samedi 2 avril 2011

La chasse au meurtrier d’Itamar trouble le repos des Palestiniens d’Awarta

02/04/2011
Depuis l'assassinat d'Udi Fogel et de son épouse Ruthy, un couple de colons d'Itamar, ainsi que de trois de leurs enfants dont un bébé, dans le nord de la Cisjordanie, l'armée israélienne campe quasiment à Awarta, à 2 km de l'implantation. Les 7 000 habitants, placés sous couvre-feu pendant cinq jours, puis visés par d'incessantes descentes de l'armée israélienne, se sentent punis pour un assassinat qu'ils n'ont pas commis et qu'ils réprouvent. « Personne ici ne cautionne le meurtre d'enfants, quelles que soient nos opinions politiques, en tant qu'Arabes et musulmans », assure Hassan Awad, le maire de la localité, qui subsiste essentiellement de la collecte des olives.
La dernière incursion de l'armée israélienne, dans la nuit de lundi à mardi derniers, s'est soldée par l'arrestation de 40 personnes. Selon le maire, 80 % des maisons ont été perquisitionnées et 300 personnes arrêtées depuis le 11 mars, tous des hommes ou des garçons. L'armée israélienne a refusé de s'exprimer sur cette enquête, mais un porte-parole, le capitaine Arye Shalicar, a assuré qu'elle ne se concentrait pas exclusivement sur Awarta et n'a pas souhaité répondre aux allégations de brutalités rapportées par les habitants à l'AFP.
Fayçal Abou Qawari, un agriculteur, raconte que sa maison a été fouillée sept fois, montrant des impacts sur le mur, dus à des tirs de balles et de gaz lacrymogènes le premier jour, indique-t-il. « Quatre de mes fils ont été arrêtés et deux sont encore détenus », ajoute-t-il, découvrant sa lèvre supérieure pour montrer deux fausses dents manquantes à la suite de coups reçus des soldats israéliens, selon lui. À l'intérieur, des portes d'armoires arrachées et une machine à laver endommagée témoignent de l'irruption des militaires.
Selon Assaad Abdel Karim Lolah, 70 ans, qui vit à l'extrémité de la localité, en face de la colonie d'Itamar, Awarta a peur, peur des soldats mais aussi des colons en colère venus jeter des pierres sur les maisons le lendemain du meurtre. « Les enfants sont terrorisés par les visages inconnus. Je dois les forcer pour aller à l'école. Beaucoup d'entre eux urinent dans leur lit, tellement ils ont peur », affirme le vieil homme. Une recrudescence des agressions de Palestiniens par des colons a été signalée en Cisjordanie à la suite de la tuerie, attribuée à des Palestiniens, mais dont les auteurs restent mystérieux, en l'absence de toute revendication. Assaad Abdel Karim Lolah, dont quinze parents ont été arrêtés, y compris deux fils, dit avoir désormais pris l'habitude de dormir le jour, en prévision des descentes de l'armée israélienne.
Et les habitants ne voient pas le bout de ces nuits agitées : malgré les centaines d'arrestations, les relevés d'empreintes digitales et de traces ADN, personne n'a encore été accusé d'implication dans l'assassinat de la famille Fogel.
©AFP