mercredi 2 novembre 2011

500 victimes de l’arnaque aux encarts publicitaires

02.11.2011
A l’issue d’une enquête menée par les gendarmes de la section de recherches de Versailles, trois escrocs, âgés de 42 à 67 ans, ont été mis en examen lundi par un juge d’instruction du pôle financier de Paris. La justice leur reproche d’avoir organisé entre l’été 2009 et la fin octobre 2011 une vaste escroquerie aux encarts publicitaires.  
Ils sont soupçonnés d’avoir abusé de la confiance de 500 personnes en France et en Belgique. Le préjudice estimé s’élève à 700 000 €.
La méthode de la société Info Service Multimédia (ISM), implantée à Paris (XIXe), est simple mais redoutable. Les aigrefins utilisent des fichiers existants d’annuaires qui proposaient de publier des annonces publicitaires. Ils contactent des petits commerçants, des petits artisans et même des congrégations religieuses pour leur proposer un encart au tarif de 400 €. Ils envoient, par fax, des documents à renvoyer dûment remplis avec le paiement par chèque. En fait, très peu d’annonces sont réellement publiées sur un site Internet. Celles vendues en Belgique et destinées à être posées sur le Web ne le seront jamais. Quant à l’annuaire en papier, il n’a jamais existé.
Quelque temps plus tard, le service contentieux ou comptabilité d’ISM contacte le client pour lui expliquer qu’il a commis une erreur et qu’il s’est engagé à payer 20 000, 30000 ou 40000 €. Enfin, un homme se présentant comme le directeur commercial de la société appelle à son tour et se montre bon prince. Il comprend la méprise du client et ne demande que 10000 €. En général, le préjudice par victime se monte entre 500 et 1000 €. Le curé d’un village a même versé 40000 € de sa poche pour un encart destiné à mobiliser les paroissiens pour ses bonnes œuvres.
Le trio a été interpellé par les militaires de la section de recherches de Versailles le jeudi 27 octobre à Paris, dans le XIXe arrondissement, où cette société était domiciliée. Les opérations étaient dirigées par un FrancoIsraélien de 44 ans. Les gendarmes ont profité d’une visite de celui-ci en France pour les vacances pour lui mettre la main dessus. Ils l’ont suivi depuis l’aéroport jusqu’à ce qu’il soit en présence de ses complices. Il travaillait avec un lieutenant, âgé de 42 ans, et un sexagénaire qui avait prêté son nom et servait de gérant de paille.
Les militaires ont établi que les deux tiers de l’argent ont été virés sur un compte en Israël. Et ils ont saisi de nombreuses pièces comptables qui relient les deux hommes aux victimes. Durant les 96 heures de la garde à vue, le trio est passé aux aveux en tentant de minimiser la portée de son entreprise. Les trois hommes étaient jusqu’à présent inconnus de la justice.
Les deux complices ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire avec une forte caution. Le maître d’œuvre a été écroué.
JULIEN CONSTANT
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