dimanche 20 septembre 2009

USA-Proche-orient : Un échec aux graves conséquences

George Mitchell a appelé Palestiniens et Israéliens à « prendre leurs responsabilités » alors même que les causes de l’échec de sa mission sont connues. Quel est le rapport entre celui que vient d’établir le chef de la mission d’enquête de l’ONU sur les crimes israéliens, et celui que l’émissaire américain pour le Proche-Orient s’apprête à adresser à ses responsables ? Deux sujets séparés, mais également proches par leur thématique, et le président américain a relevé dans un de ses discours à quel point était grande l’injustice faite au peuple palestinien. Là est l’élément commun puisqu’il faut remonter à cette injustice pour en établir les causes qui tiennent en un seul mot, l’occupation. Une occupation israélienne pour bien la définir, et rappeler qu’elle n’aurait jamais pu être possible sans l’appui multiforme apporté à Israël, jusque et y compris dans le domaine militaire largement utilisé contre les Palestiniens. Et il en est qui s’en prennent à l’émissaire onusien, le magistrat sud-africain dont la compétence a été pourtant louée quand il s’agissait de juger les criminels yougoslaves et rwandais. Richard Goldstone a touché le fond de la question, et dit tout haut et de manière solennelle, ce que l’opinion internationale sait d’Israël, un Etat criminel, et capable de toutes les sauvageries.

Mais-dira t-on et en dépit de mises en garde antérieures justement sur l’écart existant entre les forces en présence et sur la nature non conventionnelle du conflit palestinien, il s’est laissé aller à un certain équilibrisme en laissant entendre que les Palestiniens ont eux aussi commis des crimes de guerre, alors que leurs moyens sont dérisoires, et qu’en fin de compte, ils sont en droit de se défendre, puisque privés de leurs droits les plus élémentaires, en raison de l’obstruction israélienne dont est également victime la diplomatie américaine qui entend relancer le processus de paix au Proche-Orient. Effectivement, l’émissaire américain George Mitchell est rentré bredouille de ses entretiens avec les dirigeants israéliens, sans être parvenu à obtenir un accord sur un gel de la colonisation juive et une reprise du dialogue israélo-palestinien. Au terme d’une nouvelle mission de quatre jours dans la région, M. Mitchell a discrètement quitté Israël sans faire la moindre annonce, après un ultime entretien avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ont rapporté les médias israéliens.

Selon ces médias, l’envoyé spécial américain pour le Proche-Orient, qui a multiplié ces dernières 48 heures les navettes entre M. Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah (Cisjordanie), n’a pas réussi à convaincre le dirigeant israélien de lâcher du lest sur les colonies. Et là se pose un point de droit, et même les choses sont appelées par leur nom, colonisation. En d’autres circonstances, il n’y a jamais eu une quelconque négociation, et les occupants étaient chassés par la force. Israël est-il nécessaire de le rappeler occupe par la force des territoires, et refuse de les restituer. Les efforts de M. Mitchell pour favoriser la relance des négociations de paix achoppent justement sur le refus des Israéliens d’arrêter la colonisation en Cisjordanie occupée. Un défi lancé à la face du monde. Les Palestiniens réclament un gel complet des constructions. « Le sénateur Mitchell nous a informés n’être pas parvenu à un accord avec les Israéliens sur un arrêt de la colonisation », a déclaré à la presse le négociateur palestinien en chef Saëb Erakat, à l’issue de la rencontre entre l’émissaire américain et M. Abbas à Ramallah. « Le président (Abbas) a fait savoir au sénateur Mitchell que la question de l’arrêt de la colonisation ne saurait faire l’objet de compromis », a insisté M. Erakat.

Les consultations de M. Mitchell pour débloquer l’impasse devaient toutefois se poursuivre à New York, où MM. Abbas et Netanyahu doivent assister la semaine prochaine à l’Assemblée générale de l’ONU. « Nous espérons qu’un accord global sur toutes les questions pourra être trouvé. Le sénateur Mitchell déploie tous les efforts nécessaires à cette fin », a expliqué le négociateur palestinien. Le sénateur Mitchell s’efforce d’arracher un accord sur la colonisation afin d’ouvrir la voie à un sommet tripartite la semaine prochaine à New York entre MM. Netanyahu, Abbas et le président Barack Obama, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. Un tel sommet permettrait de relancer les pourparlers de paix suspendus depuis l’agression israélienne contre la bande de Ghaza (décembre 2008-janvier 2009). « Les négociations ne reprendront pas tant que la colonisation n’est pas arrêtée », a répété M. Erakat. Mais après le départ de M. Mitchell, l’ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’ONU, Susan Rice, a dit vendredi ne pas être en mesure d’annoncer un sommet tripartite à New York.

L’émissaire « Mitchell est rentré aux Etats-Unis », a pour sa part indiqué le porte-parole du département d’Etat Ian Kelly. « Naturellement, nous espérions une percée » dans les discussions, a-t-il ajouté. Et aveu d’échec ou annonce de fin de mission comme il l’avait fait une première fois en 2000 quand il n’avait pas réussi à faire accepter par Israël le gel de la colonisation dans le cadre de mesures dites de confiance, l’émissaire américain a appelé jeudi les protagonistes du conflit israélo-palestinien à « prendre leurs responsabilités » afin de permettre la reprise du processus de paix. Cela veut dire quoi au juste, un retrait américain du processus de paix ? C’est exactement ce que voulait Benjamin Netanyahu qui appelait les Américains à laisser seuls face à face, Palestiniens et Israéliens. Un autre espoir disparaîtra. Comme tant d’autres. Ce sera alors la guerre encore et toujours.



Par T. Hocine