mardi 29 novembre 2011

Le Sénat annule les crédits d'un drone franco-israélien

AFP | 29/11/2011
Le Sénat a annulé dans la nuit de lundi à mardi des crédits alloués au développement d'un drone franco-israélien confié à Dassault, jugé trop cher et pas assez performant, et s'est prononcé pour l'achat de drones américains Reaper.
Le Sénat a voté un amendement à la loi de finances adopté la semaine dernière par la commission des Affaires étrangères et de la Défense par 33 voix contre 3, majorité et opposition confondues, qui remet en cause un choix controversé du ministre de la Défense Gérard Longuet.
M. Longuet avait en juillet décidé d'acheter des drones Heron-TP à l'israélien Israel Airspace Industries (IAI) et d'en confier l'adaptation à Dassault Aviation. Il avait ensuite attribué le développement de la prochaine génération de ces drones MALE (moyenne altitude longue endurance) à Dassault et au britannique BAE Systems.
Les sénateurs ont limité à 209 millions d'euros les crédits destinés à l'acquisition de drones, ces avions de renseignement sans pilote, pour une période transitoire jusqu'à l'arrivée du drone franco-britannique, indique la commission de la Défense dans un communiqué.
"Les 80 millions d'euros ainsi économisés bénéficieront directement aux industriels français et européens, dans le cadre de programmes d'études amont, sans nécessiter l'acquisition de drones Héron TP de l'industriel israélien IAI, plus chers et moins performants que les drones américains", précise-t-elle.
Le groupe aéronautique et de défense européen EADS, qui développe depuis des années un drone MALE baptisé Talarion, avait vivement contesté le choix ministériel, qui risque selon lui de renouveler l'expérience de la rivalité fratricide sur les avions de combat. L'Eurofighter d'EADS et le Rafale de Dassault se retrouvent ainsi en compétition sur les mêmes marchés.
Le Sénat a estimé que les drones américains Reaper, produits par General Dynamics, représentaient "le meilleur matériel au meilleur prix". Les économies ainsi réalisées seront affectées au maintien en l'état des drones Harfang, dont les forces armées sont équipées, jusqu'à l'arrivée des Reaper en 2015, et au financement de la recherche sur la prochaine génération de drones.
En soulignant que 80 millions d'euros "bénéficieront directement aux industriels français et européens", le Sénat laisse clairement entendre qu'il veut laisser une chance à EADS contre le projet Telemos de Dassault et BAE Systems.
D'autant que Paris a réalisé que Londres conçoit la coopération sur ce drone de troisième génération, attendu vers 2020, plutôt comme un appel d'offres conjoint que comme un projet industriel commun.
Dans l'entourage du ministre, on se montrait confiant sur le rétablissement par l'Assemblée nationale des crédits coupés par le Sénat. L'Assemblée a le dernier mot au terme de la procédure budgétaire. 
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