jeudi 14 août 2014

Le Hamas presse Abbas de rejoindre la Cour Internationale de Justice

Le Hamas prend conseil auprès d’hommes de loi réputés pour savoir s’il risque d’être lui-même l’objet de poursuites.
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Victime d’un bombardement israélien, le petit enfant Rizeq al-Hayek est enterré par les siens à Gaza le 19 juillet 2014 - Photo : APA/Ezz al-Zanoun
Le Hamas a décidé de demander au président Mahmoud Abbas de signer le Traité de Rome qui permettra à la Palestine de devenir membre à part entière de la Cour Internationale de Justice malgré le risque d’être lui-même poursuivi, a appris le Middle East Eye.
Moussa Abu Marzouk, le vice-président du Hamas qui mène les négociations au Caire, a reçu l’ordre de signer le document qui permettra à l’état de Palestine de devenir membre de la Cour Internationale de Justice de la Hayes, a appris MEE. La décision a été prise lors d’une réunion au sommet entre le responsable palestinien des négociations, Saeb Erekat, et le leader du Hamas, Khaled Meshaal.
Le document porte déjà les signatures des membres du Comité Exécutif de l’OLP, du Comité Central du Fatah et d’autres organes de l’OLP, comme le Front Populaire et le Front Démocratique. Mais Abbas lui-même résiste à cause des fortes pressions étasuniennes et européennes.
Un enregistrement où on entend Erekat critiquer le refus d’Abbas de devenir membre de la Cour International de Justice a fuité récemment. Depuis Erekat a pris la tête d’une campagne pour forcer la main d’Abbas. L’OLP a tenu un meeting récemment au cours duquel toutes les factions ont signé le document de candidature à la Cour Internationale de Justice.
Jusqu’à présent, Abbas a résisté aux pressions de signer le Traité de Rome de 2002, le traité qui a établi la Cour Internationale de Justice, sous prétexte que cela exposerait les groupes de militants palestiniens à des poursuites.
La décision du Hamas a rendu caduque cette objection, a appris MEE d’une source sûre. Selon cette source, le mouvement a dit qu’il ne voulait pas qu’on se serve de lui pour faire obstacle à des poursuites contre Israël pour crimes de guerre. Deuxièmement, selon la source, le Hamas pense qu’il serait en mesure de réfuter des accusations de crimes de guerre devant la Cour Internationale de Justice.
Cette source a dit à MEE que le Hamas a consulté de nombreux cabinet juridiques, y compris un cabinet anglais très réputé, pour évaluer sa propre vulnérabilité à des poursuites pour crimes de guerre. La décision de signer le document a été prise au cours des deux derniers jours. Selon la source, mettre fin à l’impunité d’Israël est devenu capital pour la cause palestinienne, et cette décision est une preuve supplémentaire de l’unité de toutes les organisations palestiniennes au lendemain du bombardement acharné de Gaza.
L’Union Européenne tente d’empêcher cela en disant que l’appartenance de la Palestine à la Cour International de Justice mettrait en danger la conférence des pays donateurs pour la reconstruction de Gaza qui doit avoir lieu le premier septembre.
Dans l’enregistrement qui a fuité, - et dont Erekat a dit par la suite que ses paroles avaient été sorties de leur contexte -, le chef négociateur de l’OLP aurait dit :
"Pourquoi Netanyahou accepte-t-il de participer à des négociations qui ne servent à rien si ce n’est pour pouvoir construire plus de colonies ? … Vous, Abu Mazen, vous avez la possibilité d’empêcher Netanyahu de voyager dans le monde entier sauf de l’aéroport de Ben Gourion à New York. C’est un criminel de guerre méprisable et répugnant. Il s’est approprié [toute la terre] de la rivière [Jourdain] jusqu’à la mer. A-t-il laissé le moindre pouvoir à l’Autorité [Palestinienne] ? Quand vous [Abbas] voyagez de Ramallah à Amman vous devez appeler un lieutenant [du bureau de coordination de l’armée israélienne] de Beit El pour lui dire combien de voitures voyageront avec vous. Ils vous humilient.”
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* David Hearst est rédacteur en chef de Middle East Eye. Il est éditorialiste en chef de la rubrique Étranger du journal The Guardian, où il a précédemment occupé les postes de rédacteur associé pour la rubrique Étranger, rédacteur pour la rubrique Europe, chef du bureau de Moscou et correspondant européen et irlandais. Avant de rejoindre The Guardian, il était correspondant pour l’éducation au sein du journal The Scotsman.