dimanche 1 août 2010

Gaza : grave insuffisance des traitements sous dialyse

samedi 31 juillet 2010 - 06h:50
PCHR Gaza
Ahmed Zourob est l’un des 164 patients qui occupent chaque jour l’unité de dialyse à l’hôpital d’Al-Shifa dans la ville de Gaza. Comme les autres, il est ici parce que ses reins, détériorés par la maladie, ne peuvent pas remplir correctement leur fonction ; comme beaucoup des patients ici, il compte sur le traitement médical qu’il suit à Al-Shifa pour survivre.
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Ahmed Zourob suit le traitement sous dialyse à l’hôpital d’Al-Shifa dans la ville de Gaza. En raison du blocus, son traitement est insatisfaisant et il peut plus obtenir les médicaments dont il a besoin.
Mais l’unité de dialyse d’Al-Shifa’s doit gérer son propre état de détérioration - sous blocus depuis plus de trois années et par conséquent incapable d’assurer les soins nécessaires, ses équipements dans un délabrement perpétuel, et confrontée à une grave pénurie d’électricité. « Nous avons constaté un manque de quasiment 50% des médicaments et des machines dont nous avons besoin pour faire fonctionner cette unité à sa capacité réelle, et ceci à cause de l’occupation israélienne et du bouclage, sans compter les problèmes résultant de la crise en approvisionnement électrique » explique le Dr. Mohammad Shatat, directeur adjoint de l’unité de dialyse d’Al-Shifa, la plus importante unité de ce type dans la bande de Gaza. Les conséquences, dit-il, sont un évident déclin pour la santé et les perspectives de guérison, et même de survie, des patients.
Le traitement sous dialyse n’est pas aisé et sous aucune circonstance. Les patients souffrant de déficience rénale chronique doivent passer jusqu’à quatre heures par séance fixé à une machine de dialyse qui fait circuler leur sang par un système de filtre pour éliminer les toxines, avant de le réinjecter dans leur organisme. Dans des conditions normales, les patients suivent le traitement de dialyse trois fois par semaine et il leur est également demandé de prendre cinq types différents de médicaments, dont des antibiotiques et une combinaison d’hormones et de compléments qui protègent les reins contre d’autres dommages et empêchent un début d’anémie, explique encore le Dr. Shatat.
Pourtant le blocus imposé par Israël a rendu les traitements sous dialyse plus difficiles pour les 300 malades des reins à Al-Shifa, comme pour leurs familles. Avant le blocus, dit le Dr. Shatat, les médicaments nécessaires aux patients était disponibles à la pharmacie de l’hôpital, et ils étaient gratuits pour les malades souffrant de maladies chroniques. Maintenant, comme conséquence directe du siège, la pharmacie de l’hôpital manque de beaucoup des médicaments pourtant essentiels, y compris ceux requis pour les dialysés. Les patients et leurs familles doivent trouver d’autres sources pour ces médicaments, payant directement ces médicaments à des prix artificiellement élevés dans les pharmacies en dehors de l’hôpital, et encore à la condition que ces médicaments-là puissent être trouvés.
L’insuffisance rénale d’Ahmed a été diagnostiqué en 2008, et il est resté sans emploi à peu près depuis ce moment-là. Le blocus a empiré l’état d’Ahmed en l’empêchant à la fois d’avoir accès aux médicaments dont il a besoin à Al-Shifa et à la fois d’avoir les ressources économiques qui lui permettraient d’acheter ses médicaments en dehors de l’hôpital. « Il y a trois mois l’hôpital m’a annoncé que mes médicaments n’étaient plus disponible à la pharmacie de l’hôpital, mais sans travail je n’ai pas les moyens d’acheter moi-même les médicament. Je ne sais pas ce que je peux faire. » Sans possibilité d’obtenir les médicaments prescrits, l’état d’Ahmed s’est sérieusement détérioré ces derniers mois et on lui a récemment diagnostiqué une anémie.
Dans le cadre de sa politique de bouclage, Israël a également refusé l’importation d’équipements médicaux, dont de nouvelles machines de dialyse ainsi que les pièces de rechange nécessaires aux réparations des machines qui ne fonctionnent plus. En raison de moyens insuffisants, le traitement sous dialyse a dû être réduit pour tous les patients, passant de trois séances à seulement deux par semaine, ce qui a des implications graves pour la santé des malades, explique le Dr. Shatat : « Le traitement avec dialyse a pour objectif les reins, aussi il est absolument essentiel pour les patients . Si ceux-ci ne reçoivent pas le traitement requis, les conséquences peuvent être mortelles. » En effet, quatre patients de l’unité de dialyse sont morts en avril 2009, juste après la réduction des traitements.
Le secteur entier de la santé dans la bande de Gaza souffre d’un manque aigu de médicaments et d’équipements médicaux, à cause du blocus israélien. Selon le ministère de la Santé palestinien, 110 types de médicaments et 123 types d’équipements médicaux sont épuisés ou ont cessé de fonctionner dans la bande de Gaza rien que durant les six premiers mois de 2010. On s’attend à ce qu’encore 76 types de médicaments soient épuisés dans les trois mois à venir.
La très difficile situation que l’on rencontre dans l’unité de dialyse d’Al-Shifa à cause des restrictions dans l’entrée des marchandises dans Gaza, est aggravée par les coupures constantes d’électricité, résultat direct de la crise énergétique affectant la bande de Gaza. Pour les 1,5 million de Palestiniens à l’intérieur de la bande de Gaza, les pannes constantes d’électricité sont simplement devenues un fardeau supplémentaires dans la vie quotidienne. Mais dans l’unité de dialyse d’Al-Shifa, les pannes soudaines et fréquentes qui surviennent en plus des coupures régulières d’électricité mettent en grand danger les appareils médicaux mais aussi les vies des patients.
« Quand l’électricité stoppe pendant un cycle de dialyse, » explique le Dr. Shatat, « approximativement 300 millilitres de sang sont en dehors du corps du patient et ne peuvent pas être réinjectés. Nous avons perdu plusieurs machines de dialyse suite aux changements brusques des niveaux de puissance électrique, mais le risque pour la vie des patients est beaucoup plus grand. »
Israël permet juste l’entrée d’assez de carburant pour que la centrale de Gaza puisse fonctionner à 45% de la capacité requise pour répondre correctement à la demande à Gaza. La bande de Gaza dans sa totalité doit supporter à présent des coupures électriques allant jusqu’à douze heures par jour, perturbant tous les aspects de la vie des Palestiniens qui vivent déjà avec toutes les difficultés causées par le blocus israélien.
En conséquence, Al-Shifa dépend de quatre générateurs pour son électricité, mais ils sont anciens et ont constant besoin de réparations. « Les générateurs sont censés être des supports, et ils ne sont pas pérvus pour fonctionner en permanence, » dit le Dr. Shatat. « Maintenant les générateurs sont utilisés pour alimenter toutes les salles de l’hôpital et ils ont donc souvent besoin d’opérations de maintenance. Mais le blocus israélien rend très difficile l’obtention des pièces dont nous avons besoin ; nous avons attendu une année rien que pour des batteries, interdites pour de soit-disant « problèmes de sécurité. »
Dans ces conditions difficiles, un nombre croissant de patients dans Gaza souffrant de blessures et maladies graves sont forcés de chercher un traitement à l’extérieur du territoire assiégé. Mais la route à parcourir pour obtenir les permis nécessaires pour quitter Gaza et se rendre dans les hôpitaux à l’étranger est longue et compliquée. Des centaines de patient - y compris des femmes et des enfant - se voient tous les mois interdire cette possibilité par Israël sous prétexte de « problèmes de sécurité. » Depuis 2007, le Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme a recensé les cas de 67 patients qui sont décédés parce qu’ils ne pouvaient pas suivre le traitement requis à Gaza et que leur avait été refusée l’autorisation de suivre un traitement médical à l’étranger.
6 juillet 2010 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction de l’anglais : Nazem
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