dimanche 6 décembre 2009

Une journée en Palestine

Palestine - 05-12-2009
Par Mazin Qumsiyeh
Un café et quelques gâteaux arabes (ka’ak) avec un falafel, il n'y a rien de tel pour commencer la journée. Avec deux amis, nous sommes allés chercher notre copain Ridgeley pour aller voir une exposition sur la Liberté faite par les étudiants de l’Université de Bethléem. On y voit leurs idées, leurs rêves brisés, leurs espoirs et leurs aspirations, avec des petits moyens mais une pensée puissante. Une pendule qui tourne au milieu d’une pomme et lentement, la pomme est grignotée par un cafard, alors, à minuit, il ne reste presque plus rien. Il y a des chaînes et des murs symboliques qui sont détruits par la volonté et la détermination, ou simplement par la dégénérescence des oppresseurs. Des morceaux de papier sur les mathématiques, la biologie et le langage mélangés à des morceaux de papier sur les couvre-feux, les murs, les guerres et les manœuvres politiques.























Nahhalin, au sud de Bethléem, complètement encerclé par les collines illégales (photo Palestineremembered)


3 décembre 2009, juste un autre jour parmi les 365 jours de l’année. Mais aucun d’entre eux n’est ennuyeux. J’ai visionné une vidéo en entier (pour un autre projet) mais j’en ai mis un petit bout surYoutube pour vous donner quelques images qui accompagneront cet article ; je continue à me familiariser avec la production vidéo, et j’espère que celle-ci est meilleure que les précédentes.
Quelques événements et actions sur cette journée :

- Je me suis réveillé pour apprendre que 15 jeunes palestiniens ont été kidnappés pendant la nuit par l’armée israélienne. Ces dernières semaines, Israël semble remplir ses prisons pour remplacer ceux qu’ils libèreront dans l’échange de prisonnier avec le Hamas, qui détient un soldat de l’occupation israélienne. Puis j’ai conduit ma femme à son cours à l’Université, et j’ai fait quelques courses.

- Un café et quelques gâteaux arabes (ka’ak) avec un falafel, il n'y a rien de tel pour commencer la journée. Avec deux amis, nous sommes allés chercher notre copain Ridgeley pour aller voir une exposition sur la Liberté faite par les étudiants de l’Université de Bethléem. On y voit leurs idées, leurs rêves brisés, leurs espoirs et leurs aspirations, avec des petits moyens mais une pensée puissante. Une pendule qui tourne au milieu d’une pomme et lentement, la pomme est grignotée par un cafard, alors, à minuit, il ne reste presque plus rien. Il y a des chaînes et des murs symboliques qui sont détruits par la volonté et la détermination, ou simplement par la dégénérescence des oppresseurs. Des morceaux de papier sur les mathématiques, la biologie et le langage mélangés à des morceaux de papier sur les couvre-feux, les murs, les guerres et les manœuvres politiques.

- La conférence sur l’initiative « Le chemin d’Abraham », est un grand projet de tourisme culturel où des Internationaux parcourent la Palestine, apprenant tout au long de la route. La succession intelligente des quelques pièces exposées autour de la pièce suit le circuit qu’on peut voir en marchant du nord au sud. Nous avons acheté un livre sur la vieille ville d’Hébron, édité par le Comité de Réhabilitation d’Hébron, et un joli bol en céramique. Ridgeley a acheté un keffieh blanc et rouge confectionné dans le dernier atelier palestinien qui les fabrique encore (rouge et noir est inhabituel parce que la plupart des Palestiniens préfèrent ceux qui sont d’une couleur ou de l’autre, pour une raison symbolique).

- Ensuite nous sommes allés à la Tente des Nations où une famille de fermiers essaie de s’accrocher à une colline qui surplombe le vieux village palestinien de Nahhalin (continuellement habité par des Cananéens, dans une belle vallée, depuis plus de 3.000 ans). Nahhalin, comme cette colline solitaire, est maintenant encerclé par des colonies (Neve Daniel, Rosh Zurim, Betar Elit, Alazer). La famille à qui appartient la colline décide de résister et, puisqu’on lui interdit de construire toute structure, ils ont réussi à réhabiliter des grottes et autres structures souterraines, de planter et d’y vivre, et d’instruire les habitants locaux et les internationaux qui viennent sur la résistance civile.

- Nous sommes ensuite allés à Beit Ommar, près d’Hébron, où nous avons rencontré Mousa Abu Maria, fondateur du Palestine Solidarity Project. Mousa a passé plusieurs années dans les prisons israéliennes où, comme des milliers d’autres palestiniens, il a été maltraité. Il a décidé de canaliser son énergie en résistance civile. Je voulais l’interviewer pour un livre et un documentaire que nous préparons sur la résistance civile.

- Nous sommes revenus à Bethléem pour une rencontre et un entretien avec Neta Golan. Neta est la co-fondatrice impressionnante et énergique de l’International Solidarity Movement, grâce auquel des milliers d’activistes internationaux se joignent à la résistance civile palestinienne.

- Puis, un diner délicieux et une discussion à bâtons rompus (en même temps qu’un débat avec le propriétaire du restaurant, à qui nous demandions pourquoi il sert de l’eau en bouteille d’une compagnie israélienne, eau volée à la nappe phréatique palestinienne).

- Nous avons participé à une réunion du Mennonite Central Committee (MCC) et leurs partenaires locaux comme ARIJ et le Rapprochement Center. MCC fait un travail formidable depuis 1949. Le rassemblement nous a aussi permis non seulement de rencontrer des gens nouveaux, mais aussi des gens qui font du bon boulot comme le révérend Naeem Atik de Sabil, Cathy Bergen de AFSC, et Eitan Bronstein de Zochrot.

- De retour à la maison, j’ai rédigé une introduction pour un livre en préparation sur les oiseaux de Palestine (en arabe, écrit par Simon Awad), répondu à une montagne d’emails et fini de préparer les questions d’examen pour mes étudiants en maîtrise.

Tout compte fait, en dépit de l’occupation coloniale, des mauvais nouvelles des guerres interminables (Obama qui augmente sa guerre insensée en Afghanistan), de mes compagnons palestiniens dans les petites prisons israéliennes (où 11.000 prisonniers politiques sont détenus) et dans les grandes prisons (où 3 millions de Palestiniens sont détenus)… en dépit de tout, je dis que la vie est bonne. Oui, il y a beaucoup d’espoir mais nous devons tous agir pour mettre fin rapidement à ce cauchemar. Après tout, le silence est complicité.

La lutte continue…


Mazin Qumsiyeh, PhD
A Bedouin in Cyberspace, a villager at home
http://www.qumsiyeh.org
http://www.pcr.ps