mardi 13 octobre 2009

Réconciliation : Ce n’est pas pour demain !

Les discours de Abbas et Machaâl attisent les tensions en Palestine

Le peuple palestinien semble voué à vivre dans l’instabilité, l’insécurité, l’oppression et le manque, non seulement à cause d’un occupant israélien qui fait tout pour le pousser à accepter l’ordre établi mais aussi parce que ses enfants se sont transformés en pires ennemis.

Dans deux discours prononcés au cours de la même soirée de dimanche dernier, le président Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne et chef du Fatah, et le chef du bureau politique du mouvement Hamas Khaled Mechaâl, établi à Damas, ont mis fin a tout espoir de réconciliation prochaine. L’espoir de voir signer le 26 de ce mois d’un accord qui mettra fin à la division sous les auspices de l’Egypte s’effiloche. Pour la première fois depuis le report de l’examen du rapport Goldstone, le président Mahmoud Abbas s’est adressé au peuple palestinien et a réagi aux réactions du mouvement Hamas qui l’a traité de « traître » qui veut couvrir les crimes israéliens.

Abbas a dit que le peuple a le droit de critiquer et le président élu doit prendre toutes les responsabilités. « Je respecte tous les points de vue exprimés par les factions de l’OLP, les partis et les citoyens ordinaires, car leur motivation était la poursuite des criminels. » Quant aux graves accusations portées contre lui par des porte-parole et des dirigeants du mouvement Hamas, Abbas les a mises sur le compte de la volonté du Hamas d’éviter d’aller à la réconciliation nationale pour consolider « l’émirat obscurantiste et détruire le projet national en cohérence avec israël et ses plans tendant a empêcher l’établissement d’un Etat palestinien ». A propos de cet Etat indépendant, Mahmoud Abbas a rejeté tout compromis quant à ses frontières en réitérant son refus d’un Etat avec des frontières provisoires, ce qu’accepte le Hamas, selon le président palestinien.

Khaled Mechaâl, le chef du bureau politique du Hamas, dont le discours a succédé à celui du président Abbas a vivement attaqué la direction de l’Autorité palestinienne et appelé à la reconstruction de l’OLP. « Nous appelons à la constitution d’une référence nationale palestinienne de nouveau et à la reconstruction de l’OLP », a martelé Mechaâl. Le chef du Hamas a dit que le président palestinien tente de se soustraire à ses responsabilités envers « le scandale Goldstone ». La réconciliation palestinienne signifie pour Mechaâl, mettre de l’ordre dans la maison palestinienne, dans le cadre d’une autorité nationale palestinienne, l’entente sur le programme politique ainsi que le mécanisme de la prise des décisions politiques. « Nous voulons la réconciliation pour ôter le prétexte pris pour affamer Ghaza et opprimer la Cisjordanie », a aussi dit Khaled Mechaâl.

Volées de bois vert

Dans la rue palestinienne, hautement politisée, les réactions étaient différentes. Abou Abdallah, un jeune officier de l’Autorité palestinienne pense que « le mouvement Hamas a refusé le rapport Goldstone dès sa publication et a dit qu’il mettait la victime et le bourreau a égalité, pourquoi toute cette hystérie alors qu’on s’apprêtait à aller au Caire pour mettre fin à la division qui nous détruit tous ». Pour M’hamad, un propriétaire d’un supermarché au quartier El Nasr à Ghaza, qui dit n’être ni du Fatah ni du Hamas : « La population palestinienne est la véritable victime de ce continuel combat fratricide. Nous sommes dans une situation jamais vécue depuis la catastrophe de 1948, non pas à cause de l’ennemi israélien auquel on sait comment répondre mais à cause de raisons partisanes. Le Hamas et le Fatah prouvent chaque jour qu’ils sont incapables de cohabiter, chacun d’entre eux veut le gâteau, malheureusement empoisonné, pour lui tout seul.

Nous regrettons aujourd’hui et plus que jamais le président Yasser Arafat qui avait le pouvoir d’unifier tout le monde. » Quant à Abou Choukri, un jeune de 30 ans, partisan du mouvement Hamas, la réconciliation est impossible avec ceux qu’il a qualifiés de « corrompus au service des états-Unis et d’israël ». « Nous sommes mieux ainsi. Je préfère l’embargo au retour de ceux qui ont volé l’argent du peuple et qui travaillent pour israël », a-t-il dit.

Par Fares Chahine

http://www.elwatan.com/Reconciliation-Ce-n-est-pas-pour