dimanche 15 novembre 2009

Israel: pas le moral?

Publié le 14-11-2009


"Nous perdons notre légitimité", se plaint Sever Plocker dans un article du quotidien israélien Yedioth Aharonot, intitulé "Une épine au flanc du monde", concernant la cote dramatiquement basse d’Israël dans l’ensemble du monde, malgré les effets de manche et l’agitation redoublés.

"J’ai été invité à faire à l’université d’Oxford une conférence sur l’économie et la société israéliennes Dès lors qu’il s’agit d’une intervention courte et d’un forum respectable, j’ai accepté avec plaisir. L’invitation remonte à environ six mois. Mais, maintenant que mon voyage approche, je m’inquiète et j’hésite.

Mon entourage m’avertit : N’y va pas. Des éléments hostiles provoqueront des troubles, des clameurs et des interférences. L’atmosphère dans les universités britanniques est anti-israélienne à un degré sans précédent. Israël est perçu comme une épine au flanc du monde civilisé.

Un professeur israélien qui a quitté sans éclat une prestigieuse université britannique m’a confié : « Ma vie professionnelle et sociale était intolérable ici. Des collègues m’évitaient comme si j’étais un lépreux. Je n’étais pas invité aux réunions, qui étaient transférées des locaux universitaires vers des résidences privées, afin de me tenir à l’écart. Le fait que j’exprime ouvertement des opinions de gauche n’y remédiait en rien. Mon opposition à l’occupation et mon approbation sur un retour aux frontières de 1967 ne faisaient aucune différence. En pratique, je suis devenu ostracisé ».

« Aujourd’hui, vous ne recevez bon accueil du monde universitaire britannique et européen que si vous rejetez l’existence même de cette créature colonialiste et impérialiste qui commet méthodiquement des crimes de guerre, connue sous le nom d’Israël », disait-il. « De nos jours, condamner Bibi et Barak ne suffit pas ; pour être accepté par les milieux académiques hors d’Israël, il faut condamner la Déclaration Balfour ».

Le radicalisme universitaire britannique met en lumière la détérioration accélérée du statut et de l’image d’Israël. Nous sommes au milieu d’une descente en chute libre sur le front des affaires étrangères. La paix froide avec trois états musulmans – Egypte, Jordanie et Turquie – a viré à la guerre froide. Les Israéliens sont indésirables dans ces états et dans beaucoup d’autres, où auparavant on leur faisait fête.

Entre temps, Israël a échoué dans ses efforts pour isoler l’Iran d’Ahmadinejad et pour le disqualifier comme membre de la communauté internationale. Jubilation d’Ahmadinejad.

Le dialogue intime qui dans le passé caractérisait la relation entre le président américain et le premier ministre israélien est paralysé. La voie du dialogue est bloquée. L’Inde et la Chine, les deux puissances émergentes, ont voté en faveur de l’adoption du Rapport Goldstone à la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies. Ce qui, depuis, reste gravé au front d’Israël comme un signe de malédiction.

Des gouvernements amis, comme la France et la Grande Bretagne, se mettent à nous tourner le dos en flattant les sentiments locaux. Le statut de membre de l’OCDE, qui dans le passé était largement un acquit, est de nouveau tenu à distance – non pas du fait de quelque désaccord technique mais à cause d’une opposition croissante à Israël. Coïncidence ou non, d’importants investisseurs étrangers se retirent d’Israël.

Est-ce que tout le monde nous déteste ? C’est possible, mais le fait est que jusqu’à il y a six mois, Israël bénéficiait d’un extraordinaire élan dans les affaires extérieures, aussi bien pour ce qui concerne ses liens avec l’étranger que dans l’opinion publique globale. Ce qui met en évidence une origine de la détérioration que nous constatons : le nouveau gouvernement à Jérusalem.

Certes, il s’agit d’un gouvernement élu par le peuple et il reflète les préférences des électeurs, qui voulaient une coalition incluant le Likoud, Shas et Yisrael Beiteinu. C’est dans ce cadre que Netanyahu a nommé Lieberman comme ministre des affaires étrangères, qu’il n’a pas accepté de rotation gouvernementale avec Kadima, qu’il a été incapable d’organiser une réunion de travail avec le président de l’Autorité palestinienne et qu’il a laissé se répandre un message d’indifférence à l’égard du processus de paix.

Pire que cela, cependant, le Netanyahu de 2009 ne comprend pas le monde et il échoue principalement à percevoir les changements qui s’effectuent au sein des partis conservateurs proches de sa position politique. Ce sont eux qui sont maintenant la source d’âpres critiques contre le gouvernement israélien – le gouvernement de Netanyahu.

La présente vague anti-israélienne est particulièrement dangereuse dès lors qu’elle n’est pas limitée aux médias et aux groupes gauchistes traditionnellement étiquetés « haïsseurs d’Israël ». Cette vague monte, s’amplifie, entraînant la jeunesse et reflétant la manière de voir d’une classe moyenne bien établie et d’élites influentes.

L’image d’Israël est à son point le plus bas. Israël est isolé, indésirable et perçu comme mauvais. Le monde nous fait comprendre que, si nous poursuivons sur la même voie méprisable, nous perdrons notre légitimité.

Et pourtant, ce sont des inepties qui nous préoccupent. "

Source : http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3798761,00.html

(Traduit par Anne-Marie PERRIN pour CAPJPO-EuroPalestine)

CAPJPO-EuroPalestine