jeudi 2 juillet 2009

"Ingérence intolérable" dans les affaires d’Israël

mercredi 1er juillet 2009 - 09h:34

Serge Dumont



Nicolas Sarkozy a suggéré au premier ministre Benyamin Netanyahou lors de son passage à Paris la semaine dernière de se débarrasser de son chef de la diplomatie Avigdor Lieberman

« Une ingérence intolérable dans nos affaires intérieures. » L’entourage du ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman (extrême droite), la plupart des députés de la Knesset et l’ensemble des éditorialistes de l’Etat hébreu réagissent vertement aux propos tenus jeudi dernier par Nicolas Sarkozy qui recevait Benyamin Netanyahou pour un entretien à l’Elysée. Une rencontre dont le contenu était censé rester confidentiel. Or, des fuites se sont produites et l’on sait désormais que le président français, qui tutoie le premier ministre israélien de longue date, a notamment conseillé à son interlocuteur de se débarrasser de Lieberman pour faire alliance avec la cheffe de l’opposition Tzipi Livni (du parti centriste Kadima) afin de faire progresser le processus de paix avec les Palestiniens.

Le compte rendu de cette discussion soulève une tempête d’autant plus violente qu’au cours de l’échange le président français a comparé Avigdor Lieberman à Jean-Marie Le Pen. Les propos étaient tellement délicats que Benyamin Netanyahou a ensuite expressément demandé à l’ambassadeur de l’Etat hébreu, Dany Shek, présent à l’Elysée, de ne pas rapporter à son patron la teneur de ce qui venait d’être dit devant lui.

Origine des fuites ?

Au-delà de la polémique sur « l’ingérence française », les commentateurs, tel l’ancien ambassadeur d’Israël en Allemagne, en Belgique et au Luxembourg Avi Primor, estiment que « Nicolas Sarkozy a dit tout haut ce que les Européens pensent tout bas ». « Etant donné ses positions extrémistes, Avigdor Lieberman ne jouit d’aucun crédit sur la scène internationale. Il n’aide donc pas Israël à redorer son image à l’étranger et il est bien que cela soit dit », enchaîne de son côté le chroniqueur de la radio publique Yaron Dekel.

Mais les chroniqueurs s’interrogent également sur l’origine des fuites et ils s’accordent pour affirmer qu’elles ne viennent pas de l’Elysée. Nombre d’entre eux estiment au contraire que la publication des propos de Nicolas Sarkozy a été facilitée par l’entourage de Benyamin Netanyahou. Parce que ce dernier rêve de se débarrasser de Lieberman et que cet incident diplomatique lui permet de préparer le terrain à la conclusion d’une alliance avec les modérés de Kadima. La presse locale a récemment révélé que de discrets contacts entre des représentants du Likoud (le parti de Benyamin Netanyahou) et Kadima se sont poursuivis depuis les élections du 10 février dernier. Un rencontre entre le premier ministre de l’Etat hébreu et la cheffe de file de l’opposition à la Knesset est également prévue en juillet.

1er juillet 2009 - Le Temps