samedi 9 avril 2011

Mettre fin à l’occupation et Etablir l’Etat Palestinien, doivent être les Priorités de la Communauté Internationale au Moyen Orient

La diplomatie palestinienne vient d’enregistrer d’importantes avancées qui vont dans le sens du renforcement nécessaire de l’établissement de l’Etat Palestinien sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. En effet, depuis décembre 2010, plus de quatorze pays d’Amérique latine ont reconnu la Palestine, comme « Etat libre et indépendant sur les frontières de 1967 » emboitant le pas du Brésil, de l'Argentine, de la Bolivie, de l'Uruguay, et du Chili. 

Ces prises de position fortes attirent d'autant plus l'attention que les nations latino-américaines ont longtemps fait figure de pays bienveillants aux intérêts israéliens. On comprend dès lors, la fébrilité des autorités israéliennes qui cherchent depuis plusieurs mois, à stopper ces progrès pourtant inévitables avec plus de 120 pays qui reconnaissent la Palestine comme Etat.
Ces dernières avancées couronnent aussi les efforts fournis par les institutions palestiniennes pour concrétiser sur le terrain les bases de l’Etat palestinien à travers le Plan élaboré par le Premier Ministre Salam Fayyad.
Il faut se rappeler que l’État palestinien devait voir le jour en mai 1999 au terme de la période intérimaire prévue par les accords d’Oslo (1993). Mais la politique colonisatrice et les « faits accomplis » israéliens invalidaient sur le terrain la possibilité d’un État palestinien viable et territorialement contigu et cohérent. En effet, le gouvernement israélien poursuit sa politique illégale et meurtrière de colonisation et assiège Gaza depuis de longues années, au mépris du droit international et des résolutions de l'ONU. Aujourd’hui encore malgré les efforts de la communauté internationale, le processus de paix et l’établissement de l’Etat palestinien restent prisonniers de l’attitude intransigeante de l’administration Netanyahu et de la poursuite de la colonisation.
Dans ce contexte d’immobilisme, l’initiative innovatrice du Premier ministre Salam Fayyad, intitulé « Palestine : mettre fin à l’occupation, établir l’État Palestinien », venait à point nommé pour restaurer l’action et la vision. Ce programme stratégique vise à établir des structures étatiques solides pour arriver à la création d’un État palestinien de facto d’ici septembre 2011.
Aujourd’hui, les projets du plan Fayyad longtemps considéré comme utopique sont sur le point de révolutionner la donne au Proche-Orient. Et leur réalisation permet d’ébaucher une issue constructive à l’impasse des négociations qui durent depuis 20 ans. Ce projet innovant vient bouleverser, au même titre que les révoltes arabes, la scène d’un conflit de plus de 62 ans et renverser des rôles historiquement figés : désormais, c’est le camp palestinien qui agit pour imposer des faits positifs sur le terrain qui soient reconnus internationalement.
L’axe fondamental du Plan Fayyad est la construction d’un système économique libre et compétitif « à travers une coopération étroite entre un secteur public compétent, capable et visionnaire, et un secteur privé pionnier, engagé à réaliser la prospérité » du peuple palestinien, dans le but de créer « un environnement qui attire les investissements et jette les fondements pour une croissance durable et un développement qui réduira en fin de compte la dépendance de l’aide extérieure ». Le programme stratégique du gouvernement palestinien prévoit aussi que les institutions (gouvernement, justice) soient réformées, les services (santé, éducation) améliorés et les infrastructures (routes, ports et aéroports) créées malgré les obstacles imposés par l’occupation israélienne.
Plus de 1.500 projets ont ainsi été réalisés, y compris la création de dizaines de nouvelles écoles, des cliniques et des projets d'habitation et la construction de nouvelles routes dans toute la Palestine. De larges espaces non exploités ont été attribués pour la construction de centres habités, de pôles économiques et d’autres infrastructures qui font lourdement défaut dans une Cisjordanie étouffée par l’occupation. Rabawi et la zone industrielle de Bethléem sont deux exemples représentatifs du plan du Premier ministre et des obstacles auxquels il est confronté sur le terrain.
Suite à la dernière évaluation de la Conférence de Paris en février 2011 par le comité spécial établi à cet effet, la communauté internationale a reconnu les réussites du plan Fayyad notamment dans le « renforcement des institutions de l’État dans le cadre du programme du gouvernement palestinien ». Des progrès significatifs ont aussi été constatés « notamment en matière de gestion et de transparence des finances publiques, de gouvernance, d’avancées sociales, de justice et de sécurité ». En outre, les réformes qui ont été réalisées avec succès permettent à l’Autorité Nationale Palestinienne de diminuer de moitié en 2011, par rapport à 2008, sa dépendance vis-à-vis de l’aide budgétaire.
Ce programme stratégique, s’attachant à traduire les idées par des actions matérielles sur le terrain, a ainsi réussi jusqu’ici à donner plus de réalité à ce que le peuple palestinien souhaite voir se produire : la fin de l'occupation israélienne et l’occasion pour les Palestiniens d'être en mesure de vivre libres dans un pays qui est le leur. Afin d’inscrire ce projet alternatif dans la réalité et la réussite, plusieurs conditions doivent être renforcées : une plus grande coordination entre les partis palestiniens, réduire de façon réel les obstacles israéliens à la vie économique et sociale du peuple palestinien, un soutien plus important et plus efficace de la communauté internationale.
Justement le soutien international est aujourd’hui plus que d’actualité. Après les progrès constaté en Amérique Latine, le temps de la reconnaissance d’un État palestinien est venu pour l’Europe et les Etats-Unis. En 2009, Javier Solana, alors haut représentant de l’Union européenne (UE) pour la politique étrangère et la sécurité commune, avait évoqué à deux reprises la nécessité d’une nouvelle approche du conflit pour sortir de l’impasse. Plus récemment, deux ministres européens des Affaires étrangères, le Français Bernard Kouchner et l’Espagnol Miguel Angel Moratinos, avaient déclaré dans un texte commun, intitulé À quand l’État palestinien ?, publié dans Le Monde, le 23 février 2010, que : « L’Europe, comme elle s’y est déjà engagée, reconnaîtrait collectivement l’État palestinien pour que la Palestine devienne enfin un membre à part entière de la communauté des nations, vivant en paix et en sécurité à côté de l’État d’Israël ». Récemment encore une déclaration du nouveau Ministre français des Affaires Etrangères Alain Juppé, reprenait cette idée et reconnaissait la nécessité de la reconnaissance de la Palestine comme un Etat à part entière par l’ensemble de l’Union Européenne. C’est ainsi que la probabilité qu’un État palestinien soit proclamé d’ici septembre 2011 est de plus en plus forte. Pourquoi pas donc un Etat palestinien membre des Nations Unies à l’automne 2011 comme l’avait annoncé le Président Obama ?
Avec les bouleversements que connaissent le Maghreb et le Moyen Orient, la communauté internationale a tout intérêt à garantir aux Palestiniens le soutien qu’ils réclament, avant de nouvelles dégradations de la situation. Au vu de l’implication de la Communauté Internationale en faveur des vagues révolutionnaires dans le monde arabe, il serait inconcevable et anachronique qu’elle n’accorde pas autant d’importance à l’établissement de l’Etat Palestinien comme le réclame en chœur l’ensemble du monde arabe. Dans tous les cas, les palestiniens sont fermement décidés à obtenir des résultats concrets sur le terrain et sur le plan international car le statut-quo n’est plus supportable.
Anas ABDERRAHIM
 

Mercredi 6 Avril 2011

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