vendredi 28 novembre 2014

Voulant stopper la résistance, le Shin Bet passe au peigne fin les réseaux sociaux palestiniens

Les services de renseignement israéliens intensifient actuellement leur surveillance des réseaux sociaux utilisés par les Palestiniens, en particulier les jeunes vivant dans Jérusalem occupée.

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Les jeunes Palestiniens révoltés - ici dans le camp de réfugiés de Shuafat dans Jérusalem sous occupation - sont la cible première des services de renseignement des forces d’occupation - Photo : Reuters
Cette initiative a pour but d’identifier ceux qui sont prêts à mener des opérations individuelles de résistance. Selon le journal Yedioth Ahranoth d’Israël, cette tâche incombe à l’agence de sécurité intérieure [espionnage et renseignement] du Shin Bet.
Le journal a noté que le Shin Bet cherche à entraver les opérations individuelles de résistance de cette manière parce qu’il ne peut pas utiliser les mêmes méthodes que celles destinées à empêcher les opérations exécutées par des cellules de la résistance organisée.
Toutefois, l’agence de sécurité a admis que ses chances d’être en mesure d’empêcher des opérations de cette manière sont minces, contrairement aux opérations de groupes constitués qui nécessitent beaucoup de planification et d’interaction - et souvent par téléphone - et sont donc plus faciles à contrôler en utilisant les technologies les plus avancées.
Le commentateur militaire de Yedioth Ahronoth, Ron Ben-Yishai, a révélé que les chefs de l’armée et du renseignement israéliens sont préoccupés par les pressions subies par l’Autorité de Ramallah et venant de l’opinion publique palestinienne pour arrêter la collaboration répressive avec Israël.
Cette collaboration a permis à Israël de stopper un certain nombre d’opérations de la résistance. Ben-Yishai a noté que les Palestiniens considèrent la résistance à Jérusalem comme une réponse « naturelle et nécessaire » au agressions contre la mosquée Al-Aqsa par des groupes juifs d’extrême-droite.
Il suggère que l’on peut ainsi expliquer un ralentissement récent dans les contacts entre les agences répressives de l’Autorité de Ramallah et leurs alter-ego israéliens.
Ben-Yishai a souligné par ailleurs que les Palestiniens dans leur très large majorité ne soutiennent absolument pas la coopération répressive avec Israël. Les Palestiniens pensent en effet que les agents palestiniens sont des espions travaillant pour les Israéliens, vu qu’ils essaient d’entraver les actions de la résistance contre l’occupation.
Les agences de sécurité israéliennes confirment de leur côté que l’opinion publique palestinienne a eu un impact négatif sur les services de sécurité de l’Autorité de Ramallah et sur leur volonté de mettre fin à la détérioration de la situation sécuritaire [du point de vue des Israéliens] en Cisjordanie occupée.
Cependant, deux anciens chefs du Shin Bet ont estimé que l’utilisation de la force ne mettra pas fin à la résistance et que la solution réside dans un accord politique pour mettre fin au conflit.
Dans un article publié par le journal israélien de droite Makor Rishon, Ami Ayalon, le directeur du Shin Bet entre 1996 et 2000, a déclaré que l’étape la plus importante qui doit être engagée est de relancer des négociations sérieuses menées sur la base d’un accord israélien pour la création d’un État palestinien. Il a également averti que si les Palestiniens ne constataient aucun progrès ni aboutissement, cela poussera à poursuivre leur résistance.
Ayalon a appelé à des mesures sur le terrain pour augmenter le sentiment de sécurité des colons juifs dans Jérusalem occupé en déployant des milliers de soldats, policiers et agents de renseignement dans la ville, ainsi qu’en plaçant des gardes dans les établissements publics pour réduire la capacité d’attaque des Palestiniens.
Le directeur du Shin Bet de 2005 à 2012, Yuval Diskin, croit que les dirigeants israéliens de droite trompent leurs citoyens en prétendant que l’insurrection et une troisième intifada à Jérusalem peuvent être arrêtées par le seul usage de la force.
S’exprimant dans Yedioth Ahronoth, Diskin déclare : « Étant celui qui a fait face à la première Intifada puis à l’Intifada Al-Aqsa, et comme quelqu’un qui a dirigé des opérations et a participé à des guerres, je dis que la logique défendue par la droite [israélienne] d’utiliser toujours plus de force pour affronter la résistance palestinienne n’est pas crédible. »
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Saleh al-Naami est un réfugié palestinien qui vit dans le camp d’al-Maghazi dans le centre de la Cisjordanie. Il est titulaire d’une maîtrise en études politiques à l’Université de Jérusalem, et il prépare actuellement un doctorat. Son site : http://www.naamy.net/
https://www.middleeastmonitor.com/b...
Traduction : Info-Palestine.eu