samedi 12 septembre 2009

Les grandes puissances veulent une « réunion d’urgence » avec l’Iran

12/09/2009

Les grandes puissances veulent une réunion d'urgence avec l'Iran ; Poutine appelle Téhéran à faire preuve de « retenue » tout en rejetant toute option militaire contre la République islamique.
« Il faut rester ferme pour défendre ses droits au nucléaire. Y renoncer, que ce soit dans le domaine nucléaire ou autre, signifie le déclin », a dit le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, lors de la prière hebdomadaire à Téhéran. « Nous emprunterons le chemin du déclin si, au lieu de résister aux oppresseurs, nous nous montrons faibles face à eux et nous reculons », a-t-il ajouté. L'ayatollah Khamenei a parallèlement mis en garde l'opposition du pays. « Le régime islamique agira avec détermination contre ceux qui ont sorti leur épée pour le combattre », a dit le numéro un iranien.
À Bruxelles, les grandes puissances du groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) ont décidé, après une conférence téléphonique, de demander à l'Iran une réunion « le plus tôt possible », a dit la porte-parole du diplomate en chef de l'Union européenne Javier Solana. Ces pays, pour le compte desquels M. Solana sert régulièrement de négociateur sur le nucléaire avec l'Iran, « continuent à examiner » le dernier document présenté mercredi par Téhéran et ont toujours pour objectif de parvenir « à des négociations substantielles » avec l'Iran, a-t-elle ajouté. Mais ils jugent aussi que le document « ne répond pas aux questions nucléaires » et « est axé sur d'autres choses », a-t-elle souligné.
À Paris, le ministère des Affaires étrangères, relevant que l'Iran n'avait pas répondu aux demandes d'un engagement à négocier sur son programme nucléaire, a dit que la rencontre groupe 5+1/Iran devrait avoir lieu avant l'Assemblée générale de l'ONU à New York qui débute le 23 septembre.
Entre-temps, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a rejeté toute option militaire hier contre l'Iran, un scénario « inacceptable » et « dangereux » selon lui. « Les Iraniens doivent faire preuve de retenue sur leur programme nucléaire », a également déclaré M. Poutine en recevant pendant plus de deux heures des experts et journalistes étrangers du groupe dit de Valdaï, à sa résidence de Novo-Ogarevo près de Moscou.
Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous le couvert d'un programme nucléaire civil. Téhéran dément et refuse toujours de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium, comme l'exige le Conseil de sécurité de l'ONU qui a voté une série de sanctions contre Téhéran.
Pour l'heure, les Européens veulent encore examiner la volonté ou non de l'Iran à dialoguer, avant d'envisager des mesures plus fermes, comme un nouveau train de sanctions, selon un diplomate européen. Parmi les nouvelles sanctions envisagées par les Occidentaux, figure un embargo sur les exportations de carburant et de pétrole raffiné vers l'Iran. Ce pays produit du pétrole, mais n'a pas les capacités suffisantes pour le raffiner.
Dans son document, l'Iran, sans évoquer l'arrêt de ses activités d'enrichissement d'uranium, propose de définir « un cadre international empêchant la recherche, la production, la détention et la multiplication des armes nucléaires et qui aille aussi vers la destruction des armes nucléaires actuelles ». Déjà jeudi, la Maison-Blanche a estimé que « les propositions iraniennes ont constamment manqué aux obligations internationales » de Téhéran. Selon un responsable de la diplomatie américaine, « il n'y a vraiment rien de nouveau dans le paquet lui-même », et « la vraie question est de savoir ce qu'il y a derrière ces propositions, s'il y a une vraie volonté de dialogue ».
Malgré six années d'enquête, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) n'est pas en mesure de dire si le programme nucléaire iranien est totalement pacifique, alors que les États-Unis et Israël soupçonnent l'Iran d'être proche de se doter des moyens de fabriquer la bombe atomique.
L'orient le jour