vendredi 1 janvier 2010

Les Marcheurs rejettent la mauvaise offre du gouvernement égyptien

jeudi 31 décembre 2009 - 09h:15

Leïla Shahshahani

De Grenoble à Gaza
27 décembre 2009 - 2 janvier 2010

Par : Leïla Shahshahani (journaliste à Grenoble, spécialisée sur la montagne, et curieuse de tout le reste sur son temps libre).


Les Marcheurs rejettent la mauvaise offre du gouvernement égyptien

Le Caire, 30 décembre 2009

Très tôt ce matin, la rumeur a commencé à circuler de duvet en duvet selon laquelle 100 personnes de la Gaza Freedom March allaient embarquer dans un bud en direction de Rafah, après en avoir reçu l’autorisation de la part des autorités égyptiennes. L’étonnement était d’autant plus grand que personne ici n’était au courant du deal en question.

Dans la matinée, lors d’une réunion collective de notre groupe, nous avons appris que les autorités égyptiennes avaient fait cette proposition hier soir aux coordinateurs de l’ONG Code Pink, à l’origine de l’initiative de la Marche pour Gaza. Ils disposaient d’un temps minime pour contacter les coordinateurs de toutes les autres délégations internationales représentant la Marche et présentes au Caire, censées donner leur réponse quasi immédiatement. Notre groupe de 300 français se voyait généreusement offrir une place dans les bus (logique vu notre faible cote de popularité auprès des autorités égyptiennes). Quant à la délégation des 100 personnes retenues, elle devait renoncer à son nom de Gaza Freedom pour "Code Pink".

Les délégations ont imédiatement répondu négativement à cette offre visant à diviser les Marcheurs et à permettre à Moubarak et son gouvernement de sauver la face en proclamant que participants à la Marche avait obtenu gain de cause ! Les responsables de la Marche vivant sur place à Gaza ont d’ailleurs demandé aux marcheurs de ne pas céder à cette offre, n’ayant que faire d’une énième délégation venant leur rendre visite. L’objectif de la Gaza Freedom March est de demander la levée du blocus imposé aux habitants de Gaza, pas de permettre au gouvernement égyptien de laisser croire à sa "générosité" en autorisant une pincée de Marcheurs à se rendre sur place.

Au petit matin, une quarantaine d’Américains mécontents de la décision prise par leurs coordinateurs sont montés à bord des bus en partance pour décourager les personnes retenues de partir. Sur 100 personnes, 60 environ ont entendu leurs arguments et décidé de descendre du bus. Au final, un bus est parti avec une quarantaine de personnes mais à titre individuel. En effet, l’ONG Code Pink a présenté ses excuse ce matin aux autres délégations internationales, estimant qu’elle avait fait une erreur en acceptant cette offre dans la précipitation. Un de ses représentants a pris la parole lors de notre réunion de ce matin pour nous annoncer que Code Pink avait rejeté l’offre et restait soudée à l’ensemble des participants à la Marche.

Alors que les espoirs d’entrer dans Gaza se sont envolés, vu le peu de temps restant aux Marcheurs, l’envie de poursuivre les actions jusqu’au dernier moment est intacte. Aujourd’hui, un drapeau palestinien a été déployé sur la grande Pyramide de Kheops, et une vingtaine de marcheurs ont couru un "mini marathon" dans les rues du Caire portant tous le T-shirt vert "Palestine Vaincra" (recto, "Boycott Israël" (verso).

D’autres actions sont prévues mais ne peuvent être annoncées à l’avance, afin de ne pas compromettre leur chance de réussite, les Marcheurs étant tous surveillés de près.


La proposition des autorités égyptiennes

Mardi 29 décembre 2009

Mis en ligne par un ami en France :

"Selon plusieurs sources au Caire, Mme Susanne Mubarak, femme du président égyptien Mubarak et responsable du Croissant Rouge égyptien, devrait autoriser demain mercredi le départ de 100 personnes vers Gaza, officiellement pour délivrer une aide humanitaire. Deux bus seraient en effet affrétés par le Croissant Rouge et les 100 personnes seraient issues des différentes délégations présentes parmi les 1400 participants à la Marche pour Gaza actuellement bloqués au Caire. Nous ignorons à cette heure si des personnes du groupe de Leïla pourront/souhaiteront se joindre à ce convoi, et si cette première porte entrouverte est le signe d’une ouverture plus importante pour la Marche. La visite de Benyamin Netanyahu ce mardi au Caire était peut-être un frein pour les autorités égyptiennes. Ce rendez-vous s’étant visiblement déroulé d’une manière cordiale, on pourrait espérer que Hosni Mubarak -ou son épouse, histoire de ne pas perdre totalement la face- puisse débloquer rapidement la situation.

Maj (mercredi 9h30) : Selon un article publié ce matin par Sayed Dhansay, l’un des participants à la Marche, d’origine sud-africaine, les délégations française, suédoise, sud-africaine, canadienne ont refusé d’envoyer des représentants et continuent de réclamer l’accès à Gaza pour la totalité des participants à la Marche pour Gaza (Gaza Freedom March, GFM)."

Quelques sources :

http://lauraontheleftcoast.blogspot...
http://codepink4peace.org/blog/2009...

Par Leïla Shahshahani


Les Egyptiens pour la marche protestent contre leur président

Textos reçus ce 29 décembre à 20h30 de Leïla :

"A 18h ce soir plus de 300 Egyptiens et internationaux se sont rassemblés sur les marches de la Maison de la Presse à l’appel du "comité des libertés", composé notamment de journalistes. Nous nous y sommes rendus à trois pour y représenter les marcheurs français. Pendant une heure et demie, la foule a scandé des slogans lancés par les Egyptiens : "Vive la Palestine, à bas Moubarak", "Non au mur de la honte" (construit par l’Egypte à sa frontière avec la bande de Gaza)", "Boycott Israël", "Notre gouvernement interdit la marche c’est une grande trahison !".

La sénatrice des verts, Alima Boumédienne, présente ce soir, a exprimé le soutien du peuple français aux Palestiniens et demandé qu’Israël soit condammé pour crime de guerre. Nous avons retrouvé un journaliste égyptien qui a campé 24h avec nous et s’est fait arrêté quelques heures par la police hier à cause d’un article publié sur notre action. Un important cordon de policiers encadrait les manifestants sans intervenir, sans doute à cause de la présence de nombreux internationaux et médias. Après cette escapade nous voilà de retour à notre trottoir baptisé Giza strip (le nom du quartier), en référence à la Gaza strip (bande de Gaza)".

Mis en ligne par Cécile Eichinger.

Par Leïla Shahshahani


Le siège des marcheurs pour Gaza tient bon

Appel de Leïla cet après-midi à 16h :

"Nous nous apprêtons à entamer notre 3ème nuit sur le trottoir devant l’ambassade de France au Caire, toujours cernés par des centaines de policiers égyptiens. Hier soir, l’ambassade de France a adopté une ligne plus dure. Plus d’autorisation de brancher nos portables, barrière devant les toilettes interdisant de s’asseoir sur les marches, toujours un seul WC pour tous, tout cela pour raison invoquée de sécurité... La colère des marcheurs a débordé ce matin après que l’ambassade de France ait décidé cette nuit de n’autoriser les toilettes qu’aux personnes munies d’un passeport français ainsi qu’à tous les étrangers solidaires à nos côtés. Une personne avec une carte de séjour française s’est vu refuser l’entrée... Cette goutte d’eau a fait déborder le vase. Après vives protestations, nous avons obtenu l’assurance que quatre toilettes mobiles seront installées sur le trottoir. Une bien maigre victoire par rapport à notre objectif de départ mais indispensable à la poursuite du mouvement.

On nous dit à l’Ambassade qu’on devrait s’estimer heureux que celle-ci interfère auprès des autorités égyptiennes pour qu’elles n’usent pas de violence, c’est le comble ! Nous ne sommes pas venus camper volontairement sur ce trottoir pour y passer nos vacances. Nous y avions rendez-vous avec les bus (rendez-vous officiel le 27 décembre, connu des autorités) qui ne sont jamais venus.

Sommes-nous coupables de vouloir exprimer pacifiquement notre solidarité aux 1,5 millions de Gazaouis asphyxiés et oubliés de la communauté internationale ?

On nous dit aussi à l’ambassade que l’Egypte n’est pas un pays de droit. Dans ce cas, pourquoi la France y a t-elle un ambassadeur ?

Ce matin, nous avons décoré notre périmètre de banderoles pointant la responsabilité d’Israël, de l’Egypte mais aussi la complicité de la France... entre autres.

Nous sommes maintenant rejoints par de plus en plus d’internationaux solidaires. Cet après-midi nous avons obtenu un assouplissement des conditions d’entrée et de sortie sur notre bande de trottoir.

Malgré l’épuisement, notre motivation est plus forte que jamais".

Mis en ligne par Cécile Eichinger.

Par Leïla Shahshahani

30 décembre 2009 - Cet article peut être consulté ici :
http://degrenobleagaza.over-blog.com