dimanche 1 août 2010

La palinodie du Caire Pas sérieux du tout !

samedi 31 juillet 2010 - 09h:38
Kharroubi Habib/K. Selim - Le Quotidien d’Oran
Israël enfin gagne sur tous les tableaux. Il a tout obtenu sans rien céder ni promettre.  
La Maison-Blanche veut la reprise de pourparlers directs entre Palestiniens et Israéliens. Tout indique que l’on s’achemine vers cette reprise, même si les Palestiniens n’ont obtenu satisfaction sur aucune des conditions qu’ils ont mises pour leur retour à la table des négociations et que les Israéliens n’ont pas varié d’un iota leur position sur le sujet.
Pour obtenir la reprise des pourparlers directs, Barak Obama et son émissaire pour le Proche-Orient, George Mitchell, ont exercé de fortes pressions sur le président Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne pour les faire renoncer à tout préalable de leur part lui faisant obstacle. C’est pratiquement chose faite, que Mahmoud Abbas a rendue officielle en donnant son accord à des négociations directes avec le gouvernement Benyamin Netanyahu.
Pour donner un semblant de consensus palestino-arabe à sa décision, le chef de l’Autorité palestinienne a requis le feu vert de la Ligue arabe, qui le lui a accordé jeudi passé. Eux-mêmes sous pression américaine sur le sujet, les Etats arabes ont renoncé au semblant d’opposition qu’ils ont affiché quant à une reprise des négociations directes palestino-israéliennes sans l’acceptation par Tel-Aviv du plan de paix arabe global. Pour se couvrir du côté de leurs opinions nationales, ils ont assorti leur feu vert à la volonté de Mahmoud Abbas et de l’Autorité palestinienne d’aller malgré tout à ces négociations directes.
La position ainsi adoptée par la Ligue arabe est d’une hypocrisie consommée. Elle permet en effet aux Etats membres qui l’ont approuvée de ne pas s’attirer les foudres américaines, de ne pas en même temps donner l’impression d’avoir changé de position sous pression de Washington, et d’avoir la latitude d’imputer aux Palestiniens le probable échec des négociations directes en les chargeant de la responsabilité d’avoir voulu celles-ci.
En faisant mine de respecter la volonté des Palestiniens, la Ligue arabe agit avec cynisme. En fait de respect, elle pousse tout simplement ces Palestiniens à la capitulation aux pressions américano-israéliennes. Les Etats arabes savent que Mahmoud Abas et l’Autorité palestinienne vont aller aux négociations directes en position d’extrême faiblesse parce que leur démarche ne fait pas unanimité au sein du peuple palestinien et parce que eux-mêmes ont renoncé à peser sur ces négociations.
En obtenant des Arabes et des Palestiniens leur accord pour la reprise des pourparlers directs sans aucune contrepartie d’Israël, l’allié stratégique des Etats-Unis, Barack Obama a fait coup double. Primo, il peut se prévaloir d’un important succès diplomatique que les démocrates vont valoriser dans leur campagne des élections législatives américaines qui pointent. Secundo, il préserve l’entente israélo-américaine qui a semblé battre de l’aile depuis son entrée à la Maison-Blanche, et se concilie ainsi les puissants lobbys juifs prosionistes de son pays.
Israël enfin gagne sur tous les tableaux. Il a tout obtenu sans rien céder ni promettre. De quoi imposer ce qu’il veut à la table des négociations. Les Arabes (les dirigeants) quant à eux sont fidèles à leur habitude : faire semblant d’être des acteurs agissants, alors qu’ils ne sont que des subissants sans courage ni honneur.
Le Quotidien d’Oran : Analyse

PAS SERIEUX DU TOUT !

par K. Selim
Le « Comité arabe de suivi de l’initiative de paix » n’a pas vraiment rendu service à Mahmoud Abbas en soutenant la reprise des négociations directes et en laissant « au Président palestinien le soin d’évaluer quand les conditions permettront de débuter de telles négociations ». C’est comme donner à un estropié la mission de concourir sur une course de cent mètres ou sur un marathon.
La décision prise jeudi — seule la Syrie semble avoir exprimé de fortes réserves- - n’est pas un soutien au président palestinien, qui est soumis à de grosses pressions occidentales pour reprendre les pseudo-négociations « directes ». Les membres de ce comité n’ont pas l’excuse de l’ignorance. Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Hamad Ben Jassem Al-Thani, qui préside ce comité, a souligné que les négociations directes ou indirectes ne donneront aucun résultat tant que « Netanyahu est là ».
Pourquoi faire mine d’encourager la négociation alors ? « Pour prouver au monde que nous sommes pour la paix ». Le responsable qatari a ajouté qu’une lettre allait être envoyée au président américain Barack Obama, exposant « comment nous voyons tout processus de paix ou de négociation directe » ! La belle affaire, comme si « le monde » (dans la bouche d’un dirigeant arabe, cela veut dire les Etats-Unis) ne savait pas qui veut la paix et qui ne la veut pas !
Que dit M. Amr Moussa ? Qu’il sait que M. Netanyahu n’est pas sérieux, que les Israéliens mènent un jeu politique qui consiste à gagner du temps ? Mais on y va quand même à ces négociations directes pour prouver au monde qu’Israël n’est pas sérieux !
En définitive, ce sont les Arabes qui ne sont pas sérieux ! Ils n’essayent même pas de soutenir Mahmoud Abbas, qui tente de donner des gages à son opinion publique en maintenant des exigences élémentaires pour une reprise des négociations. Ils ne font qu’essayer de plaire aux Etats-Unis, qui sont déjà dans un contexte préélectoral où tous les acteurs font assaut de surenchère prosioniste.
Les Arabes n’ont même pas essayé d’envoyer un message alambiqué - ils sont forts dans ce domaine - qui permettrait à Abbas de continuer d’essayer de résister.
En réalité, ils ont fait un cadeau à Netanyahu, le menteur et l’assassin. Il s’est empressé de le saisir pour demander aux Palestiniens des négociations « directes et franches » et sans « préconditions ». Le dirigeant israélien n’allait tout de même pas rater l’occasion qui lui est donnée !
M. Mahmoud Abbas et ses éternels négociateurs, qui ne sont pas, loin s’en faut, des foudres de guerre, sont en réalité affaiblis par la décision du comité de suivi. Ce dernier n’avait pas le souci de soutenir Mahmoud Abbas, il avait l’obsession de ne pas déplaire à l’administration Obama. Est-il acceptable, même quand on joue au « modéré », que le Comité de suivi arabe devienne un autre instrument de pression sur les Palestiniens ? Jusque-là, ce comité semblait inutile et servait d’habillage pour conférer une légitimité à la démarche de Mahmoud Abbas. Désormais, on se rend compte qu’il est dangereux. Abbas finira bien par aller aux négociations directes qui ne mèneront nulle part. Le Comité de suivi arabe n’aura pas apporté un « plus » dans sa capacité de négocier, bien au contraire.
Oui vraiment, ce n’est pas Netanyahu qui n’est pas sérieux !
Le Quotidien d’Oran : Editorial

31 juillet 2010 - Le Quotidien d’Oran
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