mercredi 16 juillet 2014

Le calvaire de Gaza : l’indifférence quasi-générale…

La trêve proposée par Israël à Gaza, c’est un peu l’histoire du voleur qui, ayant battu une vieille dame à mort pour lui dérober sa montre, lui dirait : « Maintenant, je peux te donner l’heure et nous ferons la paix… » Quant à la soi-disante médiation égyptienne, elle relève du même registre : hypocrisie à tous les étages de la pyramide.
Quand les Frères musulmans avaient démocratiquement pris le pouvoir au Caire, au moins avaient-ils assoupli le blocus sur Gaza. Et, assez intelligemment, avaient permis aux bateaux iraniens d’emprunter enfin le Canal de Suez. Bref, ils faisaient de la politique. N’insultaient pas le puissant voisin israélien et ménageaient à la fois Ankara et Téhéran. Mais avaient peut-être sous-estimé la puissance de « l’ami » saoudien, indéfectiblement lié aux intérêts américains et finalement plus prompt à « s’arranger » avec « l’entité sioniste » qu’à tenter de s’entendre avec « l’ennemi chiite perse », ce « serpent dont il faut écraser la tête… », pour reprendre les propres mots de Ryad. Quant aux Émirats, ils avaient bien autre chose à faire, entre rachat du PSG français et organisation d’une prochaine Coupe du monde de football à Doha…
L’Orient est parfois compliqué, mais il n’est pas interdit de le décrypter. À Gaza, le Hamas est désormais bien seul… Son allié syrien, bien que chiite, a plus à faire sur son front intérieur que de venir au secours de ses « frères » arabes. Le traditionnel soutien iranien tente de sauver son programme nucléaire civil et se voit, devant le chaos irakien menaçant à ses portes, obligé de redéfinir ses priorités géostratégiques. Le Liban fait ce qu’il peut, tentant de sauvegarder ce qui lui reste de souveraineté.
Isolé, le Hamas l’est donc, indubitablement. Acculé à la mer, mais se battant aussi à domicile. Donc autrement plus motivé que ces conscrits israéliens se demandant parfois pourquoi ils peuvent bien se battre.
Pourtant, si Tel Aviv gouverne mal, il se défend bien. D’où cette « proposition de paix », sachant que si Tsahal tentait une opération terrestre à Gaza, ils arracheraient au pire un match nul.  Et, tel que l’avait reconnu le chef d’État-major de cette puissante armée, lors de son erratique opération au Liban contre le Hezbollah : « Quand le faible fait jeu égal avec le fort, cela signifie que le faible a gagné contre le fort… »
Du côté de Washington, tout a donc été mis en œuvre pour convaincre le Premier ministre israélien de retenir ses coups. Et du côté de la France ? Là, une fois de plus, consternation générale.
Le 9 juillet, François Hollande fait part à Benyamin Netanyahu de « sa solidarité de la France face aux tirs de roquettes en provenance de Gaza. » Puis, se rappelant du traditionnel tropisme pro-palestinien de la gauche de sa gauche, se ravise : « La sécurité de toutes les populations civiles doit être assurée et l’escalade doit cesser ! »  Avant de faire la synthèse de ces positions pour les moins contradictoires, lors de sa traditionnelle allocution du 14 juillet : « La France veut un État palestinien à côté d’Israël, assure François Hollande. Israël a droit à sa sécurité, Israël peut se  défendre s’il est attaqué, et en même temps, Israël doit avoir de la retenue, doit avoir de la réserve par rapport à ses actions. »
Bref, personne n’y comprend plus rien. Ou, plutôt, ne comprend que trop bien. La France, jadis traditionnel soutien de la cause palestinienne, est désormais aux abonnés absents. Le reste de l’Europe demeure inaudible. Les Russes font ce qu’ils peuvent, tandis que les pays du Proche et du Moyen-Orient préfèrent regarder ailleurs.
Les Gazaouis n’ont jamais été aussi seuls. À court terme peut-être. Mais sur ce temps long, le temps de l’Orient, le temps qui appartient à Dieu, qui sait ? Le communisme soviétique a mis soixante-dix ans à agoniser, avant de s’effondrer sous son propre poids. Qui dit que l’État hébreu survivra aussi longtemps ? Lui aussi susceptible de crouler, plus sûrement sous ses propres incohérences et son messianisme fou, que de pauvres missiles tirés avec les moyens du bord…
Là, une fois encore, les Gazaouis, toutes confessions confondues, savent pourquoi ils se battent ; alors qu’en face…