samedi 22 novembre 2014

Quand Esther Benbassa se prononce pour la reconnaissance d’un Etat Palestinien

Libération vient de publier une tribune de la sénatrice EELV (Val de Marne) dans laquelle celle-ci recommande, la reconnaissance par la France d’un Etat palestinien, parce que « c ‘est bon pour les Juifs » et pour « neutraliser l’influence du Hamas » !
Après avoir expliqué qu’un tel vote permettra, dans les deux ans, à Mahmoud Abbas de proposer une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un retrait israélien complet des Territoires palestiniens occupés depuis 1967, mais qu’un véto sera probablement opposé par les Etats-Unis à une telle proposition (donc retour à la case départ), Mme Benbassa déclare :
"Tout vote symbolique en faveur de la reconnaissance de l’Etat palestinien aux côtés de l’Etat israélien – dont toutes les parties doivent reconnaître le droit à l’existence et le droit à la sécurité – est néanmoins un pas en avant, et permet de neutraliser l’influence du Hamas, dans un contexte politique moyen-oriental des plus préoccupants. "
Une fois de plus c’est la sécurité d’Israël et sa reconnaissance (comme Etat juif pour les juifs ?) dont il est question, pas celle des Palestiniens massacrés, spoliés, emprisonnés et torturés par Israël.
Et le danger ce ne sont pas les fanatiques religieux juifs qui exercent une violence permanente contre les Palestiniens et tout ce qui n’est pas juif, qui brûlent vifs des enfants, organisent des pogroms, attaquent des villageois, leurs maisons, leurs récoltes et oliviers, leurs animaux, encouragée par un gouvernement d’extrême droite.
Le danger ce n’est pas l’enfermement de ces hommes, femmes, et enfants, depuis 8 ans, dans un grand camp de concentration, sans pouvoir disposer d’eau potable, d’électricité, de nourriture, de soins, et qui sont bombardés à volonté par l’occupant israélien.
Non le danger, voyez-vous, c’est le Hamas (prononcer de préférence « Khamas », à l’israélienne, comme les journalistes de révérence), qui ose se défendre contre un occupant, dont la seul préoccupation est d’éliminer un maximum de non-juifs, quels que soient les moyens employés pour les chasser ou les anéantir.
Et pour faire bonne mesure, Mme Benbassa, nous chapitre d’un petit couplet sur « les effets délétères de l’identification aux Palestiniens" en affirmant de manière mensongère que les manifestations de cet été ont été le théâtre de "violences et de dérapages ».
Le problème ce n’est pas de mettre un terme à l’occupation, au nettoyage ethnique, à la dépossession, aux massacres et tortures d’enfants palestiniens, à près de 70 ans d’injustice et de violation par Israël des droits de l’homme et du droit international.
Non, la reconnaissance de la Palestine (toute platonique s’entend, et sans qu’aucune mesure contraignante permette de lui donner un sens) aurait pour principal intérêt de « couper l’herbe sous le pied de ces petites minorités promptes à accuser ’les juifs’ de je ne sais quels complots. »
Donc la sénatrice "verte" demande un « équilibrage » entre les deux camps, entre le violeur et sa victime, comme dirait Shamai Leibowitz, avocat israélien et opposant à l’occupation.
Elle ne peut pas demander tout simplement la reconnaissance de la Palestine, parce que c’est un dû, parce que c’est l’application du droit international ? Apparemment pas.