au rejet de la loi. Il a argué que la ratification de l’accord viole le droit international et profite à un pays qui ne respecte pas les droits humains des Palestiniens.

« Je vous invite à réfléchir sur cette mesure qui récompenserait le gouvernement israélien et ouvrirait le marché latino-américain à un pays qui anéantit le peuple palestinien » a dit Jadue.

Arlene Clemesha, professeure d’histoire arabe à l’université de Sao Paulo et membre du réseau de coordination des Nations unies pour la Palestine, a plaidé contre le geste symbolique que représente la ratification de l’accord qui exclurait la production des colonies. Celle-ci, a-t-elle prévenu, est impossible à identifier puisque par le passé, Israël a commercialisé les produits des colonies comme étant des produits israéliens. Au lieu de cela, a-t-elle dit, pour que l’on s’achemine vers la paix, il faut que des forces internationales obligent Israël à mettre fin à l’occupation militaire des territoires palestiniens.

Les membres de la Commission parlementaire se sont dits d’accord avec Clemesha et Jadue et ont recommandé le gel de l’accord comme moyen de pression politique.

« Ce sera une modeste contribution, mais elle est spécifique. L’accord ne sera valable que s’ il est approuvé par les pays membres de Mercosur. Comme l’Uruguay l’a déjà approuvé, nous collaborerons avec l’Argentine et le Paraguay. Le gouvernement Lula a été courageux et il a dit publiquement que l’accord est gelé jusqu’à la reprise des négociations de paix » a déclaré M. Nilson Mourão (PT-AC).

Jamal Juma’, coordinateur de la Campagne palestinienne contre le mur d’apartheid a ajouté :

« Après des années de campagne, nous sommes extrêmement heureux de cette décision. C’est une victoire majeure qui n’a été possible que grâce à l’appui important et déterminé de la société civile au Brésil ».

Il a poursuivi : « cette décision a montré que les gouvernements démocratiques d’Amérique latine sont des alliés de la justice et sont prêts à prendre une position intègre au sujet de la Palestine en dépit des pressions de la part des Israéliens. La délégation Liebermann a essayé de faire croire au Brésil qu’il pourrait devenir un « médiateur » dans la région s’il se montrait « impartial » et soutenait les intérêts israéliens auprès de l’ALE. Toutefois les hommes politiques brésiliens ne sont pas tombés dans ce piège.

Juma’ a ajouté « nous demandons maintenant à l’OLP et à l’Autorité nationale palestinienne de faire en sorte que le « non » à l’ALE soit une priorité dans leur politique étrangère régionale ».

La lutte contre l’ALE n’est pas finie ; le projet sera encore analysé par les Commissions du développement économique et du Commerce et de l’industrie ainsi que par le Parlement. Le projet sera ensuite envoyé au Sénat. Toutefois il est peu probable que la décision d’hier soir soit renversée et le processus de ratification de l’ALE par le Brésil et d’autres pays du Mercosur est devenu un instrument de pression efficace sur Israël.

*les membres actuels du BNC sont : Palestinian Non-Governmental Organizations Network (PNGO), Occupied Palestine and Golan Heights Advocacy Initiative (OPGAI), Grassroots Palestinian Anti-Apartheid Wall Campaign (Stop the Wall), Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel (PACBI), Council of National and Islamic Forces in Palestine, Palestinian General Federation of Trade Unions (PGFTU), General Union of Palestinian Workers, Global Palestine Right of Return Coalition, Federation of Unions of Palestinian Universities’ Professors and Employees, General Union of Palestinian Women (GUPW), Charitable Organizations Union, Independent Federation of Unions - Palestine (IFU), Palestinian Farmers Union (PFU), National Committee for the Commemoration of the Nakba, Civil Coalition for Defending the Palestinians’ Rights in Jerusalem, Coalition for Jerusalem, Union of Palestinian Charitable Organizations, Palestinian Economic Monitor, Union of Youth Activity Centers - Palestinian Refugee Camps (UYAC)

12 septembre 2009 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.pnn.ps/index.php?opt...
Traduction : Anne-Marie Goossens