lundi 7 septembre 2009

Vite vite quelques colonies encore...

publié le dimanche 6 septembre 2009

Renée-Anne Gutter
Le Premier ministre israélien veut donner le feu vert à de nouvelles colonies. Il est pourtant à deux doigts de conclure un gel de celles-ci avec Washington.

Benjamin Netanyahu s’efforce de ménager à la fois l’administration Obama, les Palestiniens et sa propre droite nationaliste. Mais en vain. Cela fait plusieurs jours qu’il affirme être à deux doigts d’un accord avec les Etats-Unis sur un gel temporaire de la construction juive dans les territoires palestiniens. Mais, vendredi, son cabinet a annoncé qu’avant d’appliquer ce gel, le Premier ministre israélien compte encore donner le feu vert à "des centaines" de nouveaux chantiers juifs en Cisjordanie. Il en a informé Washington.

"Inacceptable", a immédiatement réagi le président palestinien Mahmoud Abbas. "La seule chose qui s’en trouvera gelée sera le processus de paix", a déclaré le négociateur palestinien Saèb Arekat.

Selon des sources palestiniennes, l’Autorité palestinienne de M. Abbas envisagerait même, à présent, de s’adresser à l’Union européenne pour qu’elle lance des sanctions contre Israël.

Par ailleurs, dans l’entourage de M. Netanyahu, l’on a admis vendredi que les Etats-Unis n’approuvaient pas non plus ce projet d’accélération avant le gel [1]. Car, à leurs yeux, il contredit l’esprit des tractations en cours sur l’arrêt de l’expansion juive. Mais le parti Likoud de M. Netanyahu se réjouit.

Les Palestiniens sont d’autant plus exaspérés que l’accord sur lequel M. Netanyahu serait en voie de conclure avec les Américains est lui-même déjà irrecevable à leurs yeux. Cet accord sera au centre des entretiens que l’émissaire américain George Mitchell doit reprendre la semaine prochaine à Jérusalem, en vue d’ouvrir la voie à un sommet Obama-Netanyahu-Abbas à la fin de ce mois à New York, en marge de l’assemblée générale des Nations unies. MM. Obama et Netanyahu aimeraient que ce sommet donne le coup d’envoi à la reprise des négociations de paix. Mais M. Abbas a réitéré cette semaine qu’il ne rencontrera pas M. Netanyahu tant que celui-ci n’aura pas totalement gelé la construction juive dans les territoires.

Or, à en croire les sources israéliennes, l’accord imminent entre Israël et les Etats-Unis [2] prévoira un moratoire sur la construction juive en Cisjordanie pour une durée non encore précisée, mais pas plus longue que "quelques mois". Et il ne concernera ni les 2500 unités de logement qui sont déjà à divers stades de construction dans les colonies existantes, ni les "centaines" de nouveaux chantiers auxquels M. Netanyahu devrait prochainement donner sa bénédiction. Israël continuera donc à bâtir sur ces milliers de sites.

Le moratoire ne concernera pas Jérusalem non plus. C’est-à-dire que les travaux de construction se poursuivront également dans les quartiers juifs situés au cœur et autour de la Jérusalem-Est palestinienne qu’Israël considère annexée à jamais à l’Etat juif. Rappelons que la Cisjordanie abrite aujourd’hui déjà quelque 300 000 colons juifs, au milieu de 2,5 millions de Palestiniens. Les quartiers juifs dans et autour de Jérusalem-Est comptent près de 200 000 habitants, face à quelque 250. 000 Hiérosolymitains palestiniens, et en plus des 280 000 juifs de Jérusalem-Ouest.

En échange du gel en Cisjordanie, le Premier ministre israélien attend du président américain qu’il obtienne des "gestes" du monde arabe. Notamment de la part du Maroc, de la Tunisie, du Qatar et d’Oman, avec qui Israël voudrait rétablir les liens économiques qu’il avait dans le passé. Et de la part d’autres pays dans la région dont les compagnies aériennes d’Israël voudraient pouvoir survoler le territoire. Mais le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déjà déclaré que les propositions d’Israël sur la colonisation n’étaient "pas sérieuses" et "pas suffisantes" pour relancer le processus de paix avec les Palestiniens.

[1] voir aussi le JDD :

Israël : Obama regrette

Le président américain a fait savoir vendredi qu’il regrettait le projet israélien de construire de nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie.

Un conseiller de Benjamin Netanyahou a révélé vendredi matin que le Premier ministre israélien avait l’intention d’avaliser la construction de nouveaux logements dans les colonies juives de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. "Plusieurs centaines", a-t-il précisé sous couvert d’anonymat.

Une annonce qui a provoqué l’ire de la Maison blanche. Depuis son entrée en fonction, l’administration de Barack Obama réclame en effet la cessation de toute activité de colonisation mais n’a arraché jusqu’à présent aucun engagement clair au chef du gouvernement israélien, qui est sous pression de son propre parti, le Likoud et de ses partenaires de gouvernement plus à droite encore.

Par la voix de son porte-parole, la présidence américaine a dit "regretter" ce projet israélien, le présentant comme contrariant pour les efforts américains visant à relancer les négociations de paix avec les Palestiniens. Gibbs a ajouté que le projet israélien était incompatible avec les obligations de l’Etat juif aux termes de la "feuille de route" pour la paix de 2003, accepté par les deux protagonistes. "Comme le président l’a déjà dit, les Etats-Unis n’acceptent pas la légitimité de l’expansion continue des colonies et nous insistons pour qu’elle cesse", a déclaré Robert Gibbs, précisant toutefois que Washington poursuivrait les tractations.

De leur côté, les Palestiniens ont jugé "inacceptable" cette nouvelle expansion. En visite à Paris, Mahmoud Abbas a exclu toute rencontre avec le Premier ministre israélien si celui-ci donnait son feu vert à de nouvelles implantations alors que Barack Obama espère organiser un sommet tripartite avec les deux hommes ce mois-ci en marge de l’Assemblée générale annuelle de l’Onu à New York.http://www.lejdd.fr/International/P...

[2] voir aussi Serge Dumont dans le Temps :

Colonies : accord entre les Etats-Unis et Israël

Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, est prêt à geler les constructions en Cisjordanie durant neuf mois pour débloquer le processus de paix

Au terme de discussions fastidieuses, Israël et les Etats-Unis ont conclu un accord prévoyant l’interruption des constructions dans les colonies de Cisjordanie durant une période de neuf mois. Cette période serait alors mise à profit pour initier la reprise des négociations de paix entre l’Etat hébreu et l’Autorité palestinienne.

Cet accord, négocié par Ytzhak Molkho, un avocat de Jérusalem promu envoyé spécial de Benyamin Netanyahou, et par l’émissaire américain pour la paix au Proche-Orient, George Mitchell, sera officialisé la semaine prochaine, à l’occasion d’une nouvelle visite de deux jours de l’Américain dans la région.

Jérusalem-Est exclu

Mais les entourages du président américain et du premier ministre israélien confirment qu’il a bien été conclu. Il prévoit entre autres, qu’en échange du gel des constructions en Cisjordanie, l’administration américaine tentera de « convaincre » plusieurs pays arabes de reprendre des relations avec Israël. C’est semble-t-il le cas du Qatar et d’Oman, de la Tunisie et du Maroc qui rouvriraient leurs bureaux d’intérêts et/ou représentations commerciales à Tel-Aviv. Plus discrètement, d’autres Etats toujours officiellement en guerre avec l’Etat hébreu autoriseraient les avions des compagnies aériennes israéliennes à survoler leur territoire.

Aux yeux des dirigeants de l’Etat hébreu, le moratoire ne concerne que la Cisjordanie et pas Jérusalem-Est (la partie arabe de la ville sainte annexée en 1967) où le développement de nouveaux lotissements destinés aux Juifs ainsi que l’érection de bâtiments publics devraient se poursuivre. En outre, avant la proclamation officielle du moratoire en Cisjordanie, Benyamin Netanyahou promet d’autoriser la construction de centaines de nouveaux immeubles dans les implantations. Cela, indépendamment des 2500 appartements déjà actuellement en chantier.

Selon les proches du premier ministre israélien, cette décision bénéficierait de l’assentiment de Washington. Mais l’ambassade américaine à Tel-Aviv est beaucoup moins formelle. Quoi qu’il en soit, l’Autorité palestinienne juge cette décision « entièrement inacceptable ». « Nous exigeons un gel complet », a déclaré le président Mahmoud Abbas à la sortie du palais de l’Elysée où il rencontrait Nicolas Sarkozy. Pour sa part, le ministre palestinien des Négociations, Saeb Erekat, a affirmé : « Ce qu’Israël va finalement geler, c’est le processus de paix. »

Pour les chroniqueurs politiques israéliens, Benyamin Netanyahou, en annonçant une vague de nou­velles constructions dans les implantations avant le moratoire, a d’abord voulu calmer la plupart des ministres de son gouvernement ainsi que des députés de sa majorité, qui soutiennent la poursuite de la colonisation. Il a sans doute également voulu rassurer les ressortissants de l’Etat hébreu dont 76% souhaitent l’agrandissement des colonies, selon les sondages publiés à la fin de la semaine dernière.

« Perte de temps »

Pour montrer leur détermination, les élus du Likoud veulent en tout cas profiter de l’arrivée de George Mitchell à Jérusalem pour organiser une convention « renforçant le projet du Grand Israël ». Quant au ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, qui est également le président et leader du parti d’extrême droite « Israël notre maison », il a déclaré au quotidien Yediot Aharonot que les négociations avec les Palestiniens sont « une perte de temps ». A l’en croire, Israël « devra apprendre à vivre sans accord de paix » jusqu’en 2025.

[http://www.letemps.ch/Page/Uuid/296...

publié le 5 septembre par la Libre Belgique

http://www.lalibre.be/actu/internat...