jeudi 24 février 2011

Tanna, l’histoire des cabanes en fer-blanc face aux bulldozers de l’occupation israélienne

[ 24/02/2011 - 00:57 ]
Naplouse – CPI
Tanna est une localité située sur les flancs des montagnes de la vallée du Jourdain. Elle se couche sur l’herbe, se réveille en hiver avec les gouttes de pluie, et sous le soleil durant l’été. Pour protéger ses habitants, elle n’a que des cabanes en fer-blanc et de poils d’animaux. Ils s’abritent aussi parfois dans des grottes. Les cinquante familles de Tanna vivent des produits laitiers de leurs animaux et de l’agriculture saisonnière que permet la pluie.
Cette localité calme et pacifique est menacée de confiscation de la part des occupants israéliens.
A quatorze kilomètres à l’est de la ville de Naplouse, se trouve la localité de Tanna. Sa superficie est de 1,8 hectare. Ses habitants travaillent une terre qui ne dépasse 0,4 hectare et font de l’élevage de bovins et de moutons.
Déjà en 1972, les occupants israéliens ont confisqué 1,8 hectare des terrains de la localité, pour tout d’abord installer un camp pour l’armée israélienne, puis pour construire un kibboutz. Enfin, la colonie Makhoura a été bâtie, et elle profite des terres agricoles confisquées.
Et les tribunaux sionistes ne cessent de publier des décisions mettant la main sur les terrains fertiles de la vallée du Jourdain. Les occupants israéliens refusent de rendre aux Palestiniens ces terrains, dans le cas où serait signé un accord pour un Etat palestinien en Cisjordanie.
Cinquième destruction
Le dimanche 20 février 2011, les bulldozers sionistes ont détruit la localité, pour la cinquième fois, dix jours seulement après la quatrième. Au petit matin, les bulldozers ont commencé à démolir les tentes, les domiciles, les quinze bergeries en fer-blanc, sous prétexte que ces terrains sont la propriété de l’occupant.
Deux destructions étaient en 2011 et les trois autres en 2010.
Les bovins visés
Arafat Ibrahim, un habitant de la localité, confirme que les occupants israéliens, les colons en particulier, visent leurs animaux. Ils les tuent ou « les prennent vers leurs camps. Ils ne les rendent qu’en échange de dix dinars jordaniens pour chaque tête. »
« De plus, ils empoisonnent les herbes pour tuer nos animaux. Ils font tout pour que nous quittions nos terres. Mais nous ne l’accepterons jamais. Nous lutterons avec patience et endurance face à l’agression de l’occupant, face aux colons. Nous résisterons en dépit de notre pauvreté, malgré la négligence du gouvernement, bien que nous soyons privés d’une protection juridique. »
Nous y resterons
« L’occupant a démoli ma maison, à trois reprises, ajoute Ibrahim. Voilà que je reçois une nouvelle décision pour une nouvelle démolition. J’en ai reçu à plusieurs reprises. Mais je ne quitterai pas ma terre. Je vis avec ma famille. Je vis ici, avant que l’occupant n’y mette le pied. J’y resterai jusqu’à mon dernier souffle. »
Pour sa part, Hadj Abdou Al-Majid Hassan frappe la terre avec sa cane et dit avec insistance : « Chaque fois qu’ils viennent pour détruire nos maisons, je leur dis : vous démolissez et nous reconstruirons ».
En serrant sa cane avec sa main rayée de veines, il confirme : « Nous ne partirons jamais ; c’est notre terre ; nous possédons des documents prouvant que ce sont nos propriétés, des documents datés de l’époque ottomane. »
Il dit enfin : « Nous avons présenté ces documents au tribunal sioniste, mais l’armée de l’occupation israélienne considère cette localité comme une zone militaire fermée. Toutefois, ces terres de pâturages sont notre seule source de vie. Nous n’y renoncerons en aucun cas. »