jeudi 6 mars 2014

L’interception du navire d’armes iraniennes vers Gaza: le coup monté!

L.Mazboudi
 Non pas que les Iraniens ne veulent pas armer la résistance palestinienne. Le ralliement iranien à la cause palestinienne ne fait aucun doute. Malgré les pressions monstres exercées sur la République islamique d’Iran par les puissances occidentales alliées d’Israël.
La réaction iranienne de "démenti des assertions israéliennes" a d'ailleurs été cursive, via une source militaire anonyme, (pour la chaine de télévision iranienne arabophoen al-Alam)  en réponse à une question. Comme si les Iraniens ne trouvent rien de mal qu'on les accuse d'aider les Palestiniens!
Mais cette histoire de navire interceptée annoncée par des dirigeants israéliens, au moment même où le Premier ministre israelien est en visite à Washington où il voudrait influer sur la position américaine, présente bien des zones d’ombre. Elle interpelle fortement une autre affaire, montée de toutes pièces par les Israéliens sur une cargaison d'armements iraniens au Hezbollah, en septembre 2009!
Erekat: une affaire fabriquée
Un expert militaire palestinien Wassef Erekat est du même avis.
«  C’est une histoire montée de toute pièces par les Israéliens, a-t-il assuré, Netanyahu qui se trouve à Washington pour s’en servir dans ses pourparlers avec Obama pour faire pression sur lui dans le dossier iranien, a-t-il expliqué, pour l'agence de presse palestinienne arabophone Palestine Today.
L'exploitation israélienne
Dans les déclarations israéliennes, l’exploitation de cette histoire par le Premier ministre israélien donne  raison aux Iraniens et à Erekat. Les outils d'apitoiement sur fond humanitaire sont utilisés à fond.
"Au moment où il parle avec les grandes puissances mondiales, l'Iran sourit et dit toutes sortes de choses agréables, mais ce même Iran envoie des armes meurtrières aux organisations terroristes", a dit Netanyahu  sans tarder  accusé dans un communiqué vidéo depuis les Etats-Unis.
"Il le fait via un réseau d'opérations secrètes afin d'envoyer des roquettes, des missiles et autres armes mortelles qui seront utilisées pour nuire à des civils innocents. C'est le vrai Iran et ce pays ne doit pas se procurer des armes nucléaires", a-t-il poursuivi, selon l’AFP.
"Il apparaît une fois de plus que l'Iran continue à être le plus grand exportateur de terrorisme dans le monde", s’est aussi mis à la valse le ministre israélien de la guerre Moshé Yaalon, assurant que "ces armes devaient parvenir à des organisations terroristes dans la bande de Gaza via le Soudan".
Hamas : la manipulation
Le Hamas aussi a stigmatisé la manipulation médiatique israélienne sur cette affaire rocambolesque. Ce mouvement qui selon la version de la 10ème chaine israélienne aurait du être "la destination" de cette soi-disant cargaison d’armements craint surtout un prétexte de plus pour accentuer le siège imposé à la bande de Gaza.
Les medias palestiniens dans les territoires occupés dans leur ensemble affichent également un grand scepticisme face à la version israélienne des faits relayés par les agences internationales sans aucun soupçon.
« Piraterie israélienne : la marine israélienne intercepte un navire en prétextant qu’il transporte des missiles pour Gaza », a titré le site en ligne d’information des Palestiniens des territoires de 1948, « Arabs-48 ».
Le mode conditionnel et le verbe déclaratifs « prétendre » reviennent  souvent dans les articles décrivant cette affaire chez les agences palestinienne Maan, et Palestine Today.
 Version israélienne : ces armes iraniennes qui sont syriennes !!
En effet, on constate dans la version officielle, rapportée par les agences internationales, le passage des « armes iraniennes » aux « armes syriennes » sans comprendre le lien.
Ainsi lit-on dans la dépêche de l’AFP  :

((La marine israélienne a intercepté mercredi matin en mer Rouge un navire transportant "une cargaison iranienne d'armes sophistiquées" destinées à des groupes armés palestiniens dans la bande de Gaza, ont annoncé l'armée et le gouvernement israéliens.
  
Selon le porte-parole de l'armée israélienne Peter Lerner, cité par l’AFP, « lors d'une opération complexe et secrète de la marine israélienne aux premières heures ce matin, les forces israéliennes ont arraisonné dans les eaux internationales entre le Soudan et l'Erythrée un cargo qui transportait une cargaison d'armes iraniennes à destination de la bande de Gaza".
 "L'équipage du navire, le Klos-C, qui battait pavillon panaméen, n'a pas opposé de résistance", a précisé le porte-parole, lors d'un point presse téléphonique.
   "Des dizaines de missiles sol-sol M-302 de fabrication syrienne ont été trouvés. S'ils avaient atteint leur destination, ils auraient menacé des millions d'Israéliens", a-t-il ajouté.))
Syrie-Iran-Irak-Soudan
Pour paraitre plus persuasive, l'armée d’occupation israélienne a assorti son histoire d’une autre parallèle, sur le trajet que ce navire est supposé avoir traversé.
On lit dans l’AFP
(( L’armée israélienne précise dans un communiqué que les renseignements militaires avaient identifié "il y a plusieurs mois" des transferts de ces missiles fabriqués en Syrie, d'une portée d'une centaine de km, soit davantage que celles utilisées jusqu'à présent par les groupes armés de Gaza, de l'aéroport de Damas à Téhéran.
   "C'était inhabituel, car ce genre de transferts ont habituellement lieu d'Iran vers la Syrie, pas l'inverse", souligne le communiqué.
   De Téhéran, la cargaison a ensuite été chargée au port iranien de Bandar Abbas sur le Klos-C, qui a ensuite "gagné le port irakien d'Oum Qasr où il a embarqué d'autres conteneurs de sacs de ciment afin de parachever le camouflage et masquer la connexion iranienne", ajoute l'armée israélienne.
  Lorsqu'il a été intercepté, le cargo se dirigeait vers Port-Soudan, d'où les armes auraient été acheminées par voie terrestre vers Gaza via la péninsule égyptienne du Sinaï, selon le texte.))
Questions indéniables
Dans cette version, des questions demeurent sana réponse. Et rien ne prouve que le navire soit iranien ou a été commandité par les Iraniens. Sinon l’utilisation arbitraire de terme « armes iraniennes », alors qu’elles se sont avérées être syriennes dans la même version israélienne!
D’ailleurs, on conçoit péniblement que ce sont des armes syriennes qui ont été envoyées et non iraniennes ! De même, on comprend mal qu’un pays livré à une guerre sans merci, en l’occurrence la Syrie, soit en train d’exporter ses armes !
Et on comprend plus difficilement que les Iraniens veuillent envoyer des armes aux résistants palestiniens, via la mer, alors que tout le large de la bande de Gaza est hermétiquement bloqué par la marine israélienne !
En revanche, on peut très bien imaginer que les dirigeants israéliens qui affichent leur agacement pour les dernières évolutions sur le dossier iranien  veuillent embarrasser l’Iran et torpiller le lancement des relations irano-américaines en mettant en scène une histoire pareille.  
D’autant qu’ils l'ont fait auparavant,  une fois au moins. ( Voir : Cargaison d'armes au Hezbollah. La Manipulation déchiffrée)
En Novembre 2009. Ils avaient fabriqué toute une histoire  sur une cargaison d’armements iraniens au Hezbollah, à la veille d’un vote à l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette instance se préparait pour voter en faveur du rapport de Goldstone contre les crimes israéliens de guerre dans la bande de Gaza.La plupart des médias occidentaux avaient compris le coup monté et boudé l'histoire. Couvrant alors de ridicule les Israéliens.
Aussi bête que cela peut sembler être, des similitudes se présentent entre ces deux coups-montés, dont des erreurs stupides.
En 2009, des inscriptions anglaises sur les armes interceptées ont été remarquées. Alors que l'Iran ne s'approvisionne nullement en armements américains.
Cette fois-ci, les sacs de ciment qui auraient servi de couvertures aux armes syriennes sont estampillées de "Made In Iran"! Comme si les Iraniens voulaient se faire attraper!
Histoire incroyable certes! Seuls les Américains sont censés l'avaler !
http://www.almanar.com.lb