jeudi 27 octobre 2011

Le couple Al-Mochtahi : Fidélité et lutte contre l’occupation

[ 27/10/2011 - 00:05 ]
Gaza – CPI
Le chef Rouhi Mochtahi vient d’être libéré par la transaction menée par la résistance palestinienne, surtout par le mouvement de la résistance islamique Hamas. L’histoire de ce chef et de sa femme Om Jamal est exceptionnelle. C’est une histoire d’amour, de sacrifice, de fidélité réciproque. Ils viennent de se retrouver après une rupture forcée qui a duré longtemps, très longtemps, environ vingt-cinq ans.
En effet, six mois seulement après leur mariage, à Gaza, les occupants israéliens l’ont arrêté et enfermé derrière les barreaux. Sa femme était venue de la Jordanie pour le rejoindre à Gaza, empruntant une route des plus dangereuses.
Une fidélité exemplaire
Beaucoup de femmes sont venues la féliciter de la libération de son bien-aimé Abou Djamel, 54 ans. Un seul instant, l’instant des retrouvailles, a suffi pour effacer vingt-cinq de privation et d’éloignement. Elle se rappelle de la première rencontre avec Abou Djamel, en parlant au correspondant du Centre Palestinien d’Information (CPI) : « Il est véridique, franc et fidèle. Je l’ai aimé dès notre première rencontre, surtout pour son franc-parler ».
« Lors de la première rencontre, avant le mariage, dit-elle après un moment de silence, il m’a dit : "Tu dois t’attendre à me voir captif, poursuivi, à me voir martyr. C’est moi et c’est mon chemin" ». Il a préféré que leurs relations se basent sur la franchise.
Le début de l’épreuve
Le couple a commencé une vie d’amour exceptionnelle, un amour entre deux âmes musulmanes. L’homme est un combattant et la femme l’encourage dans sa route de djihad et de sacrifice. Mais six mois après le mariage, un incident est venu perturber cette vie de croyance et de djihad. Le 13 février 1988, un obus que Rouhi manipulait a explosé. Il a été transféré à l’hôpital Al-Maamadani ; les forces israéliennes d'occupation l’ont arrêté tout de suite après.
Sa femme a dit qu’elle avait entendu l’explosion puis vu son mari blessé. Mais elle ne l’a rencontré que quatre mois plus tard, lors de la première visite rendue à son mari dans la prison centrale de Gaza, occupée à l’époque.
Pas de séparation
Om Djamel se rappelle de cette visite : « C’était la première visite et la plus dure. J’étais surprise d’entendre mon mari me proposer la séparation. J’ai catégoriquement refusé. Je lui ai dit :"Je participe à tes efforts ; je suis sûre que ta libération est proche. Si nous ne nous retrouverons pas dans ce bas monde, nous le ferons dans l’au-delà" ».
C’est pour sa franchise, pour les six mois de vie commune, pour sa croyance sans faille, pour son djihad, que l’amour grandissait dans le cœur de cette femme qui a décidé d’endurer l’emprisonnement de son mari, même si sa condamnation était très lourde : quatre perpétuités et vingt ans : « Ma confiance ne s’est pas ébranlée une seconde ; j’étais certaine que les retrouvailles viendraient ».
Quel début et quelle rencontre !
Le chef Abou Djamel confirme qu’il a voulu la libérer ; elle est cependant restée patiente ; elle a choisi ce chemin jusqu’à la fin, une fin heureuse. Le chemin était dur, surtout que depuis plus de huit ans, elle était privée de rendre toute visite à son mari.
On imagine comment le moment des retrouvailles était après vingt-cinq ans de séparation : « L’inquiétude me rongeait ; je contemplais les cars et les visages jusqu’à ce que j’aie vu mon mari. Je lui ai fait des salutations militaires ; il m’a répondu par des salutations militaires ; puis nous nous sommes embrassés. C’est à ce moment que j’ai senti qu’il était libre, et que mon Seigneur nous a bénis en le libérant de prison ».
Pour sa part, Abou Djamel vient de vivre des moments de joie inqualifiables, en touchant la terre de sa patrie, en brisant les chaînes de la captivité, en retrouvant enfin les siens.
Promesse faite aux captifs
Il reste toutefois des chagrins ; durant sa captivité, il a quand même vu partir ses parents, son frère le martyr Mahdi, beaucoup de parents et amis dont, en tête de liste, le cheikh martyr Ahmed Yassine.
Il reste aussi soucieux de la situation des milliers de Palestiniens encore en captivité : « Nous n’aurons de vraie joie et de vrai calme qu’en les voyant parmi nous. Nous ne connaîtrons la quiétude qu’en les voyant libres ».
Finalement, il a ajouté : « Le chemin est prêt pour cette liberté : ce chemin est fait d’enlèvement de soldats et de transactions d’échange ».