jeudi 20 mars 2014

La reconnaissance de l’Etat hébreu implique l’acceptation de la version israélienne

Khaled Walid Mahmoud
De temps à autres, le Premier ministre israélien appelle les palestiniens à reconnaitre « Israël » comme un pays juif. C’est une condition pour établir l’Etat palestinien à la souveraineté bafouée.
La dernière déclaration de Netanyahu a été tenue lors de son discours au  Congrès annuel du comité des relations extérieures américano-israéliennes, l’AIPAK. Il déclarait « Président Abbas ; reconnait l’Etat juif… et dis aux palestiniens de délaisser l’illusion de noyer Israël avec les réfugiés ». Toujours s’adressant à Abbas il ajoute : « La reconnaissance de l’Etat juif, prouvera que tu es totalement prêt pour mettre fin au conflit ». C’est une allusion à une question sensible qui est devenu un point important dans les négociations de paix menées par les États-Unis.
De telles déclaration tirent la sonnette d’alarme, et relie la création de l’Etat palestinien à l’obligation des arabes de reconnaitre le caractère juif d’Israël. C’est une évolution grave et porte dans ses entrailles une forme de dévouement aux  discours de l’extrême droite israélienne qui refuse la paix, et l’existence même des palestiniens.
En conséquence nous pouvons affirmer que : le fait de croire au caractère juif d’Israël était une chose acquise pour les américains et les fondateurs d’Israël depuis les premiers instants. Sauf que la reconnaissance [du caractère juif d’Israël]  des palestiniens en premier lieu, puis des pays arabes a de nombreux impacts qui ont fait qu’Israël attende le moment propice pour proposer cette condition. Ces impacts sont l’abandon du droit au retour [des refugiés] et les restrictions sur les arabes de 48 pour les chasser par la suite. C’est pourquoi on songeait à « la solution des deux Etats » avec un Etat juif et un autre palestinien. Le but derrière cela est d’assurer le caractère juif de l’Etat d’Israël, ainsi que la séparation nette des palestiniens afin de les couper du monde pour ne pas qu’ils imposent aux israéliens le choix de l’Etat unique lorsque la démographie jouera en faveur du peuple palestinien.
L’obsession du caractère juif de l’Etat ne cesse d’être promue au sein des élites gouvernantes et dominantes en Israël. Il semble que le recul des ambitions du premier projet sioniste et des premiers fondateurs qui avaient assuré le caractère juif de l’Etat hébreux et qui n’ont jamais hésité à renverser les slogans de libération et de construction de l’Etat démocratique tout en préservant l’identité juive de l’Etat, à trouver aujourd’hui sa résonnance dans les différents partis politiques israéliens ainsi que dans des secteurs variés de l’institution politique et militaire, voire même dans les académies israéliennes. Il semble aussi que le but d’évoquer cette idée aujourd’hui est la consécration et la consolidation du caractère juif de l’Etat d’Israël. C’est-à-dire que c’est un pays pour les juifs et non pour ses citoyens ce qui entraine, en réalité, la reconnaissance du racisme.  
Nul doute que la reconnaissance du caractère juif d’Israël induit l’acceptation de la version israélienne et à toutes les légendes sur lesquelles ce pays s’est construit, comme : tout le territoire palestinien appartient aux juifs, aucun droit pour les arabes et les musulmans sur ces terres, mais aussi, considérer que toute l’histoire islamique et arabe qui a un lien avec la Palestine et la ville de Jérusalem n’est pas vraie.
L’acceptation du caractère juif d’Israël et une acceptation de toutes les fabrications du mouvement sioniste et sa volonté de nier toute forme de civilisation en Palestine et leur prétention que c’est la « terre promise » au peuple juif. C’est pourquoi il est nécessaire de prendre conscience qu’il n’y a pas lieu d’entamer des négociations avec un gouvernement extrémiste afin de trouver une solution politique avec Netanyahu dont l’idéologie est « la sécurité d’abord » et « la paix économique » et dont la création de l’Etat palestinien selon ses critères, sur une partie de la Cisjordanie plus ou moins large selon ses envies du moment, ne dérangerait pas. Mais il faut que cela ait lieu en contrepartie de sommes faramineuses que paieraient les palestiniens sur le dos des « droits des réfugiés et la ligne du 4 juin », de Jérusalem, des eaux et de la souveraineté.