lundi 8 mars 2010

Les Palestiniens acceptent, sans illusion, un dialogue indirect avec Israël

08/03/2010
Environ 3 000 manifestants israéliens et palestiniens se sont 
rassemblés samedi soir dans le quartier arabe de Cheikh Jarrah à 
Jérusalem-Est pour dénoncer la colonisation israélienne dans cette 
partie de la ville. Gali TibbonI/AFP
Environ 3 000 manifestants israéliens et palestiniens se sont rassemblés samedi soir dans le quartier arabe de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est pour dénoncer la colonisation israélienne dans cette partie de la ville. Gali TibbonI/AFP
L'État hébreu doute de la détermination US de relancer le processus de paix
« La direction palestinienne a décidé de donner une chance à la suggestion américaine d'aboutir à un accord en conduisant des discussions indirectes avec Israël », a déclaré Yasser Abed Rabbo, secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), lors d'une conférence de presse à Ramallah (Cisjordanie). M. Abed Rabbo a affirmé que ces discussions devraient se focaliser prioritairement sur les frontières finales d'un État palestinien. Il a souligné que la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, rendait impossible des négociations directes avec les Israéliens.
« Même si nous acceptons, nous avons des réserves », a toutefois tempéré Azzam el-Ahmad, le chef de la délégation du Fateh, mouvement dirigé par le président Mahmoud Abbas.
Le feu vert de l'OLP, qui était attendu, ne fait toutefois pas l'unanimité. Deux factions de gauche, le Parti populaire (ex-communiste) et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), membres de l'OLP, s'opposent à ces discussions indirectes, estimant que les conditions de leur succès n'étaient pas réunies. De son côté, le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza mais ne fait pas partie de l'OLP, est farouchement opposé à toute discussion avec Israël. Le Jihad islamique a lui aussi rejeté la décision de l'OLP qu'il a dénoncée comme une « concession », affirmant qu'elle ne « représente pas le peuple palestinien ».
Les pourparlers indirects seront conduits par le biais de navettes de l'envoyé spécial des États-Unis pour le Proche-Orient, George Mitchell, entre Israéliens et Palestiniens. Ces discussions doivent durer quatre mois. Les ministres arabes des Affaires étrangères avaient apporté cette semaine leur soutien aux négociations indirectes pour une durée de quatre mois.
La décision de l'OLP survient au moment où M. Mitchell a commencé samedi une nouvelle navette dans la région et à la veille de l'arrivée du vice-président américain Joe Biden. M. Mitchell a eu hier un entretien de deux heures avec le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu. Ces discussions étaient « bonnes », a indiqué un porte-parole de M. Netanyahu sans plus de précisions. L'émissaire américain doit rencontrer une nouvelle fois M. Netanyahu ce matin avant de se rendre à Ramallah.
Selon un rapport interne du ministère israélien des Affaires étrangères cité hier par le quotidien Haaretz, Israël doute de la détermination américaine de relancer le processus de paix. Ce rapport considère également que Washington a adopté une position favorable aux Palestiniens dans ses contacts préliminaires à l'ouverture de négociations.
Par ailleurs, les ministres européens des Affaires étrangères ont tenté de reprendre la main sur le dossier. Le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, est attendue dans la région dans une semaine et a demandé à se rendre à Gaza, un geste à haute valeur symbolique.