vendredi 17 septembre 2010

Clinton ne réussit pas à aplanir le différend sur la colonisation

17/09/2010
Après deux jours de négociations, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a quitté hier Israël et les territoires palestiniens sans avoir réussi à régler le différend sur la colonisation juive en Cisjordanie. De leur côté, tout comme Mme Clinton, l'UE et l'Égypte ont appelé à « une extension du moratoire décidé par Israël ».  
La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a conclu hier deux jours de négociations israélo-palestiniennes sans avoir réglé le différend sur la colonisation juive en Cisjordanie. Mme Clinton, partie en Jordanie après un dernier entretien avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Ramallah, a indiqué « espérer » une prolongation du moratoire sur la construction dans les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, qui s'achève à la fin du mois. L'administration US « travaille dur à faire en sorte que demeure une atmosphère propice à des discussions constructives », a-t-elle ajouté dans un entretien à la chaîne ABC, alors qu'un haut responsable palestinien a affirmé que Washington avait demandé à Israël une prolongation du moratoire de trois mois.
Les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont également appelé à « une extension du moratoire décidé par Israël ». Ils ont jugé « indispensable que les parties s'abstiennent d'actions qui pourraient affecter négativement le cours des négociations », réitérant également leur demande d'un « arrêt complet de toute violence ». Le président égyptien Hosni Moubarak a lui aussi suggéré « d'arrêter la colonisation durant trois ou quatre mois ». « Que représentent trois ou quatre mois en vue de faire avancer les négociations et en vue de parvenir à un accord de paix dans trois ou six mois ? » a-t-il souligné dans un entretien pour la télévision israélienne, jugeant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu « capable de prendre cette décision difficile ».
Hier après-midi à Amman, Mme Clinton a estimé que M. Netanyahu comme M. Abbas « peuvent prendre les décisions difficiles nécessaires pour résoudre tous les (...) problèmes d'ici à un an ». M. Abbas a estimé pour sa part que « la période et les conditions étaient très difficiles ». « Nous savons tous qu'il n'y a pas d'autre choix que la paix par les négociations. Il n'y a d'autre choix pour nous que de poursuivre nos efforts dans ces conditions », a-t-il dit, reconnaissant implicitement l'absence de progrès tangibles. « Si la construction dans les colonies se poursuit, je cesserai les négociations », a averti M. Abbas après que M. Netanyahu lui eut affirmé que la construction allait reprendre, lors d'une rencontre mercredi à Jérusalem en présence de Mme Clinton, selon un haut responsable palestinien qui a requis l'anonymat. Selon ce dernier, M. Abbas a donné la priorité au tracé des frontières tandis que M. Netanyahu souhaitait aborder en priorité les mesures à prendre pour assurer la sécurité d'Israël.
Les « profondes divergences », apparues au cours des discussions à Charm el-Cheikh (Égypte) mardi puis à Jérusalem mercredi, « n'ont pu être comblées » malgré la médiation américaine, a indiqué un autre responsable palestinien sous le couvert de l'anonymat. Selon lui, la proposition américaine de prolonger le moratoire de trois mois viserait à donner le temps aux deux parties de s'entendre sur les frontières, en vue de « cesser la colonisation sur le territoire du futur État palestinien ». Interrogé sur cette idée, le bureau de M. Netanyahu a indiqué ne « faire aucun commentaire sur le contenu des négociations », ajoutant qu'il n'y avait eu « aucun changement sur la position du Premier ministre ». M. Netanyahu a évoqué un juste milieu entre le renouvellement du moratoire, auquel il se refuse, et une reprise illimitée de la construction dans les colonies.
La prochaine rencontre entre les équipes de négociateurs israéliens et palestiniens est prévue la semaine prochaine. La Russie espère être informée du déroulement des négociations, a souligné hier le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.
Parallèlement, l'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, qui a participé aux négociations directes entre Israéliens et Palestiniens, a affirmé hier à Damas où il s'est entretenu avec le président Bachar el-Assad que l'objectif américain restait « une paix globale » dans la région, « incluant la paix entre Israël et la Syrie ».
Enfin, l'armée israélienne a annoncé un bouclage strict de la Cisjordanie pendant 48 heures, à l'occasion de Yom Kippour, le Grand Pardon, la fête la plus importante du judaïsme. L'armée a précisé que des dérogations étaient possibles pour les « personnes ayant besoin de soins médicaux ».