jeudi 23 juillet 2009

Compte-rendu de la rencontre réunissant Dahlan, Abbas et Sharon (2)

[ 23/07/2009 - 03:02 ]
Amman – CPI

Farouq Al-Qaddoumi, le deuxième homme du mouvement du Fatah, a levé le voile sur une rencontre tenue entre deux personnages de son mouvement et l’ancien premier ministre israélien Sharon. La rencontre se concentre sur l’assassinat d’hommes politiques et militaires palestiniens dont le défunt Yasser Arafat.

Pour mettre au courant ses lecteurs, le département français de notre Centre Palestinien d’Information (CPI) a noté opportun de traduire et de publier ci-dessous le compte-rendu de ladite rencontre ; en voici le deuxième volet :

(2)

Sharon : Le premier pas devra être l’assassinat d’Arafat, en l’empoisonnant. En effet, je ne veux pas l’expulser vers un autre pays si je n’ai pas une garantie internationale afin qu’il soit assigné à résidence, sinon, il reviendra.

Abou Mazen : Si Arafat meurt avant que nous ne puissions prendre la situation en main, mettre la main sur les institutions, sur le mouvement du Fatah et sur les brigades d’Al-Aqsa, nous rencontrerons beaucoup de difficultés.

Sharon : Bien au contraire ; vous n’obtiendrez rien tant qu’Arafat est en vie.

Abou Mazen : L’idée est que nous faisons tout passer par Arafat, et cela sera une aubaine aussi bien pour nous que pour vous. Ainsi, se heurter aux factions palestiniennes et liquider leurs chefs, tout cela sera mis sur le dos d’Arafat. Les gens ne diront pas que c’est Abou Mazen qui aura fait ceci et cela. C’est le président de l’autorité palestinienne qui l’aura fait. Moi, je connais bien Arafat. Il n’accepte jamais d’être mis à l’écart. Il veut toujours rester le raïs. S’il perdait tous les privilèges, s’il ne lui restait que le choix d’une guerre civile, il préférait rester raïs.

Sharon : Avant Camp David, vous disiez qu’Arafat était toujours le dernier au courant. Mais Barak et Bill Clinton se sont trouvés étonnés qu’il connaissait tout et en détail.

Dahlan : Nous avons mis en place un service mixant la police et le service de sécurité préventive. Le nombre de ses éléments a dépassé les 1800. Ce nombre sera augmenté par des éléments que vous approuverez. Et nous imposons aux officiers des conditions difficiles et nous faisons tout pour qu’ils nous obéissent. Nous travaillons pour mettre à l’écart tous les officiers qui se permettent de se mettre sur notre chemin. Et nous ne ferons de cadeau à personne.

Nous avons commencé de façon intense à mettre sous contrôle les membres dangereux du Hamas, du Djihad Islamique et des brigades d’Al-Aqsa. Si vous me demandiez de désigner les cinq personnes les plus dangereuses, je pourrais vous donner leurs places avec précision. Cette précision vous permettra de les frapper rapidement, dès qu’ils auront fait un acte contre vous. Et maintenant, nous tâchons à percer les factions palestiniennes, pour pouvoir plus tard les démanteler et les liquider.

Sharon : Je vous épaulerai par le ciel pour frapper tout objectif difficile pour vous. Toutefois, j’ai peur qu’Arafat ait pu vous percer et ait transmis vos plans aux Hamas, au Djihad Islamique et aux autres.

Dahlan : Ce service n’a rien à voir avec Arafat, ni de près ni de loin, hormis les salaires, via Salam Fayyad (le ministre des finances de l’époque). Nous avons pu consacrer un budget pour ce service. Arafat perd de plus en plus sa puissance. Nous ne le quittons pas en cette étape.

Sharon : Nous devons vous rendre facile la liquidation des chefs du Hamas, en commençant par provoquer une crise pour pouvoir tuer tous les chefs militaires et politiques. Ainsi, contrôler le terrain sera plus facile.

Abou Mazen : De cette façon nous échouerons totalement ; nous n’aurons pas la capacité de mettre à exécution quelle partie de ce plan que ce soit. En plus, la situation explosera sans qu’on ait de pouvoir pour la maîtriser.

La délégation américaine : Nous croyons que le plan de Dahlan est parfait et qu’il faut leur laisser un temps d’accalmie pour une maîtrise totale. Vous devez vous retirer de certains territoires et laisser l’affaire de la sécurité à la police palestinienne. Mais dès qu’une opération se sera effectuée, vous reviendrez et frapperez durement afin que les gens sentent que les résistants sont un vrai fardeau et que ce sont eux qui obligent l’armée israélienne de retourner aux territoires évacués.