jeudi 12 novembre 2009

Rencontre discrète Netanyahu-Sarkozy après une entrevue confidentielle avec Obama

12/11/2009
Nicolas Sarkozy accueillant Benjamin Netanyahu, hier, au palais de l’Élysée.          Philippe Wojazer/Reuters
Nicolas Sarkozy accueillant Benjamin Netanyahu, hier, au palais de l’Élysée. Philippe Wojazer/Reuters
Israël prêt à parler avec la Syrie « à tout moment » et « sans conditions ».
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a rencontré hier à l'Élysée le président Nicolas Sarkozy, deux jours après avoir été reçu dans la discrétion à la Maison-Blanche. MM. Sarkozy et Netanyahu se sont entretenus pendant près de deux heures. Le dirigeant israélien n'a fait aucune déclaration à l'issue de cet entretien, contrairement aux deux fois précédentes où il était venu voir M. Sarkozy à l'Élysée. Les deux hommes ont simplement publié un communiqué commun indiquant que leurs discussions avaient porté sur « les principales questions internationales et, notamment, les moyens de relancer sans délai le processus de paix au Proche-Orient ». Ils ont également exprimé leur satisfaction concernant l'excellente relation bilatérale entre la France et Israël et le développement de la coopération entre les deux pays. Cependant, à l'issue de ces entretiens, un haut responsable israélien qui accompagnait le Premier ministre à Paris a déclaré que Netanyahu a affirmé au président français qu'il était « prêt à rencontrer le président syrien (Bachar el-Assad) à tout moment et où que ce soit pour reprendre les négociations de paix, sans aucune condition préalable ». Le président Bachar el-Assad doit être reçu demain à Paris par le chef de l'État français.
La France reconnaît « un vrai différend politique » avec Israël sur la question cruciale du gel de la colonisation. Le malaise a également été alimenté par des propos du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui a estimé mardi que « l'aspiration à la paix » avait disparu en Israël. L'État hébreu a répliqué en affirmant que la « violence palestinienne » était à l'origine de ce phénomène perceptible dans la société israélienne.
Comme Sarkozy, le président américain Barack Obama s'oppose à la politique de colonisation de la Cisjordanie occupée. Mais s'il a entouré d'un voile de confidentialité la visite de M. Netanyahu à Washington, il n'en maintient pas moins la pression sur les Palestiniens pour qu'ils reparlent de paix. Obama n'a cependant pas réservé d'accueil très chaleureux à Netanyahu. Lundi, ce dernier a été reçu au bureau Ovale où n'avaient été admis ni journalistes ni caméras de télévision, contrairement à l'usage en cas de visite d'un Premier ministre israélien. En Israël, les journaux ont interprété le caractère confidentiel de la visite comme une rebuffade. Hier cependant, un haut responsable israélien a assuré que la rencontre à la Maison-Blanche avait permis de « briser la glace » entre les deux hommes. « Lors de cette entrevue, MM. Netanyahu et Obama ont établi une vraie relation », a-t-il affirmé. Mardi déjà, Netanyahu lui-même s'était félicité des résultats de sa rencontre avec Obama en la qualifiant de « très positive ».

Indemniser les réfugiés juifs ?
D'autre part, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a rencontré mardi à Washington l'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, a annoncé le département d'État sans autres détails. Ces entretiens font partie de « la même phase » de discussions avec les acteurs du processus de paix au Proche-Orient que ceux qu'avait eus la secrétaire d'État, Hillary Clinton, lors de son voyage dans la région la semaine dernière, a affirmé un porte-parole, Philip Crowley. « Nous continuons d'inviter les deux parties à entamer des négociations dès que possible, mais nous reconnaissons que des écarts subsistent » entre les parties, a-t-il ajouté, concluant : « Nous continuons d'œuvrer pour clarifier les choses et réduire ces écarts. »
Parallèlement, le Parlement israélien a commencé à examiner un projet de loi stipulant que tout accord de paix au Proche-Orient devra prendre en compte l'indemnisation des réfugiés juifs forcés à quitter les pays arabes. Ce texte déposé par un député du parti religieux Shass (ultraorthodoxe), membre de la coalition au pouvoir, a été adopté en lecture préliminaire avec le soutien du gouvernement par 49 voix contre 5, a précisé à l'AFP le porte-parole de la Knesset, Giora Pordes. Il doit passer encore trois lectures avant d'avoir force de loi. Il prévoit que le problème des réfugiés juifs devra être abordé à chaque fois que sera évoquée la question des réfugiés palestiniens « lors des négociations (...) ». Dans une première mouture, le député du Shass, Nissim Zeev, voulait conditionner tout accord de paix à un règlement préalable des indemnités à verser aux juifs originaires des pays arabes et installés en Israël. Cette clause, qui risquait de rendre pratiquement impossible tout accord, a été finalement retirée du projet de loi.