dimanche 6 décembre 2009

Amère « mission olives »

publié le samedi 5 décembre 2009

M.C.
Jean-François Augereau ...a vu le mur, les colonies et compris que là-bas, par sa présence, un étranger fait un acte militant.

Il ne se définit pourtant pas comme un militant. Mais le conflit israélo-palestinien, Jean-François Augereau, 43 ans, l’a toujours vu dans les médias. Alors, il a voulu se rendre compte par lui-même de cette guerre larvée qui n’en finit pas. Il est donc parti en mission du 15 au 25 octobre avec l’Association France Palestine Solidarité. La « mission olives » a pour but d’aider des paysans palestiniens à récolter les olives mais pas seulement. « On est bénévole pour ce travail mais on est surtout un soutien moral. Pendant ce voyage, ce n’était pas rare de rencontrer des Palestiniens qui nous remerciaient d’être simplement là ».

Cueillette sous contrôle

Avant de partir, Jean-François Augereau ne cache pas qu’il avait un a priori pro-palestinien. « Et en revenant, il est encore plus fort ». Mais aujourd’hui, il peut dire « j’ai vu ». Vu quoi ? Son paysage quotidien c’était la région d’Hébron en Cisjordanie. Le matin, les Français cueillaient les olives dans un champ surplombé d’une petite colonie juive de quatre à cinq baraquements enveloppée de barbelés et rejetant ses eaux usées dans l’oliveraie. « Le premier jour, dix minutes après notre arrivée dans le champ, des militaires israéliens sont arrivés. Ils sont restés au bord du champ et nous ont regardé récolter. C’était bizarre dans cet endroit assez désertique où il y avait un côté serein et en fait non ».

Encerclement

Des chocs d’images, Jean-François Augereau en a eu d’autres. « À Hébron par exemple, une ville de 130 000 habitants. Au centre vivent 400 colons. Là encore leurs maisons sont entourées de barbelés. Et dans certaines rues du centre, un grillage a été installé au-dessus de la rue pour que personne ne reçoive des immondices qu’ils jettent par les fenêtres ». Et le mur ? « Il faut se cacher les yeux pour ne pas le voir ». Et Jean-François Augereau de raconter qu’à Bethléem, le mur fait un crochet par un cimetière musulman, juste pour encercler de ses huit mètres de haut la tombe de Rachel. L’encerclement, c’est un peu une méthode pour les colons. « Ils encerclent les villes palestiniennes. C’est un travail de sape qu’ils font dans l’illégalité d’ailleurs mais en toute impunité ».

Résignation

Jean-François garde aussi précieusement l’image de cette jeune habitante d’Hébron, petite Palestinienne de 8 ans qui a invité quelques Français chez elle « pour nous montrer une pièce de sa maison toute brûlée car ses voisins, des colons ont mis le feu. Juste au-dessus de nous, il y avait des militaires (ils sont 3 000 à garder les 400 colons) et elle leur tirait la langue. Elle avait de la haine cette petite fille, qui deviendra-t-elle à 30 ans ? » Mais à la fougue rebelle de cette gamine, Jean-François oppose la résignation comme la constante qu’il a remarquée chez les Palestiniens. Résignés mais sensibles à l’intérêt qu’on leur porte. « Ils nous disent : « Dites juste ce que vous avez vu ».