vendredi 7 août 2009

CONGRÈS DU FATAH : DES DIFFÉRENDS ÉCLATENT ENTRE ABBAS ET DES DÉLÉGUÉS

A .F .P
jeudi 6 août 2009, par : Rédaction Enfants de (la) Palestine,

es portes ont claqué mercredi au deuxième jour du congrès du Fatah à Bethléem, en Cisjordanie. Des délégués demandent des comptes sur les finances depuis la dernière réunion en 1989, et d'autres soupçonnent le président Abbas d'avoir manœuvré pour faire élire ses alliés à la direction du parti palestinien.

e président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a laissé entendre que le congrès devrait être prolongé de deux jours pour s'achever samedi au lieu de jeudi, selon un délégué, Sami Sarhan.

Ce sommet, vingt ans après celui de Tunis, est censé permettre le renouvellement de la direction, débarrasser le mouvement des soupçons de corruption et le renforcer face à son grand rival islamiste, le Hamas, qui a pris le contrôle de la Bande de Gaza par les armes en juin 2007.

Mais la session à huis clos de mercredi a été ponctuée par des cris, et des délégués sont sortis furieux de la salle de réunion. Un délégué, Hussam Khader, a déclaré qu'il s'était levé et avait demandé au Comité central, l'instance dirigeante, de fournir un rapport détaillé de ses activités des 20 dernières années précisant de quelle façon l'argent a été dépensé.

Mahmoud Abbas a répliqué que son discours d'ouverture de mardi était une réponse suffisante. "J'ai élevé une objection et le président m'a ordonné de m'asseoir. Il m'a dit, 'soit vous vous asseyez, soit vous partez", a raconté le délégué.

Les militants de la "jeune garde" comme Hussam Khader, 46 ans, se plaignent en outre de ce que Mahmoud Abbas et les "vieux" du Fatah se sont arrangés pour faire nombre afin de peser sur l'élection des 21 membres du Comité central. Nombre des 2.270 délégués à Bethléem ont en effet été choisis par le président de l'Autorité palestinienne.

Autre sujet de discorde : la représentation des quelque 400 délégués empêchés de quitter la Bande de Gaza par le Hamas, en représailles au refus de Mahmoud Abbas de libérer des geôles de Cisjordanie environ 900 prisonniers appartenant au Mouvement de la résistance islamique. Une centaine de délégués de Gaza ont cependant pu se rendre au congrès, soit qu'ils ont quitté le territoire juste après sa chute aux mains du Hamas, soit qu'ils ont réussi à sortir clandestinement ces dernières semaines.

Au début du sommet, M. Abbas a désigné chargé une commission de proposer un moyen de faire participer les délégués retenus, éventuellement en les autorisant à voter par téléphone ou par courrier électronique.

Mais un groupe de délégués emmené par l'ancien homme fort de Gaza, Mohammed Dahlan, a exigé qu'un tiers des sièges du Comité central et de la deuxième instance, le Conseil révolutionnaire, soit réservé aux représentants de la Bande de Gaza. Un lieutenant de Mohammed Dahlan, Samir Macharaoui, est sorti en coup de vent après avoir lu à l'assemblée un communiqué du groupe.

Mohammed Abbas a rejeté les critiques, déclarant qu'il y avait "une différence entre demander des comptes et régler des comptes", selon le délégué Sami Sarhan. Le président palestinien a ajouté que le succès du congrès était primordial car le monde observait les événements.

La vieille garde du Fatah accusée de "détourner" son congrès

Le premier congrès du Fatah depuis 20 ans s'est poursuivi à huis clos mercredi à Bethléem, au lendemain de son ouverture par le président palestinien Mahmoud Abbas.

Ce dernier souhaite faire émerger une nouvelle génération issue du terrain à la tête du mouvement nationaliste par le biais du renouvellement de son comité central.

Mais la "vieille garde", dont nombre d'éléments ont passé des années en exil, semble faire de la résistance, aussi les réformistes se montraient-ils pessimistes sur l'issue de la réunion, la première à se tenir en territoire occupé.

Le dernier congrès du Fatah, le Ve, remonte à l'année 1989 à Tunis, où s'était installée la direction du mouvement après son expulsion de Beyrouth, en 1982, et avant les accords d'autonomie conclus à Oslo en 1993. La direction en place depuis cette époque est de longue date accusée de corruption, d'impéritie, de suffisance et d'absence de transparence par les "jeunes loups" du mouvement.

Cette fois, le comité central du mouvement se voit reprocher de tenter de fausser le congrès par l'ajout de 700 délégués non prévus à la liste initiale de 1.550 congressistes.

Selon Mansour al Sadi, un des représentants de la nouvelle génération qui souhaite avoir son mot à dire dans la conduite du mouvement, cette "tentative de détournement" vise à maintenir le statu quo.

"Nous réclamions la tenue de ce congrès depuis de nombreuses années mais ceci n'est pas le congrès dont nous avions rêvé", s'est plaint de son côté un autre délégué réformiste, Kaddoura Farès.

De source proche du Fatah, on exclut pourtant toute scission au sein du mouvement nationaliste, affaibli depuis le coup de force de son rival islamiste Hamas à Gaza à la mi-juin 2007.

Si les délégués débattent du programme politique du Fatah, sa charte fondatrice, qui continue à prôner la destruction d'Israël, n'est pas remise en cause.

Lors de son discours d'ouverture, mardi, Mahmoud Abbas a déclaré que le mouvement était voué à créer un État palestinien et à faire la paix avec Israël mais que la "résistance" demeurait une de ses options.

Il n'a pas précisé quelles formes celle-ci pourrait prendre, mais les délégués discutent de nouvelles formes d'action contre la colonisation israélienne, comme la désobéissance civile.

Certains délégués ont réclamé des comptes sur la défaite du Fatah face au Hamas lors des législatives de 2006, mais d'autres ont préféré regarder devant eux en faisant valoir que la tenue même de ce VIe congrès était un succès, même si les islamistes de Gaza ont empêché 400 délégués du Fatah de s'y rendre. Les statuts du Fatah prévoient un congrès tous les cinq ans, mais le défunt Yasser Arafat s'était arrangé pour différer le VIe afin d'éviter toute remise en cause de son autorité.

Ce VIe congrès, qui pourrait se prolonger jusqu'au week-end prochain, doit élire 18 membres du comité central parmi 80 candidats et 120 membres du Conseil de la révolution parmi des centaines de prétendants.

( Mercredi, 05 août 2009)