jeudi 12 août 2010

Le droit du pirate

publié le mercredi 11 août 2010
Bruno Odent

 
OPINION :

«  L’État d’Israël et l’armée israélienne ont agi conformément au droit international.  »
Auditionné hier par la commission de l’ONU chargée d’enquêter sur la tragédie de la flottille de Gaza, Benyamin Netanyahou a répondu sur un ton qui n’admet pas de réplique. Parmi les militants qui avaient pris place sur les embarcations pour dénoncer le blocus de la bande de territoire, neuf citoyens turcs ont trouvé la mort, massacrés en haute mer par un commando de la marine israélienne. Selon tous les témoignages, les victimes étaient désarmées et les soldats ont vidé sur elles les chargeurs de leurs armes automatiques [1].
L’interception et l’attaque sanglante d’un navire en haute mer correspondent au pied de la lettre du droit international à un acte de piraterie. Pas de quoi troubler le chef d’un gouvernement israélien investi par l’extrême droite, toujours assuré du soutien de Washington et des complaisances de Bruxelles. Il n’hésitait pas à renverser les rôles hier encore, se présentant en victime, plaidant «  la légitime défense  » contre le terrorisme. Et de mettre en cause l’État turc, pourtant l’un de ses rares alliés dans la région, qui aurait dévoilé quelque temps plus tôt ses intentions «  malveillantes  » en tentant, avec le Brésil, de jouer les médiateurs pour éviter l’escalade dans l’affaire du nucléaire iranien.
De quoi, on en convient, abuser de la patience du pirate le mieux intentionné…
[1] le chef d’état major israélien auditionné ce mercredi affirme que ses soldats ont parfaitement agi. Selon l’Afp, le général Ashkenazi justifie les tirs israéliens
publié par l’Humanité
ajout de note : CL, Afps