samedi 21 août 2010

Scepticisme autour de la reprise des pourparlers israélo-palestiniens

publié le samedi 21 août 2010
Jean-Louis Pourtet

 
Israéliens et Palestiniens ont donné leur accord à la reprise des pourparlers directs, le 2 septembre à Washington. Le Quartette (Russie, Etats-Unis, Nations unies et Union européenne) a rappelé son souci d’aboutir à un règlement des questions liées aux statuts définitifs. Les experts américains du Proche-0rient émettent des opinions mitigées sur les chances d’aboutir. Mais à la Maison Blanche, le ton est à l’optimisme.
La Secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a annoncé que Benyamin Netanyahu et Mahmoud Abbas ont accepté l’invitation du président Barack Obama, à venir reprendre, le 2 septembre à Washington, leurs pourparlers directs interrompus depuis 2008 [1].
John Brennan, le conseiller à la sécurité, a déclaré que la reprise des pourparlers de paix directs qui vont porter sur l’ensemble de questions de statut final, engendrait « un grand espoir ». Il a aussi souligné que les Etats-Unis vont jouer un rôle important pour faciliter les discussions, afin de parvenir à un accord de paix global.
Nouvelles synergie
Les commentateurs estiment qu’un face à face entre Netanyahu et Abbas, avec pour arbitre Obama, peut créer une nouvelle synergie, mais certains trouvent que le délai d’un an pour parvenir a un resultat est un peu ambitieux. L’ancien négociateur au Proche-Orient, Dennis Ross, souligne que le diner du 1er septembre, à la veille du début des discussions, qui réunira autour du premier ministre israélien et du président palestinien, le président egyptien et le roi de Jordanie ainsi que Tony Blair, représentant du Quartet, a pour objet de créer un climat plus amical.
Aaron Miller, un expert de la région se demande, lui, si Barack Obama ne prend pas trop de risques. Pour éviter une crise, dit-il, il risque d’en créer une autre si les pourparlers achopent sur les délicates questions de Jérusalem et des réfugiés. Pour cet ancien diplomate, le président Obama, en s’engageant dans ce processus, va mériter son prix Nobel.
Persévérance
Hillary Clinton n’a pas caché les difficultés qui restent à surmonter. Elle a encouragé les deux leaders à faire preuve de persévérance. Une qualité dont a su faire preuve l’envoyé spécial des Etats-Unis au Moyen-Orient, George Mitchell, qui n’a cessé de faire la navette entre les deux camps, au cours des 18 derniers mois, pour essayer de relancer le processus. Son succès ne pourra que réjouir l’administration Obama.
Elle souhaitait une reprise des pourparlers directs avant que n’expire, le 26 septembre, le moratoire sur le gel de la construction de nouveaux logements en Cisjordanie. Le moratoire avait été obtenu aux forceps par les Etats-Unis, dans l’espoir de créer un climat de plus grande confiance entre les deux adversaires.

Défiance de l’opinion publique palestinienne

Avec notre correspondant à Ramallah, Karim Lebhour
Les Palestiniens ont accepté l’invitation américaine sans enthousiasme. Plusieurs dirigeants de l’OLP ont fait part de leur scepticisme, au cours d’une longue réunion. Mais ils n’avaient de toute façon guère le choix. La pression des Etats-Unis n’était plus tenable.
Principale déception, les Palestiniens n’obtiennent pas de garanties sur l’arrêt de la colonisation. Le comité de l’OLP a toutefois prévenu que de nouvelles constructions israéliennes seraient de nature à faire dérailler le processus. En revanche, le quartet a fixé une durée d’un an à ces discussions, répondant à une demande palestinienne de ne pas négocier indéfiniment comme ce fut le cas après Oslo.
Le Hamas a déjà condamné ces négociations, estimant qu’elles n’aboutiront à aucun résultat. Une défiance déjà largement partagée par une très large partie de l’opinion et des factions palestiniennes, qui prévoient l’échec de ce nouveau cycle de pourparlers.

Les commentateurs israéliens pensent que ces négociations vont échouer

Avec notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul
La satisfaction est d’autant plus grande en Israël qu’il n’est pas question, c’est ce que l’on souligne dans l’entourage du Premier ministre, de la poursuite du gel de la construction dans les colonies de peuplement et à Jérusalem-Est. Pour les Israéliens, les conditions préalables sont importantes dans cette invitation à reprendre les pourparlers directs avec les Palestiniens. La présidence a publié un communiqué, peu après l’intervention d’Hillary Clinton. Le Premier ministre Benyamin Netanyahu accueille favorablement l’invitation des Etats-Unis à entamer des négociations directes sans conditions préalables.
On précise qu’il a appelé à tenir des négociations directes depuis déjà 18 mois. Israël veut conduire des discussions directes et sérieuses, dit-on. Le ministre de la Défense, Ehud Barak, a lui aussi dit qu’Israël veut la paix avec la sécurité.Les deux parties vont devoir prendre des positions courageuses pour parvenir à un accord.
Parvenir à un accord est un défi difficile mais possible, même si la plupart des commentateurs ici estiment que ces négociations sont vouées à l’échec. Le mois prochain, la période de gel de la colonisation décrété pour dix mois, arrive à terme. Les pressions au sein du Likoud, le parti de M. Netanyahu, devraient être très fortes pour reprendre les mises en chantier, qui n’ont, en réalité, jamais cessées.
Sur le terrain, en Cisjordanie, les colons pourraient reprendre de plus belles les actes de provocations. On se demande quelle sera la réaction de la droite israélienne lorsque les pourparlers aborderont les questions ultrasensibles de Jérusalem, du tracé des frontières et du droit au retour des réfugiés palestiniens.
publié par RFI
ajout de notes : C. Léostic, Afps